Chapitre 1 (suite) : Nouvel Oeil.
Il entrait dans la fourmilière. D'un côté, des élèves. De l'autre, des élèves. Certains allaient vers la sortie. D'autres groupes se dirigeaient vers des bâtiments, éclairés par les rayons crépusculaire des dernières heures du soleil. Mais ceux qui intéressaient Keiji, au milieu de toute cette foule d’adolescents, étaient les athlètes. Pas n’importe lesquels, en particulier, les élèves avec une taille démesurément grande. Et surtout, ceux qui portent le sac du club d’Aoba Josei sur les épaules : les volleyeurs.
Au cœur de la cour, Akaashi s’immobilisa et balaya cette dernière du regard. Au loin, quatre jeunes hommes, plus grands que les autres, marchaient dans une ambiance bon enfant. Même si cela pouvait paraître un peu louche qu’un adulte suive quatre adolescents, Keiji emprunta le même chemin qu’eux. Très vite, au fils des pas, il repéra le rigolo du groupe. Un, plus que les autres, se demarquait du groupe de lycéens. Il n’était pas particulièrement grand, comparé à ses amis, mais il semblait amuser la galerie, par des remarques pertinentes, véridiques (semblait-il) et cinglantes. En entendant son nom, Akaashi comprit très vite pourquoi il lui apparut singulier. Oikawa lui avait bien dit que son neveu était aussi à Aoba Josei, et qu’il était plus que ravi qu’il soit entraîné par “Iwa-chan”.
Le gymnase se dessinait enfin sous l’aube rose orangé, et son image, bavarde en souvenir, envahit Keiji de nostalgie. Il inspira grandement… puis souffla longuement… Un sourire niaisement mélancolique naquit sur son visage, d’une manière que Bokuto aurait certainement qualifié d’adorable. Plus il avançait, plus l'effervescence de ses années en tant que passeur frétillait dans son cœur. Arrivé devant la porte de la salle, l'odeur de la bombe de froid lui agita les narines, si bien qu'il en huma une immense bouffée. Les yeux pétillants, Keiji entra, le cœur en guimauve, tant il fut submergé par ces sentiments mélancoliques. Rapidement, il repéra le filet. Et son esprit, revivant quelques entraînements lointains, décela avec peine la silhouette de Kotaro dans les airs, le bras armé, prêt à smasher de toute sa puissance. Keiji crut que son cœur allait bondir !"Hey ! Comment ça va, mon pote ?"
Keiji sursauta de surprise. Encore perdu dans ses pensée, il ne s'attendait pas percevoir la voix d'Hajime. Non, mais en revanche, sourire sous un : "Hey ! Hey ! Hey !" si… Papillonnant des paupières, il lui répondit d’une rapide salutation et s’avança également jusqu’à son ami préparateur physique.
"Je ne m'attendais pas à te voir ici, renchérit Hajime. Qu'est-ce qui t'amène ?
— Ces derniers temps, je suis du genre nostalgique.
— Donc ? Tu vas essayer de me faire croire que t'es là seulement pour te rappeler le bon vieux temps ?"
Le ton suspicieux, et le sourcil relevé de Hajime, arracha un ricanement à Keiji. Bien sûr que non, il n'était pas là pour se rappeler du bon vieux temps. Et ce, malgré le bien que ce rappel lui eut fait. Toutefois, Keiji était prêt à avancer. Il devait ce sortir de cette situation neutre et provoquer une discussion avec son homme. Seul, il n'y arrivait pas, mais Hajime était ce nouvel œil qui l'en sortirait.
"Non, non, rigola donc Keiji. Je suis là parce que j'ai besoin du conseil avisé d'un expert, et d'un vieil ami.
— Tooru avait donc vu juste, soupira Iwa, en secouant la tête. Il avait prévu que tu viendrais me voir… Il n'est pas croyable. Bientôt, il me sortira les numéros de la prochaine loterie."Une heure plus tard, les deux amis étaient chacun assis sur un fauteuil, de part et d’autre de la table basse ; sur laquelle était présentée des gâteaux apéritifs. Tout deux tenaient une bouteille de bière en main, qu’il buvait au fil de leur conversation. Keiji n’arrêtait pas de poser des questions sur le nouveau travail de son ancien confrère. Est-ce qu’il s’y plaisait ? Qu’est-ce qu’il trouvait d’intéressant ? La reprise des études avait-elle été compliquée ? Pourquoi avait-il changé de métier ?
— Pour le rejoindre en Argentine, rétorqua l’ancien champion, sans hésitation, après une goulée de bière qu’il avala avec précipitation. Et lui être utile. Je prends aussi des cours d’espagnol, pour être totalement prêt à m’intégrer dans un nouveau pays.
— Donc, tu comptes le rejoindre en Argentine ?
— Oui, il me manque beaucoup trop, avoua Hajime, les joues rouges. Mais ne lui dit rien, je veux que ça reste une surprise…
— Bien sûr !
Hajime se livra suite à cela, sur des aveux que Oikawa n’avait jamais douté. Keiji écoutait avec la plus grande attention. Aussi étonnant que cela pouvait paraître, il semblait redécouvrir que chaque histoire avait son lot d'épisodes idylliques et fastidieux. Il s’en sentit soulagé, et termina sa bière sans même qu’il en prenne conscience. Il la posa sur la table basse, empoigna des gâteaux apéritifs et en dégusta quelques-uns, tout en écoutant Hajime parler de son couple avec passion. Jusqu’à ce que ce dernier ne s’arrête et se lève prendre deux autres bières dans le réfrigérateur.
― Alors, je t’écoute. Pourquoi as-tu besoin de moi ? Demanda Iwa, en s’affalant sur les coussins de son canapé.
D’un seul coup, Keiji crut son corps se ramollir sous les doutes et le manque de son amoureux auprès de lui.
― Je suis dans une impasse, expira-t-il pesamment.
― Mais encore ? lui sourit le préparateur physique, l’incitant à poursuivre.
― Ça fait trois semaines que j’essaie d’avoir une discussion avec Kotaro, mais ça n'aboutit à rien.
― Comment tu t’y prends ?
― J’appelle Kuroo, puisqu’il ne répond pas à mes appels.
― Et j’imagine que le vieux coq te balance une excuse à chaque appel ?
― Exactement, soupira Keiji. Avant-hier, je l’ai coupé avant qu’il ne le fasse.
― Je vois… Pourquoi tu veux lui parler au juste ?
Keiji ouvrit grand les yeux, cela lui paraissait tellement évident que cette question le prit au dépourvu. Il but une gorgée de la bière fraîche, que Hajime venait de lui décapsuler. Le liquide malté était un peu amer sur ses papilles, en résonance avec l’immonde saveur de l’absence de Kotaro dans sa vie. Son esprit divagua sur la dispute, la nuit délicieuse, le réveil affable et la douloureuse sensation qui lui broie le coeur chaque fois qu’il se souvient que Kotaro ne fait pas parti de son quotidien.
― Pourquoi je veux lui parler ? répéta-t-il d'une voix lointaine. C’est simple... Aussi simple que tu me répondrais : ‘Je veux juste l’entendre.’ si je t’avais retourné la question. Parce qu’en effet, c’est ça… Sa voix me manque atrocement, pire qu’avant. Même si c’est pour me dire qu’il ne veut pas me parler, je voudrais l’entendre. Je veux être avec lui. Plus que tout. Je n’ai jamais aimé que lui, mais pire que tout, je ne veux aimer que lui. Personne d’autre.
Iwa lui adressa un regard avec une étincelle malicieuse dans les yeux.
― Mais encore ?
Keiji émit un petit ricanement.
― Je ne veux qu’il n’aime que moi.
Il y eut un petit silence, durant lequel les deux amis ne se quittèrent des yeux. Toutefois, ce silence exprimait on ne peut plus clairement leur affection pour leur amant respectif. Il allait bien au-delà des mots, et leurs regards étaient la preuve même de ce qu’ils ressentaient pour leurs amoureux : un amour inconditionnel. Tous deux avaient trouvé leur âme-soeur, et cela, ils n'en eurent pas l’ombre d’un soupçon.
― Bien maintenant que tout est clair, en quoi puis-je te venir en aide ? Demanda Iwa, après s’être redressé pour lui tapoter l’épaule.
― Comment fais-tu lorsque vous vous disputez avec Tooru ? Je me souviens d’une fois où c’était vraiment tendu entre vous. Comment t’as réussi à ce qu’il retombe dans tes bras ?
De nouveau à sa place, Iwa s'enquit d'une énorme goulée d’alcool. Une expression nostalgique peignit sa frimousse, à l’évocation de ce temps.
― Je suis sûr que Tooru t’as raconté tous les détails, ricana-t-il.
Keiji s’empourpra, manquant de s’étouffer par la même occasion.
― Euh… oui… mais je parlais pas de ce moment, marmonna le journaliste.
― J’ai refait notre première rencontre…
― Je vois… et après ?
― On a parlé sincèrement. Et ensuite, dit-il après avoir bu à nouveau, on s’est retrouvé.
Keiji crut entendre cette phrase quelque part. Après une petite réflexion, il s'en souvint. Lors de son passage chez ses parents, avec le poulet citron. Son paternel avait rétorqué la même phrase.Le repas terminé, Keiji rentra chez lui, non sans un stratagème qui germait dans son esprit. Il trouva le sommeil difficilement, tant il avait hâte de le mettre en place.
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Noce d'Argent
FanfictionQuand Akaashi est appelé pour remplacer un collègue malade, il ne se doutait pas que cette interview gacherait tout ses efforts, pour l'oublier... C'était terminé entre eux. Mais il semblerait que le coeur de l'ancien passeur emprunte à nouveau un...