Chapitre 8 (partie 2)

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Kris

Assis à l'écart de son groupe, Kris observait avec envie ses camarades s'entrainer à la manipulation de leur stana. Il avait encore passé sa matinée à prendre part à des tests qui permettaient — supposément — de déterminer la nature de ses aptitudes. Mais c'était sans étonnement, qu'ils avaient encore échoué à prouver quoi que ce soit. Ce qui le peinait le plus, c'était le regard des adultes et leurs commentaires lorsque l'un d'eux s'exclamait: "De toute façon, il a déjà quinze ans, c'est trop tard pour lui." Oui, et alors?!" avait-il envie de rétorquer. "Ce n'est pas impossible que mon stana se manifeste tardivement!". Pourtant, il n'en avait jamais eu le courage, préférant se taire et se plier avec espoir aux exercices de détection hebdomadaires avec d'autres enfants plus jeunes que lui. Mais plus les jours passaient, plus il sombrait dans le désespoir.

C'est quatorze ans la limite, pas quinze, et encore moins seize...

D'énervement, le jeune garçon envoya valser la pierre qu'il tenait dans la main, cependant, ça n'arrangea pas son humeur.

Merde! Il faut que je la retrouve, c'était celle pour le bracelet d'Elora celle-là.

Soudain, ses cheveux se hérissèrent sur sa nuque. Tous ses sens en alerte, il scruta les sous-bois.

— Je vais pisser, m'attendez pas pour rentrer quand vous aurez terminé les gars! grogna Kris à ses compagnons sans quitter la forêt des yeux.

Ils semblèrent l'avoir entendu puisque l'un d'entre eux l'avisa d'un "ouais, ouais, comme d'hab!" avant de s'en retourner à son occupation.

Kris ramassa la pierre qu'il avait balancée quelques minutes auparavant, et, après s'être assuré qu'il était hors de portée de voix des garçons de sa classe, chuchota aux taillis:

— Mais qu'est ce que vous foutez là? Vous êtes folles?

— Ah, je t'avais bien dit qu'il nous avait vues! affirma une voix s'élevant des buissons.

Les branches remuèrent lorsque deux jeunes filles en émergèrent. Passé la surprise d'avoir découvert Elora et Sayana dans la zone nord, Kris retrouva son éternel sourire espiègle. Il ne put s'empêcher de rire en voyant la toli tenter de démêler les feuilles prisonnières de ses longs cheveux dorés.

— Bon, que me vaut l'honneur de vos visites chères demoiselles? Vous venez acclamer mes progrès dans la maîtrise de mon stana inexistant?

— Tu ne nous avais pas dit que tes potes avaient développé les leurs! intervint Elora en éludant les propos du sahel.

— Je n'ai jamais dit le contraire non plus à ce que je sache... Vous ne m'avez jamais posé la question... Pourquoi? ajouta-t-il.

Ce fut Sayana qui lui fournit la réponse.

— Nous pensions que la zone nord regroupait les jeunes n'ayant pas encore développé leurs aptitudes.

— Et non! Je suis unique en mon genre!

Le ton se voulait sarcastique, mais le constat ne fit que raviver les idées noires du jeune garçon. Malgré sa volonté de ne rien laisser paraître, les deux filles ne furent pas dupées par son sourire crispé.

— Euh, du coup, j'avais des choses importantes à vous dire à tous les deux, déclara Sayana pour briser le silence pesant qui venait de s'installer.

Il fallut un moment à Kris pour reprendre pied dans la réalité.

— Un instant, Saya...

Le Sahel haussa la voix avant de continuer:

OtherWorld - 1. Et cognoscetis veritatemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant