Les jumelles Isabelle et Patricia O'Sulivan passent la dernière quinzaine du mois d'août chez leurs amies Mary et Sylvia Smith. Assises toutes les quatre sous le grand cèdre, elles boivent de la limonade bien fraîche après une partie de tennis animée.
Isabelle et Patricia se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Seuls leurs parents et leur amies intimes savent les distinguer l'une de l'autre.Elles ont toutes deux des cheveux châtains et ondulés, des yeux bleus, un sourire joyeux, et un léger accent irlandais trés plaisant à l'oreille.
Mais, à cet instant, Pat fronce les sourcils. Elle attrape sa raquette et donne un grand coup sur le gazon.
- Quel dommage que nous n'allions pas toutes les quatre au même collège ! Depuis des années, nous ne sommes pas quittées et voilà que nous allons être séparées. On ne se verra plus que pendant les vacances.
- Nous étions si heureuse à l'école Tennyson ! Renchérit Isabelle. C'est trop bête qu'on n'y garde les élèves qje jusqu'à quatorze ans. Je m'y plaisais tant ! Dire que nous étions les plus grandes l'année dernière, Pat et moi, et que maintenant nous serons dans la division la plus basse... Charmante perspective ! Ce collège Saint-Clair où nous devons aller paraît très ennuyeux, si j'en juge d'après les règlements.
- J'aurais tant voulu que vous veniez au collège Shelley avec nous ! Ajouta Sylvia. C'est un étabissement très chic ! Nous aurons une chambre et un petit bureau rien que pour nous. Et puis, il paraît que la cuisine est délicieuse.
- Nous, à Saint-Clair, nous coucherons dans un horrible dortoir avec six ou huit autres filles, dit Pat d'une voix indignée.
- Je ne sais pas pourquoi maman tient à nous envoyer là-bas, reprend Isa. Enfin, j'espère que ce n'est pas encore tout à fait décidé. Demain, dès que nous serons de retour à la maison, nous insisterons pour qu'elle nous inscrive pour vous donnez des nouvelles.
- Croisons les doigts ! S'ecrie Mary. Je vous plaindrais beaucoup si vous étiez obligées d'aller dans un collége qui vous déplaît ! Saint-Clair ! Pourquoi s'appelle-t-il ainsi ?
- Il a pris le nom de la petite ville voisine, explique Pat.
- Vos parents changeront peut-être d'avis, dit Sylvia. Venez, faisons encore un match de tennis avant le goûter !
Toutes se lèvent d'un bond. Isabelle a gagné un championnat à l'école Tennyson et n'en est pas peu fière. Pat, elle aussi, est une bonne joueuse.
- Il paraît qu'on joue surtout au hockey sur gazon à Saint-Clair, déclare Pat d'une voix lugubre. C'est un sport stupide. Encore un inconveniant à faire remarquer à maman.
Les jumelles rassemblent tous les arguments qu'elles présenteront à leurs parents. Le lendemain, dans le train, elles les passent en revue, et le soir, dès que le dîner est terminé, elles lancent leur offensive. Pat, la plus hardie des deux, prend la parole:
- Maman et papa, commence-t-elle, nous avons bien réfléchi, Isabelle et moi, et nous demandons de ne pas nous envoyer à Saint-Clair. Tout le monde dit que c'est un collège horrible.
Leur mère se met à rire. Surpris, leur père pose son journal.
- Ne dis pas te bêtises ! Repond Mme O'Sullivan. Vous y serez très bien.
- Votre décision est donc définitive ? Questionne Isabelle.
- Mais oui, réplique ma mère. Nous pensons, votre père et moi, que Saint-Clair réuniy toutes les conditions pour une bonne scolarité. Jusqu'à présent, vous êtes allées dans un établissement de luxe; vous devez apprendre à vivre plus simplement. Là-bas, on vous mettra dans la tête des idées raisonnables. Je connais la directrice, elle est très sympathique.
- Des idées raisonnables ? Gemit Pat. Je déteste les choses raisonnables... elles n'ont jamais rien de palpitant. S'il te plaît, maman, envoie-nous au collège Shelley avec Mary et Silvia !
- Hors de question ! Rispote Mme O'Sullivan. C'est un pensionnat snob et je ne veux pas qu'on vous apprenne à mépriser tout le monde.
- Nous te promettons de ne jamais devenir arrongantes ! Tente Isa tout en ordonnant, d'un froncement de sourcils, à sa soeur jumelle de se taire.
Mais ce n'est pas en s'emportement que Pat obtiendra quoi ce soit de son père...
- Maman, sois gentille, continue-t-elle. Inscris-nous au collège Shelley pendant un trimestre ou deux. Si nous commençons à y prendre de grands grands airs, tu nous désinscriras. Essaie, je t'en prie. À Saint-Clair, on nous obligera à jouer au hockey. Je déteste ça !
Mr O'Sulivan tapote la table avec son index.
- Apprendre un nouveau sport ne te fera pas de mal, Isa, afirme-t-il. Vous avez bien besoin que vous mette au pas toutes les deux. L'année dernière, vous êtes devenues vaniteuses et suffisantes. Dans jn nouveau milieu, vous vous arperceverez vite que vous n'êtes pas des êtres supérieurs. Ce sera très bon pour vous.
Les jumelles rougissent. Elles sont irritées, blessées, prêtes à pleurer. Leurs mère a pitié d'elles.
- Votre père nr veut pas vous faire de peine, dit-elle, mais il a raison, mes chéries. Vous avez été très heureuses au cours Tennyson. Vous faisiez tout ce que vous vouliez, vous étiez les "grandes" et vous commandie les autres. À Saint-Clair, vous serez en première année et, dans les classes supérieures, il y aura des élèves de dix-sept et dix-huit ans. Nous allons voir comment vous vous comporterez.
Pat prend son air boudeur. Le menton d'Isa tremble.
- Nous ne serons pas heureuses, nous ne ppurrons pas bien travailler.
- Allons donc ! Dans huit jours vous serez comme des poissons dans l'eau, rétorque leur père. N'en parlons plus. Notre dedécision est irrévocable. D'ailleurs, vos places sont déjà retenues. J'espère que vous travaillerez bien et que vous ferez honneur.
Mme O'Sullivan se replonge dans son journal. La question est réglée. Les jumelles sortent dans le jardin. Quand elles sont à l'abri des regards, derrière un épais rideau d'ifs, elles se jettent sur l'herbe. Des larmes brillent dans les yeux d'Isabelle.
- Je n'aurais jamais cru que papa et maman pouvaient être si durs. Jamais !
- Nous devrions pourtant avoir voix au chapitre, renchérit Pat, furieuse, en plantant un morceau de bois dans le sol. Je ne veux pas aller à Saint-Clair !
- Pourtant, il le faut bien, soupire Isabelle. Mais je le déteste d'avance, ce collège !
- Moi aussi. Et je le ferrai savoir. Je ne veux pas que ces filles de dix-huit ans nous prennent pour des bébés et nous imposent leurs volontés. Ce n'est pas vrai que nous sommes arrogantes. Bien sûr, nous savons que nous réussissons dans toutes les matières, que nous sommes jolies et pleines d'esprit....
- Si papa t'entendait, il n'aurait pas tort de te traiter de vaniteuse. Il ne faudra pas nous vanter quand nous serons à Saint-Clair.
- Au contraire ! S'ecrit Pat. Il faut que les autres élèves sachent qui nous sommes capables ! Nous éblouirons les professeurs. On verra que les jumelles O'Sullivan ne sont pas les premières venues. Tu m'aideras à le prouver, Isa.
Isa hoche la tête.
- Je ferais ce que tu voudras, promet-t-elle. Saint-Clair ne se doute pas de ce qui l'atttend.
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Les jumelles à Saint-Clair
RandomPat et Isa font leur rentrée dans un nouveau collège. Elles qui s'amusaient tant à la pension Tennyson, où les élèves ne s'intéressaient qu'à la mode et jouer les starlettes, stricte du pensionnat Saint-Clair. Qu'à cela ne tienne, les jumelles sont...