Quinze heures quarante-neuf. Encore onze minutes à tenir. Pour une fois, j'allais être ponctuelle, — chose qui devait arriver quoi... une fois par an? À force d'arriver toujours en retard, les profs avaient cessé de toujours me faire la morale quand je m'asseyais à mon bureau.
Je jetais une nouvelle fois un coup d'œil à mon poignet. La grande aiguille n'avait pas encore rejoint les cinquante minutes. Décidant qu'attendre devant la porte ne ferait qu'augmenter mon supplice, je me mis à déambuler dans les couloirs.
L'aile de l'infirmerie était toujours calme et apaisante, mais aujourd'hui ce silence m'irritait. Alors que j'avançais à l'aveuglette, le détecteur de mouvement me repéra et le couloir s'emplit soudainement d'une lumière crue. Je clignais des yeux et me rendis compte où mes pas m'avaient mené. Inconsciemment, j'étais revenue devant la porte de la chambre dans laquelle j'avais séjourné quelques semaines plus tôt. Pourquoi avais-je abouti ici ? Je tendis l'oreille, aucun son ne me parvint depuis l'autre côté du battant. Dans le couloir, seul le discret grésillement des néons brisait le silence. Jetant un coup d'œil à ma droite et à ma gauche, je posais ma main sur la poignée.
La pièce était sombre et tous les volets étaient fermés. Je distinguais néanmoins que tout était parfaitement propre et rangé. Une odeur étrange flottait cependant dans l'air. Je n'aurais pas su dire ce que c'était, mais j' étais certaine de l'avoir déjà sentie auparavant.
Quelque chose de légèrement sucré... au réfectoire sans doute.
Je m'apprêtais à quitter la pièce lorsque je fus prise d'un violent vertige.
Le sol tanga sous mes pieds, tandis que je titubais laborieusement vers le lit en prenant appui sur le mur à ma droite.
"Une porte métallique coulissa bruyamment. Des mains gantées attrapèrent une mallette blanche sur l'étagère. Elle contenait des tubes en verre et plusieurs seringues."
Je pris une grande goulée d'air. La nausée était retombée, mais la simple idée de me redresser me faisait tourner la tête. Je laissais mon regard vagabonder vers le fond de la chambre. L'armoire grise était bien là... Et si...? Non, elle devait être fermée à clé. Ou peut-être que non ?
Je me remis finalement sur mes pieds, les doigts crispés sur la rampe du lit. Quelques secondes s'égrènent avant que je sois certaine que le sol soit bien stable sous mes pieds.
J'étais tout engourdi. Ça faisait plus d'une semaine que je n'avais pas eu l'un de ces flashs. Je pensais qu'ils étaient dus à mon traumatisme crânien, mais rien pendant un long moment puis celui-ci maintenant... Je n'y comprenais plus rien. Et puis, certaines de ces espèces de rêves n'avaient aucune cohérence avec d'éventuels souvenirs ayant ressurgi. Je ne voyais pas comment toutes mes visions auraient pu être réelles. Et surtout, je ne le voulais pas.
Le battant de l'armoire métallique glissa sans rencontrer de résistance. Le meuble avait donc bien oublié d'être fermé.
Je n'avais pas allumé la lumière en entrant dans la chambre et je cachais le peu de jours qui filtrait sous la porte en me tenant dos à elle. Je plissai les yeux et me décalais pour essayer d'apercevoir le monticule de bazars stocké sur les planches. La valisette était là, sur l'étagère la plus haute, comme je venais de le voir dans ma vision. Ses angles arrondis reflétaient la lumière provenant ténue du couloir. Je l'attrapais et la tirais sans ménagement. Elle était lourde dans ma main, mais pas suffisamment pour que je n'arrive pas à la soulever. Les crochets cliquetèrent lorsque je les libérais après avoir posé la boîte sur le lit. Soigneusement alignées dans leur réceptacle capitonné, une série de seringues et de recharges emplies de liquides aux couleurs variées s'exposèrent à moi.
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OtherWorld - 1. Et cognoscetis veritatem
FantasyL'OtherWorld est en guerre depuis plusieurs dizaines d'années. Les enfants ayant perdu leurs parents sont envoyés dans un orphelinat où ils peuvent étudier jusqu'à leurs 16 ans. Sayana n'a aucun souvenir d'avant son arrivée à l'établissement alors...