Je m'appelle Misuka.
Où peut-être que je m'appelais Misuka.
Je ne sais plus. Où alors je ne sais pas.
J'ère dans le noir depuis bien trop longtemps.
Je voudrais voir mais je ne vois que noir.
Je voudrais toucher mais je suis oppressée par cette obscurité visqueuse qui ne veut se dissoudre.
Je voudrais sentir mais je ne sens aucune odeur. Même pas la mienne.
Serais-je morte ?? On me le répète souvent.
Qui me le répète au fait ???
Je ne vois personne, si c'est cela la mort alors je m'en serai bien passé...
Mais pire que cet éternel vide où alors de cet éternelle obscurité autour de moi, il y a l'absence.
L'absence de tout autre chose. Je ne suis même pas sûr d'être quelque part. Ais-je une corp ? Il me semble. Je le sens mais je ne puis le bouger.
La tristesse. IL est mort.
Comment s'appelait-il déjà ?
Qui va me le dire maintenant ??Il s'appelait Hyou...Hyouka il me semble. Oui c'est ça.
Il était particulier pour moi il me semble. Où peut-être pas.
Il m'aime je crois. Non, il m'aimait.
A ce moment-là, j'ai l'impression que...est-ce une impression ? Je n'ai plus d'impression depuis bien trop longtemps. Bref, j'ai l'impression qu'une pluie torrentielle s'abat dans ma tête. Où dans mon esprit. Je ne sais pas.
Il est mort emportant tout avec lui. Non, c'est l'inverse. JE suis morte en emportant tout avec moi.
Il s'est suicidé je crois. Non, c'est une des seules choses dont je suis sûre. Ça se passa un soir d'été où les étoiles brillaient de milles feux et où les comètes semblaient prêtes à nous tomber dessus. Pourtant, il pleuvait. J'étais morte depuis quelques mois il me semble. Où alors disparut depuis quelques mois. Je ne sais pas.
Il avait sauté.
Du haut de la plus haute tour de mon ancienne demeure. Je revois, non j'imagine, non je revois bien que je ne l'eusse jamais vu, son corps désarticulé gisant, tel un oisillon qui aurait voulu voler trop vite. Il s'est brisé les ailes.
A cause de moi.
Depuis, inconsciemment, je le cherche dans ces ténèbres mais d'un côté, je ne veux pas le trouver. Que diras-t-il ?? Pourrions-nous seulement parler ? Pourrions-nous seulement nous rencontrer ?? Pourra-t-il me conter la façon dont je suis morte ? Pourra-t-il me dire si je suis vraiment morte ? M'en veut-il ??
Je revois son visage à travers mes pensées...
Du moins j'essaie de le revoir. Me sera-t-il possible de ré entrevoir un son jour son visage ? Entièrement ? Les échos de son histoire sont arrivés à moi petit bout par petit bout et cela m'a semblé une éternité avant de pouvoir assembler les pièces. Seulement, est-ce la vérité ?
Mais derrière cela, il y a tout autre chose, qui m'empêche d'entrevoir l'idée d'avancer dans la mort.
LE DOUTE.
Serais-je un jour tranquille...
Le doute m'envahit dès que j'entrevois une parole. Suis-je morte ? Ai-je bien fait de les abandonner ? Qui sont ceux que j'ai abandonnée ? S'appelait-il vraiment Hyouka ? Son histoire est-elle vraie ? Ais-je un corps ? Un esprit ? Puis-je avancer ? Puis-je voir Hyouka ?
Les doutes sont la partie intégrale de...je ne sais même pas où je suis...Les doutes sont-ils la partie intégrale de ma vie ? De ma mort ? De mon esprit ? De mon corps ? De tout ça à la fois je pense.
Et maintenant, voilà encore plus longtemps que je suis « là ». Mais cette fois, je suis portée par un courant. Un courant noir et violent. Mais soudain, quelques décennies après certainement, tout s'arrêta. Le courant cessa et mes doutes s'envolèrent. Car je les vis.
Des milliers et des milliers de silhouettes gracieuses et blanches naviguaient, comme moi.
Avaient-ils vécu la même chose que moi ?? Peu importe . Au fait, à quoi je ressemblais ?
Et puis au milieu de toute cette blancheur, une silhouette violette se dessina. Je puis enfin le voir.
Puis je me vis. Où alors il me vit mais mon image se refléta sur ses iris et je pus me voir.
Mais alors j'étais aussi un garçon ?? Étrange, j'étais persuadé d'être une fille...Mais du coup, comment je m'appelais ??
Et puis il répondit à ma question. Il m'appela.
« - Ryu ? Je m'appelle donc Ryu...non, Ryunusuke !
-Hyouka...Bonjour.
-Salut. Il fait beau hein ! M'aimait-il seulement du coup ??
-Tu penses ? »
Il se pencha vers moi et m'embrassa. Il m'aime encore. Je pleure. Du moins s'il m'en a possible. Il m'embrassa longtemps. Plusieurs centaines d'années. Puis tout s'arrêta à nouveau. Sa silhouette se dématérialisa, les autres aussi. Ainsi que la mienne C'était là ma dernière sensation. Ses lèvres et sa protection. Sa confiance face au fait de ne pas être comme les autres, de m'aimer moi un garçon. Je ne considère pas ça comme une différence mais seulement comme une façon de prendre un autre chemin que celui qui nous est tracé. Du courage pur et simple. Mais tout le monde ne le voit pas comme ça.
Adieu. Où au revoir. Finalement, je ne sais toujours pas.