Chapitre 7 (partie 1)

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Sayana

Je mis ma main en visière pour me protéger du soleil. À première vue, rien d'anormal dehors. Comme convenu avec Kris, je pris la direction du Sud Ouest. Je ne me souvenais même plus ce que j'étais sensé chercher, mais ça n'avait pas d'importance puisque je n'allais pas arriver jusque là.

Un bruit sur ma droite me fit sursauter. Ce n'était qu'une simulation après tout, je n'allais pas finir à nouveau à l'infirmerie et faire face à la disparition de mon stana une nouvelle fois.

Une ombre s'approcha de moi par-derrière, mais je l'avais senti arriver. Sentir était le bon mot puisque c'était la puissante odeur de terre fraîchement retournée que dégageait le golem qui m'avait averti de sa présence. Je ne savais pas si c'était des poupées de boue qui m'avaient mise à l'épreuve la première fois, mais si c'était le cas j'étais vraiment une brêle d'avoir perdu contre ces choses. Un deuxième, puis un troisième pantin rejoignirent leur congénère. Le premier se jeta sur moi, mais je l'esquivais aisément.

Ces golems-ci étaient sûrement l'œuvre d'Elora. En tant qu'elfe, elle avait une connexion particulière avec la nature et les quatre éléments que sont l'eau, l'air, le feu et la terre. Mon amie était particulièrement douée, - même si elle ne se l'avouait pas - , et pouvait contrôler un peu chacun d'entre eux, avec une prédilection pour la terre et l'eau. La plupart des elfes n'avaient pas un stana suffisamment puissant et ne réussissaient à en maîtriser qu'un ou deux.

Se battre contre un golem n'était pas forcément évident, puisque contrairement à nous, ceux-ci ne ressentaient aucune douleur ni aucune fatigue. Mais on avait quand même plusieurs solutions. La première était de débusquer l'elfe à leur origine. Selon son niveau de capacité, ce dernier pouvait se trouver plus ou moins loin d'eux, mais il ne devait quand même pas être trop à l'écart pour pouvoir les contrôler.

Il était également possible de jouer la carte de l'endurance. Esquiver et rendre les coups jusqu'à ce que l'elfe créateur atteigne ses propres limites de concentration et d'effort et que les golems se délitent d'eux-mêmes. Mais c'était souvent tellement long, qu'on ne choisissait jamais cette méthode de combat.

Enfin la dernière option, - celle que nous privilégions à l'entraînement - , c'était de trouver les points faibles de ces hommes de terre, ce qui permettait ensuite de les détruire d'un coup bien placé. Le problème, c'est qu'il fallait les trouver ces points faibles.

Je portais un crochet droit à celui plus proche de moi et balançais mon pied en me servant de mon élan. Qu'est-ce qui pouvait bien m'avoir poussé à fuir lors de l'évaluation?

C'est là que je le vis dans un coin de mon champ de vision.

L'éclat argenté d'une lame bien aiguisée.

Dans les mains de ces golems maladroits, ce n'était pas si effrayant. Mais la montée d'adrénaline à la vue du couteau suffit à me vriller le crâne et les images se mélangèrent devant mes yeux. La tête entre les mains, je me recroquevillais au sol.

Je me souvenais maintenant.

Finalement le subterfuge de Kris et Elora avait fonctionné.

La grotte, les vers luisants, le combat inégal, le dôme miroitant avant ma chute. Et ensuite?

Mon réveil à l'infirmerie, douleurs, visite d'Elora puis de Kris.

Et la conversation, celle que je n'étais pas censé avoir entendue.

"De toute façon, elle ne se souviendra pas de ce qu'elle aura entendu".

Ce n'était pas à cause du choc que ma mémoire avait été altérée, ils m'avaient forcé à oublier.

OtherWorld - 1. Et cognoscetis veritatemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant