Mémoire 6

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Découverte d'une alternative

J'avais déjeuné tôt ce matin-là, la journée suivante dans un café avec Finn. Il était venu l'heure de me rendre au palais d'Émerios, demeure des ducs de cette région. Je devais lui dire au revoir en bonne et due forme avant de le quitter et quoi de mieux qu'un repas?

En cadeau, avec l'espoir de pouvoir nous recroiser, je lui avais remis une autorisation écrite et signée de ma main de se présenter à la cour impériale dans laquelle je le considérais comme un ami de confiance. Donner ce papier au ministère allait lui permettre d'entrer dans la résidence de ma famille à Laurios si l'envie lui prenait de venir me dire bonjour. Évidemment, je m'étais arrangé pour que cela soit discret. En temps normal, il fallait un accueil et un protocole interminable pour obtenir un privilège comme celui-ci, mais mon statut me donnait la possibilité d'outre passé tout ça pour les entrevues urgentes et secrètes. Le prince qui consultait en secret le fils d'une famille reconnu de juristes ne paraitrait aucunement étrange aux yeux du système. Surtout que le ministère semblait très relâcher à cette époque.

Seul mon père penserait à se méfier, mais je lui cachais des choses comme celle-ci depuis longtemps et j'étais habile. Dans le pire des cas, il retirait l'autorisation et achèterait le silence de mon compagnon de route sur tout ce que j'aurais pu lui glisser. Comme d'habitude.

Finn m'avait remercié pour ce présent qui démontrait à quel point je souhaitais mieux le connaitre et apprendre ce qu'il savait sur notre nation en dehors des hautes sphères. Cependant il m'avait averti qu'il serait peu probable que je le découvre un jour aux portes du château. Ce n'était pas son genre de se montrer à ces endroits et il n'avait pas la volonté d'attirer l'attention en se montrant de la sorte. Certes, le processus était discret, mais rien ne restait comme cela longtemps lorsqu'il s'agissait de la famille impériale, particulièrement dans la capitale. Les potins allaient toujours don train malheureusement. La permission fonctionnant aussi pour le courrier une fois en place, je lui indiquai qu'il n'avait pas de souci à se faire.

Je le remerciai pour tout et paya le petit-déjeuner pour nous deux. C'était la moindre des choses pour ce qu'il m'avait apporté durant le peu de temps que nous avions passé ensemble. De plus, l'argent de mon compte personnel devait bien servir à quelque chose un jour. Je ne l'utilisais jamais, puisque je ne voulais rien acheter de ce qu'on me présentait officiellement. Car oui, même les marchandises qui entraient et sortaient de la demeure impériale était lourdement contrôlées et soumises à un protocole.

Bon, je mens un peu. Quelques bijoux m'intéressaient, mais encore là, mon père me forçait à choisir ceux qui projetteraient la meilleure image de notre rang. Et parfois ce genre de décoration faisait partie des dépenses de l'État, car nous étions l'incarnation réel et symbolique du pouvoir exécutif de l'empire. Je dépensais donc rarement juste pour moi et des proches ainsi.

À la sortie du café, je serrai la main de mon compagnon avec un sourire sincère comme possible adieux. Nos routes allaient peut-être se recroiser si les étoiles le voulaient.

Nous quittâmes les lieux dans des directions opposées, lui vers l'Est et le port où son travail du moment l'attendait et moi vers l'Ouest et le bassin d'émeraude en amont du delta.

Ce lac contenait autrefois, selon les livres datant l'époque de la fondation du duché, du minerai renfermant la pierre précieuse verte et brillante lui donnant son nom. Cette roche avait toujours été associé aux constellations de Paion et de Gemini qui béni d'un pouvoir de la nature. Si on en croyait l'interprétation de l'Église célestine, cela expliquait ses champs fertiles et sa réputation de grenier et garde-manger de l'empire.

Cependant il était difficile d'attester de cette hypothétique bénédiction céleste. Nous savions que les étoiles faisaient présent de pouvoir aux personnes à leur naissance. Mais aux sujets des nations et des continents, cela était moins clair.

Mémoires d'un reflet sur les flotsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant