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Malgré la perte d'un amour profond, le destin semble porter ses fruits et alors qu'elle s'y attendait le moins, la voilà confrontée à un amour vénéneux. Peut-être est-ce là une façon d'interpréter le deuil ..? Ou plutôt de tenir une promesse difficile.

J'y repensais. Plutôt souvent même depuis que nous étions rentrés de Memoria. Nos corps étaient si proches et je pouvais en sentir la chaleur contre ma poitrine, mais pourtant, je n'avais eu le courage de lui dire quoi que ce soit. Après réflexion, je me sentais presque honteuse d'avoir pu partager cela avec lui : que pensait-il de moi désormais. J'éméttais plusieurs jugements sur ma propre personne, mais l'heure n'était pas dédiée à tout cela, je me devais de me concentrer sur ces parchemins sur lesquels j'avais décidé de me pencher en revenant de mission - de quoi me détendre après une soirée pareille. Mais pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'y repenser. Après tout, j'ai pu profiter d'un moment avec Lance et je regrettais presque de ne pas avoir eu ce courage de lui avouer. Toutefois, le soleil qui perçait les vitres de la bibliothèque dans laquelle j'étais installée m'éclaira le visage d'une lueur orangée, indiquant que la nuit tombait, je crois que j'avais passé plus de temps que prévu à étudier et penser. Rangeant mes parchemins dans mon sac, je me suis empressée de quitter la bibliothèque, fermant derrière moi avant de dévaler les escaliers pour rejoindre le corridor. La nuit au QG était plutôt calme, en vérité personne ne s'aventurait véritablement dehors en ces temps ci, il n'y avait pas de quelconque menace et même si les gardes de nuit étaient aux aguets, ils ne prêtaient pas grande attention aux membres du QG couche tard. D'ailleurs, certains sortaient la nuit par nécessité, que ce soit des vampires ou encore des loups - garous - ou toute créature nocturne en vérité. En tant qu'elfe je n'avais pas spécialement le besoin vital de me ressourcer la nuit, du moins tout dépendait de la lune. Cette lune me faisait d'ailleurs revenir en tête des souvenirs, des souvenirs plutôt heureux en vérité - ces soirées que je passais avec Valkyon lorsqu'il était encore là, mais je les voyais sous une autre vision...

Non ça n'était pas Valkyon, c'était Lance.

Lance qui lui souriait avec ce même air qu'avait son jeune frère. Les yeux larmoyants, je me secouais frénétiquement la tête pour chasser cette pensée. Comment pouvais-je tomber amoureuse d'un homme qui m'avait pris Valkyon ? Mais en même temps, peut-être que c'était une façon de le pardonner finalement.

Valkyon, Lance. A la fois, Valkyon me manquait terriblement et le deuil était dur mais la présence de Lance me le rappelait et je me sentais comme bien auprès de lui. Et cette scène à Memoria, cette mission, j'ai réellement cru que quelque chose s'était passé entre nous mais..

─ Calia' ?

Tirée de mes songes, je fus interpellée par une voix familière qui me fit sursauter. Qui pouvait venir me voir en pleine nuit ? Cette chevelure d'albâtre, ce parfum à la senteur aromatique, du romarin précisément mais avec une touche de lavande, ces oreilles blanches et cette voix modulée. Koori.

Son air éternellement confiant, un fin sourire que nul ne saurait défier, même en pleine nuit la prestance de la kitsune me faisait frissonner, me rappelant ma rencontre avec elle qui fut des plus intrigantes en vérité. Sa voix assurée attendait comme une réponse, ses paupières mi fermées laissant entrevoir ses iris azur me défiait du regard alors qu'après un moment d'absence je m'exprimais :

─ Désolée, tu m'as fait peur. Comment vas-tu Koori ?

─ Comme toujours. Je me demandais qui arpentait les couloirs tardivement, j'aurais cru à Karenn.

Elle semblait presque déçue de me voir, m'enfin, c'était son air habituel, je n'y prêtais pas trop attention. En vérité, je ne prêtais attention à rien du tout et mes pensées me submergeaient de nouveau, pendant un court instant me voilà rêvassant, perdue dans ce monde onirique qui me faisait voir cette silhouette que je n'osais croire être la sienne. Je repassais ce moment ensemble dans ce bain, ce bain où nous nous étions rapprochés et où quelque chose, quelque chose s'était passé entre nous mais, est-ce seulement le même avis de son point de vue ? " Calia... ", "Calia..." ; j'entendais sa voix m'appeler, une voix douce comme s'il voulait me dire quelque chose, mais quelque chose de plus glacial me tira de ce rêve.

Pour toujours et à jamais.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant