OtherWorld - 1. Et cognoscetis veritatem

Chapitre 5 (partie 1)

Kris

Attentif au moindre bruit et au moindre mouvement, Kris se glissa dans le couloir jouxtant la chambre de Sayana. Le panneau indiquant la sortie de secours éclairait faiblement, mais suffisamment le corridor. Il pria pour qu'il n'y ait pas de détecteur de mouvement qui fasse s'allumer les néons d'un coup, révélant ainsi sa présence. Après avoir prudemment parcouru quelques mètres, il se mit à examiner les petits écriteaux fixés aux portes. Il ne savait pas trop ce qu'il cherchait, mais vu l'heure, il avait quand même un peu de temps devant lui. Il dépassa plusieurs autres chambres et une salle d'eau. Il arriva alors devant la cinquième porte depuis laquelle filtrait un rai de lumière vive. La plaque métallique indiquait "administratif - infirmerie". Le jeune garçon perçut la présence de quelqu'un dans la pièce. Ce devait surement être le fameux Sam, celui qui s'occupait de Saya.

Kris n'aurait vraiment pas su expliquer comment il arrivait à percevoir la présence des gens autour de lui. Tout ce qu'il savait, c'est que ce n'était pas une manifestation de son stana. Il supposait qu'à force d'excursions dans la forêt et de promenades dans des lieux prohibés, le jeune garçon avait beaucoup développé ses cinq sens, si bien qu'il pouvait presque déterminer la position exacte d'une personne sur une dizaine de mètres à la ronde rien qu'en entendant son souffle ou les frottements de ses semelles sur le sol.

En observant la porte, Kris réfréna son envie de faire irruption dans le bureau pour faire subir un interrogatoire au pauvre médecin, mais il doutait de sortir réellement indemne de la confrontation. Il avait beau savoir se battre, ici, tout le monde était formé à ces arts. Et comme il ne possédait pas de stana, la balance risquait de ne pas pencher en sa faveur.

Pourtant, il était certain qu'il pourrait trouver des informations dans ce bureau.

C'était un vrai dilemme.

Mais finalement, le sahel décida d'aller d'abord explorer les autres pièces. Il reviendrait s'il ne trouvait rien ailleurs.

La plus proche donnait sur un laboratoire d'analyse. Il y aurait sans nul doute des informations intéressantes à glaner ici aussi.

Contre toute attente, la serrure n'était pas verrouillée. Pourtant Kris était certain de ne percevoir aucune présence à l'intérieur. Ils avaient sûrement dû oublier de la verrouiller en quittant le laboratoire dans la journée.

Tant mieux pour lui, il n'aurait pas à crocheter la serrure.

Je suis persuadé que la porte va grincer, comme dans toute bonne scène d'action qui se respecte... Et après, je vais me faire repérer et je vais finalement m'attirer ces ennuis dont Saya veut toujours m'écarter, songea le garçon, ricanant intérieurement de la situation dans laquelle il se trouvait.

Heureusement pour lui, la poignée pivota sans un bruit et les gonds restèrent silencieux.

Les paillasses où s'alignaient tubes à essai et beshers en verres parfaitement rangés ressemblaient en tous points à celles dans les labos de chimie de l'école. Une odeur de produits chimiques flottait dans l'air. Au fond de la salle, des tables en bois étaient recouvertes de paperasse, il se dirigea vers l'une d'entre elles.

Bon, j'espère qu'ils ont laissé quelques notes sur leurs recherches en cours à portée de main.

Pas facile de s'y retrouver, car rien n'était organisé. Certains dossiers datés de plusieurs mois en arrière contenaient des infos sur les résultats tout à fait normaux des prises de sang réalisées à ce moment pour quelques élèves. D'autres chemises, plus récentes, relataient de visites à l'infirmerie et des traitements appliqués. Mais rien qui ne concerne Sayana ou qui paraisse déviant.