Elle-même ne pensait pas pouvoir s'en sortir aussi bien en reprenant l'écriture. Elle avait profité de ces dernières nuits d'insomnie pour songer à comment traiter la suite de sa saga, oubliant jusqu'à la cause même de son manque de sommeil. Si toutes les idées avaient été claires concernant son histoire, elle ne pensait pas qu'il serait aussi facile de tout poser sur les pages de son traitement de texte, au point de devoir se mettre des alarmes pour savoir exactement quand elle devait s'arrêter pour préparer les repas.
Sayuri avait commencé très tôt ce matin pour écrire et avait eu besoin de sa première alarme pour se rappeler l'heure du petit-déjeuner. Elle n'avait pas voulu laisser son fichier en plan, pourtant elle avait dû se rappeler qu'elle avait des responsabilités vis-à-vis de Katsuki. Cela devait avoir plus d'importance que tout le reste, même si la passion voulait prendre le dessus.
L'hybride n'avait pas posé de questions sur sa bonne humeur causée par sa productivité. Il avait mangé son repas sans un mot, ayant l'air plus reposé qu'à l'ordinaire et elle comprit que les anxiolytiques faisaient finalement leur effet après quelques jours de prise régulière. Une partie d'elle était soulagée qu'il puisse dormir correctement, et une autre était en train de songer à ce qu'elle allait écrire pour la suite de son chapitre.
C'était une sensation qu'elle appréciait particulièrement lorsqu'elle était concentrée sur l'écriture. Elle avait toujours tendance à se perdre entre la réalité et le monde imaginaire de son livre et elle adorait cela. L'écriture était la seule chose pour laquelle elle avait l'impression d'avoir un contrôle total, bien que parfois ses personnages ne cherchent à en faire qu'à leur tête. Certains moments, elle avait l'impression de se battre avec eux pour savoir exactement où ils voulaient la guider, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que c'était justement cette direction-là qui donnait toute sa profondeur au récit. A l'université, tous ses camarades la traitaient de schizophrène à cause de son rapport avec l'écriture, mais elle ne s'en était jamais préoccupé. C'était peut-être vrai, après tout. Elle était convaincue que quelqu'un de complètement sain d'esprit ne pourrait certainement pas être capable d'écrire des romans de fictions.
Elle attendit que Katsuki ne disparaisse après avoir fini son repas pour faire la vaisselle et repartir dans son bureau. Le reste de la matinée fut consacré à l'écriture, une fois de plus et elle noircit les pages de son traitement de texte comme si elle était hantée par quelque chose. Il y eut bien quelques moments de blancs, mais un peu moins d'une demi-heure passée à se balancer sur sa chaise suffit pour la remettre d'aplomb.
La seconde alarme lui rappela l'heure du déjeuner et elle eut légèrement plus de facilité à décrocher, son estomac commençant à se manifester après l'effort intellectuel fourni. Une partie de Sayuri s'étonnait qu'elle puisse avoir aussi faim simplement en écrivant pendant des heures, comme si son cerveau dépensait des centaines et des centaines de calories à la seconde.
Tout en préparant le repas, elle but une tasse de café pour récupérer un peu d'énergie à sa manière et elle était certaine qu'elle s'en servirait une autre tasse juste avant de reprendre l'écriture dans l'après-midi. Elle ne comptait plus le nombre d'heures ou de mots que comptaient déjà sa journée et elle n'avait pas l'intention de le faire. Jusqu'à présent, elle avait toujours insisté pour tenir le compte précis de mots et de pages qu'elle noircissait chaque jour pour se donner l'impression d'être productive, mais elle n'en n'était plus là. L'important était juste d'avancer autant qu'elle le pouvait. Elle ne voulait pas remettre un chapitre ou deux au lendemain sans savoir si elle serait mentalement d'attaque pour écrire à nouveau. Elle devait écrire du moment que les idées fusaient et peu importe le temps qu'elle y passerait.
Katsuki ne dit pas un mot en surgissant à l'heure du déjeuner, comme à son habitude.
— Oh, Katsuki, souffla-t-elle avant de s'asseoir sur son propre tabouret. Je ne sais pas ce que tu comptes faire cet après-midi mais je vais encore passer quelques heures dans mon bureau mais si tu as besoin de quoi que ce soit tu peux venir frapper à la porte quand tu veux !
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Réapprendre à vivre
FanficSuzuki Sayuri a perdu ses parents quelques jours plus tôt dans d'atroces circonstances. Après des jours à se morfondre, elle décide alors qu'il est peut-être temps de recommencer à vivre et en voyant une lettre dans la maison familiale, elle se met...