Drice - D'ombres et de lumières [PARTIE I]

83. Backstage

Grâce à la musique (et à la drogue, peut-être un peu aussi), nous avions passé une superbe fin de concert. Miss Alcatrazz avait fait durer son set presque une demi-heure de plus que l'heure prévue, exhortée par son audience qui ne voulait pas la voir partir.

Drice n'avait pas oublié sa promesse et je ne fus pas obligée de revenir avec le sujet douloureux des pilules. Ce fut lui qui s'en chargea :

- C'est pas tout ça, mais il me semble que tu attendais autre chose de moi qu'un concert sur les hauteurs, n'est-ce pas ?... Si tu as encore une peu de temps, on peut aller chercher le matos ensemble.

Sans trop savoir à quoi m'en tenir, je l'avais suivi jusqu'à l'entrée de la scène.

- Par ici, fit-il en désignant un rideau qui cachait l'entrée de la partie backstage.

- Tu es sûr qu'on peut ? m'inquiétais-je, retrouvant un ton juvénile.

- Jeune fille... Tu es prête à m'acheter pour soixante euros de pilules... mais tu hésites à me suivre dans les coulisses d'un festival pour lequel je t'ai montré tous mes accès ! Il va falloir que tu me fasses un peu plus confiance, Charlie.

Sa remarque venait de faire mouche et je me sentais un peu honteuse. Je baissai la tête et franchis le lourd tissus en feutre noir...

Drice menait la marche. Au bout d'un long couloir obscur et bas de plafond il me fit signe de m'arrêter.

- Si tu veux bien m'attendre ici, j'en ai pour une minute.

Je restai dans l'ombre, évitant les va-et-vient du personnel de maintenance, des journalistes, des manageurs et de l'équipe d'organisation. 

Les secondes me semblèrent des heures et à chaque fois que quelqu'un passait près de moi, je redoutai d'être reconduite vers la sortie. Cependant, il n'en fut rien. Et lorsqu'il revint, Drice me passa amicalement le bras autour du coup tout en m'attirant à l'extérieur.

- Alors, tu as trouvé ? me renseignai-je, hésitante.

Il m'avait lâchée et s'écarta de moi alors que nous ressortions des coulisses.

- Regarde dans ton sac... me suggéra-t-il aves un air facétieux.

Je plongeai les doits au fond de ma besace et y sentis un sachet plastique qui devait être rempli de cachets. Drice avait dû prétexter une notre accolade pour glisser le pax dans la première poche qu'il avait trouvé. Ainsi personne n'aurait rien pu remarquer.

- M... Merci, balbutiai-je simplement.

- Mais de rien.

Une fois dehors, je voulu chercher de l'argent pour payer mon achat mais il retint mon geste.

- Ce n'est pas le moment. On verra ça plus tard...

A cet instant mon téléphone se mis à sonner. Un coup d'œil porté à l'écran m'indiqua que Jon avait déjà essayé de me joindre plusieurs fois.

- Merde... Je l'avais complètement oublié ! marmonnai-je...

Et, devant le visage interrogatif de mon compagnon j'expliquai :

- Je devais retrouver Jon devant l'entrée principale il y a presque une demi-heure !

- Ah. Tu veux que je te raccompagne ? proposa-t-il. C'est un peu de ma faute si tu n'as pas entendu ses appels...

Drice me dirigea à travers la foule et les stands commerciaux, comme s'il connaissait les lieux par cœur. 

Je me rendis compte que, si j'avais dû parcourir tout ce chemin seule, je me serais vraisemblablement perdue.