Newt et Thomas. Thomas et Newt. Ils avaient toujours été comme deux côtés d'une même pièce. Deux corps, mais une âme partagée. Des âmes sœurs, si l'on veut. Inséparables, toujours l'un avec l'autre, fusionnels comme peuvent l'être deux personnes qui s'aiment – sûrement plus que de raison. Ils avaient grandi ensemble, leurs personnalités liées par les expériences partagées. Ils étaient deux garçons quand ils s'étaient connus ; ils s'étaient rapidement aimés, comme si tout était évident. Les années passant, ils devinrent plus proches encore. Ensemble, ils avaient vécu tant de choses. Ils étaient restés ensemble au travers du bon et du moins bon, riant ensemble dans la joie et partageant des larmes dans la douleur. Comme un cœur que l'on partage, il vivait en unisson. Tous deux avaient pensé rester ensemble pour toujours. Qu'ils avaient trouvé leur personne.
Et pourtant il fut un jour où ce qu'ils s'étaient construits se mit à trembler. Ce furent les fondations, d'abord, mais comme tout était solide, ce ne fut qu'une légère secousse. Ils n'eurent pas besoin de beaucoup pour réparer les dégâts éventuels. Mais au fur et à mesure que le temps passait, les secousses se firent plus nombreuses – et plus proches également. Alors, les murs aussi se mirent à trembler tant et si bien, qu'un jour, ce fut leur monde tout entier qui menaçait de s'effondrer.
Ils avaient essayé de retenir les briques, de recoller les morceaux, de boucher les trous... Mais un jour, les secousses se changèrent en tremblement de terre, et tout se brisa. Des petits bouts ici et là, d'abord, et puis, à force de parler et de comprendre, il y eut comme un ouragan qui emporta tout sur son passage.
Le vent s'était levé, et ils avaient essayé de s'en protéger derrière leur amour, mais le vent s'était changé en ouragan et malgré eux, leur mur s'effondra. Il emporta tout avec lui – les souvenirs, les habitudes, les projets. De leur monde rien qu'à eux, il ne leur restait que des débris poussiéreux aux creux des mains.
Ils tentèrent de tout reconstruire, de repartir de zéro, mais les fissures étaient trop grandes pour être comblées. Les fondations étaient trop affaiblies, et rien ne put tenir. D'un commun accord, ils baissèrent les bras. Pourquoi se torturer alors que tout était bien trop brisé pour être sauvé ? Cela ne les protégea malheureusement pas de la douleur atroce de devoir laisser derrière une histoire aussi ancrée dans leur personne.
Que c'était dur, et douloureux, de se séparer d'une part de soi. Ils avaient tant partagé qu'il semblait que l'un sans l'autre, ils ne savaient plus tellement qui ils étaient vraiment. Bien sûr, ils n'étaient pas la même personne. Ils étaient même devenus radicalement différents, ce qui était surprenant considérant qu'ils avaient été pendant si longtemps la copie de l'un l'autre. Mais ils avaient grandi, d'adolescents ils étaient devenus hommes, et ils étaient forcé de constater que peu de choses les réunissaient aujourd'hui. Ils avaient les souvenirs, ils avaient l'amour – mais parfois, ça n'était pas suffisant. Ils n'avaient plus les mêmes attentes, les mêmes envies. Alors ça ne pouvait pas marcher, peu importe avec quelle vigueur ils tentaient de forcer le sort.
Ça ne rendit pas la chose plus facile, au contraire. Car ils s'aimaient encore mais l'évidence était que leur couple n'était plus possible. A trop vouloir forcer, ils ne feraient que blesser l'autre. Alors, mettant de côté le bordel innommable de leur esprit, ils se dirent au revoir. Pas tout à fait adieu, ça faisait encore trop mal et ils n'étaient pas encore tout à fait prêt à tout laisser sans un regard en arrière. Ils laisseraient le temps s'en charger – d'abord, ils se donneraient celui de guérir, de passer à autre chose, les adieux se feront alors en douceur sans même qu'ils ne s'en rendent compte.
Et un jour, ils se rendront compte que la pensée de l'autre ne pique plus autant qu'avant. Qu'au contraire, les souvenirs ancrés au fond d'eux sont plutôt teintés de nostalgie ; qu'ils peuvent aimer à nouveau, même si ce n'est plus l'un l'autre. Que d'autres mondes les attendent, prêt à être construits, puis à se briser parfois mais pas toujours. Et sans jamais s'oublier, ils seront alors reconnaissants d'avoir arrêté de tenter de sauver ce qui était perdu d'avance. Peut-être que leurs chemins se recroiseront un jour ou l'autre, sans trop de surprises dans un monde aussi petit que celui dans lequel nous vivons, mais ils savaient et sauront toujours que cela ne serait que temporaire – ils se croiseront dans un rayon de supermarché, dans une rue en buvant un café, sans forcément se voir. Ils ne se quitteront jamais vraiment – en tout cas, il restera toujours cette trace indélébile chez chacun d'eux comme une cicatrice renfermant des tas d'histoires.
Et elle se fera plus discrète les années passant, jusqu'à presque disparaitre, mais même sans la voir, elle restera là, au fond d'eux – et elle se montrera sous la forme d'un sourire doux amer quand la pensée soudaine de leur monde disparu leur traversera l'esprit sans trop savoir pourquoi.
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To Build a Home [NEWTMAS]
FanfictionIl existe une infinité de mondes - autant qu'il existe de gens qui s'aiment. Mais parfois, tout s'effondre, tout se casse, et on ne peut plus rien sauver si ce n'est nous-même.