Je dépassais les sanitaires sans remords et montais quatre à quatre les escaliers menant au toit. Je n'étais pas loin du terrain de sport, mais temps qu'à faire, autant aller au plus court et au plus rapide. Surtout que je savais que je pouvais de nouveau voler puisque j'avais profité de la nuit claire et douce pour passer par la fenêtre du dortoir. Je n'avais pas volé bien loin ni bien longtemps, mais le but était simplement de vérifier qu'aucune douleur ne subsistait et que mes ailes avaient correctement guéri.
Avec ce que m'avait raconté le Docteur Kumar, je m'étais reconstitué la scène dans ma tête. M'imaginer chuter me foutait des frissons. Cependant, dès que j'y pensais, j'observais systématiquement les faits comme un témoin extérieur, et jamais comme en étant la victime. C'était vraiment bizarre.
Sans une once d'hésitation, j'ai pris appui sur l'acrotère pour me propulser dans les airs. Cette fois-ci, je fis bien attention à ne pas y aller trop fort histoire de ne pas refaire la même bêtise idiote que la dernière fois.
Un instant plus tard, je foulais la pelouse verdoyante longeant le terrain de sport. Elora était adossée au mur que j'affectionnais tant. Celui où je venais passer mes pauses déjeuner quand je voulais être seule.
— Je ne pensais pas que tu viendrais si tôt, me dit-elle en me prenant dans ses bras. Tu vas bien, tu as l'air inquiète ?
— C'est à toi que je devrais poser la question, répondis-je. Qu'est ce qui t'a pris de disparaître comme ça ce midi ? Tu m'en veux pour quelque chose ?
Comme d'habitude, Elora n'osa pas me regarder en face.
— Excuse-moi, mais je devais voir des choses importantes avec Kris.
— Kris ? Mais que vient-il faire dans cette histoire ? m'exclamais-je
— Tu n'as toujours pas envie de me voir répondit soudainement l'intéressé.
Je ne l'avais pas entendu approcher. Il se tenait debout sur le muret, à l'endroit même où je me trouvais lorsque je l'avais aperçue pour la première fois. Une lueur de malice brillait dans ses yeux bleu glacier et il affichait ce petit sourire satisfait qui le caractérisait.
Je l'ai croisé deux fois, comment puis-je dire que je reconnais son expression de visage ?
— Ça cogite là-dedans on dirait, rigola le sahel en penchant la tête.
— Bon, intervint Elora. On a des choses à faire, ou plutôt à voir...
Je les observais tour à tour, silencieuse. Je comprenais mieux cette étrange manière de me faire parvenir le message, ce devait être l'idée de Kris. Et ça expliquait aussi le style d'écriture que je n'avais pas reconnu.
— Une minute ! Comment ça se fait que vous vous connaissiez tous les deux ? demandais-je, surprise de ne m'en rendre compte que maintenant.
Elora baissa immédiatement le regard et se rapprocha de moi. Ce fut Kris qui prit la parole.
— C'est une simple coïncidence. Ou alors, on peut aussi se dire que c'est un signe du destin, au choix, annonça-t-il, rieur.
— Nous nous sommes rencontrés cette semaine alors que nous cherchions tous les deux des informations concernant ton accident, expliqua plus clairement Elora. Et c'est justement ce dont on doit te parler aujourd'hui. Peux-tu me dire exactement ce dont tu te souviens ?
Il n'y avait qu'un mot pour répondre à cette question.
— Rien
— Tu es sûre?
— Le noir total concernant mes souvenirs, mais par contre, le professeur Kumar m'a dit que...
— Stop ! Sors-toi cette idée de la tête, m' interrompit Kris. Tout ce que ce gars t'a dit est faux. Enfin, presque...
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OtherWorld - 1. Et cognoscetis veritatem
FantasyL'OtherWorld est en guerre depuis plusieurs dizaines d'années. Les enfants ayant perdu leurs parents sont envoyés dans un orphelinat où ils peuvent étudier jusqu'à leurs 16 ans. Sayana n'a aucun souvenir d'avant son arrivée à l'établissement alors...