Chapitre 1

1 0 0
                                    

La Bulle Elfique-de nos jours
Monde parallèle

Je dévala les marches une à une, Chiny à mes trousses. C'était notre jeu préféré. Une sorte de cache-cache, pour la faire courte. La différence c'est que quand l'un était attrapé, s'ensuivait une course poursuite dans les couloirs de la maison. Il n'y avait pas trop de fin.
-Tu m'attraperas pas ! Lui lançais-je
-Ah oui ? Il accéléra, vira de gauche, et d'un coup sec me tira la manche. Je grommelais mon mécontentement et Chiny bomba le torse, rempli de fierté.
-C'est bon ça va, tu ne gagnes pas tout le temps, non plus.
-Peut être, mais toute bataille gagnée doit être célébrée n'est ce pas ?
-Parce que tu appelles ça une célébration ?
-Gnagnagnagna !
J'ouvris la bouche pour demander une revanche quand la sonnerie de la maison retentit.
-Tu paris combien que c'est mon père ?
-Trois charambis ! C'était nos bonbons favoris, des caramels enrobés de crème à la menthe acidulée.
Chiny et moi nous connaissions depuis la petite enfance. On a fait les quatre cents coups ensemble. De jeter des pommes sur les passants dans la rue à essayer les habits de sa mère horriblement moches. Du haut de nos douze ans, on en a fait des bêtises. Nous sommes tout deux enfants uniques mais ensemble, c'est comme si j'étais sa sœur et lui mon frère.
Son père est un homme très très important, ce qui donne lieu à des débats, disons, intéressants. En effet il est un peu le chef de la Bulle Elfique. Tout le monde l'adore bien sûr. Les Elfyens sont des gens qui demandent peu de choses. Mr Tamidorq le leur apporte. Mais vous l'aurez deviné sans doute que Chiny Tamidorq n'est pas de l'avis de tout le monde. « Mon père est exaspérant à un point inimaginable » me dit il souvent. Pour être honnête, j'ignore s'il y a une autre raison. Au final se sont surtout deux personnes au caractères contraires mais contraintes de cohabiter.
Nos mères étaient les meilleures amies du monde mais ma "Mamee" -comme je l'aimais l'appeler- est morte il y a quatre ans. C'est à ce moment précis que Chiny et moi nous sommes rapprochés.
Chiny m'attrape par la manche et me tire de mes pensées. Il se précipita dans le couloir le plus proche, puis pénétra dans un placard à balais digne d'Harry Potter.
-Pourquoi tu- Il plaqua ma main sur ma bouche et me fit signe de me taire. Une voix masculine retentit.
-Les enfants ! II attendit une réponse, puis, constatant le silence, ajouta : Richard est la, Naomie. Chiny doit y aller. Une seconde voix se mit à parler mais je ne comprenais pas un mot de ce qu'elle disait. J'en déduit que c'était Richard, le père de Chiny. Ce dernier décolla sa main de ma bouche et s'apprêta a sortir quand je lui en dissuada, lui intimant de patienter encore un peu. Il se rassit et nous attendîmes.
-Combien mettrons-t-il de temps pour nous trouver tu penses ? Demandais-je
-Je ne sais pas. Me répondît-il. Les voix se rapprochaient et le ton augmentait. Mon cœur commençait à battre, sentant l'adrénaline monter.
-J'en ai marre de passer des heures à les chercher ! Rouspéta une voix.
-Je crois que c'est mon père ! Chuchotais-je.
-Sûrement. Il faisait chaud dans la cabine. Je commençais à trouver le temps long. Les pas se firent plus fort , et mon cœur battait plus vite.
-Tu crois qu'il vont nous punir ? Je dis.
Pas de réponse.
-Eh oh, tu m'écoutes ou pas ?
-Oui.
-Bien ! Je disais tu penses qu'ils vont nous punir ?
Aucune réponse.
-Tu le dis si je te dérange. Lui dis je, piquée au vif. Toujours aucune réponse. Je tournai la tête pour lui faire face et me souvenu qu'on était dans le noir. Je jura.
-Oooh-oh ! Allô la Lune ici la Terre ! Je commençais sérieusement à m'énerver. Soudain, les placards s'ouvrirent et la lumière s'infiltrât dans le petit espace.
-Enfin vous voilà petits chenapans ! Lança mon père. A la lumière du jour, Chiny était blanc comme linge. Ses yeux noirs, perdus dans le vide, étaient comme figés et sa frêle silhouette se balançait, comme hypnotisé.
-Papa, Chiny n'est pas dans son état normal. Dis-je, sentant la tension monter. 
-Sors. M'ordonna-t-il. Je m'exécuta et attendit que mon ami sorte à son tour mais il resta assit. Richard empoigna son épaule et le sortit de force du placard. On l'aida à s'assoir et tentions de comprendre ce qu'il se passait. Nos pères se jetaient des coups d'œils entendus.
-Namie, commença mon père, je pense que qu'il va bien, il est juste dans une sorte de transe. Tout va b-
-Soldats. Le coupa Chiny. Je me précipita à ses côtés et lui empoigna la main. Les larmes commencèrent à monter. Je le secoua de toutes mes forces, le suppliant de me sortir de ce cauchemar éveillé. J'avais peur, peut-être pour la première fois de ma vie. Mon père me prit dans ses bras en me réconfortant. « Ça va aller » me dit il. Je n'y croyais pas.
-La Bulle Elfique. Ajoutait mon meilleur ami dans un soupir. Je ne comprenais rien. Rien du tout.
-Quête. Il me regarda, sursauta et s'évanouit.

•••

J'ouvris les yeux, le cœur battant à tout rompre. Ce fut comme ça toute la nuit. Je revoyais sans cesse le regard de mon ami presque sans vie; Je me redressa et pris une grande respiration. "Il me faudra du courage pour affronter cette journée" me dis-je. Aujourd'hui, papa était de congé. Nous irons sûrement voir Chiny à l'hôpital. Nous ne savions toujours pas ce qu'on s'était passé la veille. J'avais bien quelques idées, mais rien de très aboutit. Après m'être habillée, je descendis dans le salon, cherchant en vain ma brosse. Mes cheveux bouclés me donnaient trop souvent du fil à retordre. Je mettais pas parfois des heures à les dompter. Je mis la main sur un peigne et me dis que faute de mieux ça devait le faire.
Quelques minutes plus tard nous étions, mon père et moi, devant un télémoteur. C'est difficile d'expliquer ce qu'est un télémoteur. J'aime à penser que cette machine peut nous embarquer dans de centaines d'aventures et de voyages tous géniaux. Mais les cents kilomètres de limites freinaient les rêves. Je mis un pied sur la plateforme horizontale et ferma les yeux, attendant que la magie fonctionne. En un cliniquement d'œil nous étions devant le grand hôpital du centre ville. Nous entrâmes dans le bâtiment blanc et le bruit s'intensifia. Mon père me pris la main pour éviter de me perdre. Il s'approcha d'un comptoir et s'adressa à une jeune femme. Brune et grande, j'imagine, elle paraissait au bout du rouleau. Ses habits roses, très roses, contrastait avec la blancheur des murs. Il avança encore un peu et s'adressa à la demoiselle.
-Bonjour, nous cherchons un patient qui vous a été amené hier après-midi.
-Son nom, s'il-vous-plaît ?
-Chiny Tamidorq. Répondis-je. Mon père se retourna et me lança un regard emprint de tristesse.
-Oui. Renchéri-t'il. La jeune femme commença à taper quelques mots sur son ordinateur et, un instant plus tard, nous indiqua la chambre 312 :
-...étage premier. Finit elle. Nous la remercions et nous avançons vers les escalier.
Chiny était encore endormi quand je franchis la porte. Son père travaillait à côté de lui. Il ne fallait pas manquer une seconde travail bien sûr. Je soupira intérieurement. Je m'approcha du lit et m'assoit pour contempler mon ami.
-On dirait qu'il dort. Murmurais-je assez bas pour que personne ne m'entende. Je crois que cette vision de lui je ne l'oublierais jamais. Le teint blafarde, les cheveux emmêlés, aucune trace de sourire si ses lèvres. Je me demande encore comment nous sommes passés de nos jeux de gamins à l'hôpital en à peine une vingtaine d'heures. J'ai l'impression qu'il a grandi de cinq en l'espace d'une seule nuit. Je m'assois sur une chaise bancale et continue de le regarder. Quand monsieur Tamidorq daigne enfin lever les yeux de ses livres, il annonce qu'il nous laisse puisque son fils est entre de très bonnes mains, dit-il.
-Namie, commence mon père, je vais y aller aussi. Tu restes là ?
-Où vas tu ?
-Je-
-Il vient avec moi. Le coupa Richard.
-Oui. Répondit mon père. Je le regardai, suspicieuse.
-Très bien, tu viendras me chercher hein ?
-Bien sur ma puce. Et il sortit de la pièce.

J'ai du m'endormir, puisqu'avant que je ne l'en rende compte, le soleil est déjà haut dans le ciel. Je me redresse sur ma chaise et tout me revient en mémoire. Chiny, l'hôpital. Je m'étire et attrape le livre que j'ai pris. La nuit précédente ne m'a pas apporté beaucoup de soleil, je l'ai passé à me retourner encore et encore plus inquiète que jamais. C'est là que je me rends compte à quel point cet épisode me restera en mémoire. Je suis encore jeune mais je sais des choses que peu sachent. Je ne suis plus concentrée, donc je pose mon livre et me lève pour admirer la vue sur la Bulle. Les immeubles s'élevaient à des kilomètres à la ronde. Ces derniers ont été créés par un architecte très apprécié dans notre monde. Les appartements ressembles à de grandes bulles montées les unes sur les autres. Des parcs remplissent l'espace et donne un côté forêt. Je lève les yeux encore un peu et en ce jour de beau temps, je peux apercevoir la fine pellicule qui nous protège. Striée de bleu et de rose, elle émerveille les uns et est abhorrée des autres. C'est d'ailleurs ce qui nomme notre monde ainsi. Je me retourne et pose pour la énième fois mes yeux sur Chiny. Je m'approche de lui et un sourire ce dessine sur mes lèvres.
Il se réveille.

Namie et la bulle ElfiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant