C'est la fin...

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Cela va bientôt faire plus de huit mois que l'on vit comme ça. Se défoncer et s'entre tuer, on a pas cessé.

En réalité, quand je me tourne vers le passé, je peux même pas vous dire comment j'en suis arrivé là. Même si j'essaie de tout mon être, j'y arriverai pas. C'est huit derniers mois, ont été pire qu'un calvaire, j'ai tout perdue, mon travail, mes amis, ma famille et même ma vie tout ça pour une seule et unique personne.

Cette personne qui m'a poussé à sauter à pieds joints dans son gouffre, qui m'aura faite tellement souffrir, que depuis peu, je ne ressens plus aucune douleur, que ce soit moral ou bien physique. Cette même personne pour qui j'étais prête à tuer, m'a complètement détruite, brisant mes os un à un, tout comme ma vie, tout comme mes rêves.

Alors qu'avant, on s'aimait trop, maintenant on ne s'aime plus assez, peu être même plus du tout...

Aujourd'hui on ne se regarde même plus, on est devenu tellement dépendant de cette saleté de poudre blanche, d'injection, d'une minime petite dose de cette substance illicite. Cette même substance qui te fais voyager plus loin que la terre, celle qui te fait tout oublier, la douleur, les problèmes et même ce goût amer qu'est devenue la vie. On est devenu tellement dépendant de cette merde, qu'on ne peu s'empêcher de chercher une dose de dope à la maison.
C'est limite même si on ne se bat pour une banale poussière blanche resté sur un coin de table, une fine gouttelette restée au fond d'une seringue déjà usée, où encore les dernières pilules  d'amphétamines, prescrites par de fausses ordonnances et donnés par de faux médecins.

Avant de tomber dans cette chienne de vie, je devais probablement être belle, j'en sais trop rien, depuis que je suis tombé dans les stupéfiants, je n'ai pas pris une seule fois le temps de regarder mon reflet dans la glace. Mais je me souviens qu'une lourde crinière noir corbeau ornait mon visage, la dernière fois que j'ai vu la couleur de mes yeux, ils étaient d'un bleu nuit, très intense, c'est je pense ce qui attirait plus les personnes du sexe opposé. Grâce à ma chevelure en pagaille, mon regards était souligné d'une ombre noire, le fait qu'ils paraissaient sans cesse humides les faisaient fortement ressortir. Ma petite bouche en coeur rose pâle, pas pulpeuse, mais juste bonne à embrasser, accentuait mon visage d'une petite touche angélique, tout ce que je n'étais pas et que j'aurais voulu être.

Mon attitude de gamine pourrit gâtée, âgée de vingt et un an, avait réussit à s'emparer du coeur de Donnell, ce type, je l'avais rencontré trop bêtement, mais au moment même où j'ai croisé son regard, j'ai su que je n'arriverai jamais à m'en détacher. C'était le noir vif, qui m'avait attiré, ce regard haineux qu'il m'adressait. Il me faisait frémir, mes sentiments étaient confus, je passais des sueurs froides, aux bouffés de chaleurs. Ses cheveux d'un blond platine illuminaient son regard à la lueur de la lune. Ce mec un accro au crac, qui m'a entraîné dans son merdier et putain qu'est-ce que j'étais folle de lui.
Pour lui, j'ai renoncé à tout, même à une futur vie de famille à ses côtés. Je vivais désormais caché, dans ses bras, quand on ne se battait pas.

Oui, il y a huit mois j'étais surement plus belle qu'aujourd'hui. À présent, je n'ose même plus sortir dans la rue. Non, j'ai trop peur du regard des gens, c'est individus qui te sont totalement inconnus et qui pourtant n'hésitent pas un seul instant à te juger, te critiquer et même te rabaisser si il le faut. C'est ce même genre de personnes qui ne vivent certainement pas dans un appartement cramoisi, n'ont surement pas pour seul lit un vieux matelas usé à même le sol. Ces mêmes gens qui ne pensent qu'à leurs personnes sans se soucier de ceux qui les entourent.

Mais au fond, je ne peux m'en prendre qu'à moi même. J'avais toutes les cartes en mains et moi, j'ai négligé mes chance d'avoir un belle avenir, j'ai jeté au vent ma seule chance de devenir quelqu'un.

Cela fait maintenant huit mois que je vis comme ça. Je me plain, mais pourtant, je ne fais rien pour que les choses changent, je n'ai plus la force d'agir, de faire changer les choses. Mon addiction aux substances illicites m'a belle et bien rendu faible, soumise à cette poudre blanche; c'est ce que je suis.

Puis au fond, quand j'y repense, je sais que c'est de sa faute, mais que c'est tout autant la mienne, car je n'ai pas su être assez forte pour lui dire "non Donell, tu ne sera pas ma croix", je me dis souvent que j'arriverais à me détacher de Donnell, que le temps va passer, je continuerais peu être d'y penser, mais au moins je n'en souffrirai plus, que je finirais bien par l'oublier un jour ou l'autre. Que la vérité est ailleurs et que le temps viendra fané le plus beau des bouquets de fleurs.
Ce n'est que lorsque Donell me touche, que je me dis qu'en faite il n'y a qu'un pas entre la femme et la pute. Je me demande aussi souvent à qui la faute si je n'ai plus le gout de vivre, je suis tombé tellement bas. J'ai finit enchaîné au plus médiocre des hommes. Aujourd'hui, j'attend impatiemment la mort, j'attend qu'elle m'ouvre c'est grand bras, et m'amène droit aux enfers.
Je déteste cette vie, je déteste ce que je suis devenu.

Couché nue, sur le lit en bois massif rongé par les mites, un matelas plein de crasse, je laisse passer le temps, tout en regardant Donnell s'injecter une dose d'héroïne. Il me fait pitié. J'ai perdu quinze kilos c'est huit derniers mois, déjà que je n'étais pas très en chaire, Donnell m'a vidé, je suis désormais semblable à un tas d'os. Mon dernier amour lève la seringue, afin de me demander, si j'en veux, je ne peux en aucun cas refuser, je lui tends simplement mon bras. Donell le prends avec délicatesse, tape deux fois sur l'une de mes veines se situant dans le creux de mon bras à l'aide de son index joint à son majeure, et pique une bonne fois pour toute. Une fois ma dose injectée, je me laisse tomber en arrière, je laisse mon corps rebondir sur le matelas en piteux état et savour ce moment de folie, de jouissance. Une sensation de satisfaction m'envahit. Je me sentais légère, je me sentais partir.

Cette dernière fois, je mourrais de bonheur.

We were in love...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant