Chapitre 27

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Un grand éclat de rire avait retenti lorsqu'elle s'était retournée. Isidore barbotait dans l'eau et frappait la surface pour arroser autour de lui. Il s'était retourné vers eux et, l'espace d'un instant, Jeanne aurait juré qu'il ne les avait pas reconnu.

— Salut ! avait-il crié en agitant la main.

Il avait regardé sa main, confus, l'avait secouée et avait éclaté de rire.

— Elle est toute molle ! s'était-il esclaffé.

— Isidore, avait tenté Jeanne. Est-ce que tu peux aller voir si le puits est dans le lac ?

— Non.

— Non ?

— Non. T'as qu'à y aller toi, avait-il ajouté sur un ton enfantin.

Jeanne avait soupiré. Isidore avait eu beau fanfaronner sur ses capacités à mieux gérer les effets de la drogue, il n'aurait pu nier qu'il était à présent complètement à côté de la plaque. Elle osait à peine imaginer ce que ça aurait été si ç'avait été elle ou Marlon dans le lac. Quoique peut-être auraient-ils été immunisés. Après tout, ils l'avaient déjà avalée par inadvertance, et sous sa forme la plus pure. Elle regrettait de n'y avoir pas pensé avant. Peut-être se seraient-ils épargné le spectacle d'Isidore qui avait désormais découvert qu'il pouvait faire gicler l'eau tout autour de lui en frappant la surface de l'eau du plat de la main.

Quand de l'eau avait volé jusqu'à la berge sur laquelle ils se tenaient, Isidore s'était amusé de leurs expressions mécontentes et s'était mis à essayer de les arroser plus abondamment. Pour éviter tout contact avec l'eau mortelle, ils avaient dû se reculer assez pour être hors de sa portée, ce qui avait résulté en une incapacité à communiquer clairement avec lui et il s'était mis à bouder. Marlon avait soupiré.

— On dirait Gonzague quand il s'apprête à faire un caprice...

Le regard de Jeanne s'était illuminé.

— C'est ça !

Elle avait répété les paroles de Marlon, et Isidore avait aussitôt troqué son expression boudeuse contre une mine exaspérée.

— Si vous me comparez encore une fois à Gonzague, je vous parle plus !

Puis, ses yeux s'étaient écarquillés comme s'il venait d'avoir une brillante idée et il avait plongé sous l'eau avec un grand sourire.

Des bulles étaient remontées au début, puis la surface était redevenue aussi lisse qu'avant qu'Isidore ne vienne l'agiter. C'était Marlon qui s'était inquiété le premier.

— Pourquoi il ne remonte plus ? Vous le voyez ?

Jeanne avait fait signe que non, et au bout de deux minutes, elle s'était autorisée à s'inquiéter vraiment.

— Ton livre, Jeanne. Fait quelque chose !

Elle avait ouvert les pages vivement et avait à peine posé la pointe de son crayon sur le papier, réfléchissant à comment faire remonter un Duc drogué à la surface d'un lac étrange, quand Marlon l'avait arrêtée dans un soupir soulagé.

— C'est bon, il est là.

Elle avait relevé la tête. Isidore nageait paisiblement dans leur direction. Ils s'étaient rapprochés du bord, espérant qu'il ne lui viendrait plus à l'idée de les arroser.

— Qu'est-ce que tu fiches ? l'avait grondé Jeanne, qui commençait à en avoir marre d'attendre.

— J'ai entendu une voix qui m'appelait au fond du lac.

Le Chat de Monsieur SauneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant