Dreams

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Léna rapprocha l'oreiller de son visage et y étouffa un cri de rage. Face à Luc elle ne contrôlait plus rien. Le sol lui paraissait s'écrouler sous ses pieds. Elle aurait voulu le regarder droit dans les yeux et lui dire ce qu'elle pensait de son comportement outrageusement égoïste. Elle considérait avoir été manipulée et personne n'avait le droit de la manipuler. Elle se l'était jurée à l'âge de sept ans lorsqu'elle avait compris que sa mère l'utiliser pour obtenir les faveurs de son époux.

Ou peut être se sentait elle insignifiante, tout comme elle l'avait toujours été aux yeux de ses proches.
S'il ne l'avait pas reconnue tout ceci aurait été logique. Mais ce n'était pas le cas. Il savait très bien qui elle était et avait consciemment choisi de maintenir une distance entre eux.

Il lui fallait un plan pour la réunion qui allait prendre place en leurs locaux dès le matin suivant. Il était hors de question qu'elle le laisse la traiter de la sorte.

Et cette nuit là, dans la pénombre de sa chambre, sans même avoir remarqué l'absence de son compagnon, Léna s'endormit d'épuisement.

Cette nuit là, ses rêves furent troublés.

Elle ne sentait pas en sécurité. Il faisait sombre et elle avait froid. Un bras l'entouré solidement, une main était posée sur sa bouche et une voix familière la suppliait de ne pas pleurer. Cette voix, elle la connaissait. Il s'agissait de celle d'Annie. Sa jeune gouvernante avait la voix qui tremblait alors qu'elle essayait de maîtriser la jeune enfant. Mais Léna avait peur et Annie n'y pouvait rien.

Elle avait l'impression d'avoir été assise dans cet endroit exigu depuis des heures déjà. À l'extérieur des voix se firent entendre, puis des cris résonnèrent avant qu'une explosion mette fin à l'agitation ambiante.

La main d'Annie se décolla de sa bouche pour ouvrir précipitamment la porte qui se trouvait devant elles, puis entraîna Léna dans les escaliers. Léna ne sentait plus le sol sous ses pieds. Sa gouvernante le transportait aussi vite que possible. Elle ne pouvait suivre plus le mouvement. Ses jambes étaient trop courtes et elles étaient engourdies par les longs instants d'enfermement qu'elle venait de subir.

Annie lui répétait frénétiquement de ne pas regarder autour d'elle. Obéissante, Léna se concentra sur un point fixe à l'extérieur. Elle fixa de toutes ses forces la camionnette garée devant la grille. Elle fixa aussi fort qu'elle pu le véhicule blanc sur lequel était dessiné une licorne sur un nuage.

À la vue de cette licorne, Léna se réveilla en sueurs. Elle regarda autour d'elle. Le loft était calme et serein. Pierre n'était toujours pas rentré. Elle se leva et se posa devant l'immense baie vitrée du salon. La vision nocturne de Central Park l'apaisa immédiatement. Elle avait toujours eu besoin d'un peu de verdure autour d'elle. Elle avait besoin de savoir que le cycle de la vie continuait son cours même lorsque son monde à elle semblait ne plus tourner rond. Quelque part dans ce parc l'éco système était devenu son équilibre.

Elle se retourna, aperçut un verre de vin rouge posait sur la table basse. Pierre était donc passé par là. Elle le porta à sa bouche et termina le contenu avant de le déposer dans la cuisine et d'aller se recoucher.

Annie l'a fit monter dans la camionnette en lui répétant que tout irait bien ; qu'elle n'avait rien à craindre ; qu'elle ne l'abandonnerait pas.

Léna vit par la fenêtre la grande maison bourgeoise s'éloigner. Elle ne reconnaissait pas cet endroit. Ce n'était pas chez elle et ce n'était non plus chez Annie. Soudainement la silhouette d'un jeune garçon apparut à la grille. Il cria son nom et essaya de passer par les barreaux de l'épais portail avant d'être rattrapé par un homme se tenant derrière lui.

Paris, NY and loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant