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A l'étage, la mezzanine s'ouvre à la ronde sur une floppée de portes en bois. En plus des toilettes et d'une salle de bain, le chalet dispose de cinq chambres. Chacune est distinguée par un motif floral peint sur les planches, indiquant l'ambiance de la pièce.

Achille nous fait d'abord entrer dans une chambre jaune-orangée affublée d'une mirabelle. Après un angle, il nous dévoile avec fierté quatre chambre fraîchement rénovées qui se font face. D'un côté, la « chambre des pins » pour laquelle je craque immédiatement. La moitié basse de ses murs est couverte de planches de bois clair, couleur de résine et la moitié haute est un papier peint vert forêt. A côté d'elle, une chambre mauve et bleue décorée sur le thème de la myrtille provoque une grimace à ma sœur.

Le maître de la demeure nous présente ensuite les deux dernières chambres : la « chambre coquelicot », rouge et blanche et la « chambre lupin », sur le thème bleu, dont la porte est recouverte d'une peinture de ces fleurs en grappes.

A entendre tous ces noms, je me demande s'il nous fait visiter sa demeure ou s'il commande un bouquet printanier. Il nous ouvre les placards, nous laissant nous imprégner des lieux. Il pense sans doute que nous avons besoin de temps pour décider dans quelle chambre nous voulons vivre mais, l'avantage d'avoir habité dans de nombreux foyers, c'est que nous avons tout de suite l'œil pour juger d'une pièce. Toutefois, avoir le choix parmi une sélection si fournie est bien une première. Cette maison est si grande pour seulement abriter un couple de quadragénaire.

Le parquet au sol, grinçant, m'empêche de me perdre dans mes pensées. Achille nous explique qu'ils l'enlèveront l'été prochain, lorsqu'ils finiront les rénovations de l'étage.

Il nous fait ensuite passer par une porte au fond du couloir. Lorsqu'il l'ouvre, je crois rêver : nous nous trouvons sur un balcon intérieur dont la rambarde se transforme progressivement en rampe pour un escalier en colimaçon de bois verni. En contre-bas, les murs sont couverts de livres dans des vieilles étagères de bois sculptées, avec des rayonnages à en perdre haleine.

- D'ici vous pouvez déjà avoir un aperçu du jardin, nous dit Achille en pointant de grandes baies vitrées.

L'odeur du papier est douce. La poussière en suspension dans l'air est traversée par un rayon de soleil jaillissant des fenêtres. Un appel d'air crée un tourbillon qui vient la déposer sur le bord des étagères, poudrant les reliures d'un million d'étoiles.

Achille descend déjà au niveau inférieur tandis que Soleïane et moi restons un instant bouche-bée face à tant de magnificence. Je n'ai jamais vu quelque chose de semblable. Je n'ai imaginé autant de livres que dans mes rêves ou dans mes lectures.

Cette maison vient définitivement de gagner mon cœur : des fauteuils pour lire mais aussi une table et des chaises pour pouvoir travailler. Je sais que, si un jour j'en ai marre de voir tous ces gens, du monde entier, je pourrais m'enfermer dans cette pièce pour l'éternité sans jamais craindre l'ennui.

- Incroyable... souffle ma sœur à mes côtés.

J'acquiesce timidement de mes cervicales en bouillies pendant que se joue dans ma tête et ma poitrine un concert hip-hop de « hourras ! ».

La visite du chalet nous fait atterrir dans la cuisine. Suzanne n'est pas encore là. Sur le comptoir­-bar de l'îlot central, quelques fruits tranchés et une bouteille de lait.

Le boiteux Achille nous emmène donc dans le jardin en attendant la vétérinaire. Avec une mise en scène pareille depuis l'intérieur, on dirait que la pièce principale de cette maison, c'est le jardin. Il regorge, en ce mois d'été, de mille couleurs et de senteurs. Des arbres et des buissons aux multiples formes assaillent ma vue de toutes parts.

Enfants des Astres-Livre I : Nomen OmenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant