Quand ses lèvres se décollèrent des miennes, je sentis un sentiment étrange m'envahir. J'avais envie qu'il recommence, et je n'avais aucune idée de pourquoi.
- Tu... tu pourrais le refaire ? demandais-je timidement.
Il hocha la tête, et m'embrassa encore.
Les arbres autour de moi devinrent flous, le monde aurait pu simplement s'arrêter de tourner sans même que je ne le remarque. C'était agréable, tellement agréable, de vivre hors de tout.
Puis il s'arrêta, et je vis dans ses yeux qu'il ne comptait pas recommencer. Dommage.
- Donc, tu m'aimes, déclara-t-il, un sourire satisfait lui courbant le visage.
- Je n'ai jamais dit cela, rétorquais-je, j'ai seulement insinué que je t'appréciais. C'est tout à fait différent.
Son sourire s'élargit, et il laissa échapper un petit rire étouffé.
- Tu n'es vraiment pas comme les autres, Eléonore Maurisson.
Quelle perspicacité.
- Si j'étais comme les autres, tu ne m'aimerais pas autant.
Puis nous continuâmes à marcher, à parler de tout et de rien sous un ciel pétillant d'étoiles. Puis il finit par rentrer, et je dus retrouver Octavia.
Je me risquai de nouveau à pénétrer à l'intérieur de la cantine. Des effluves d'alcools empestaient à chaque coin de table. Charlotte était allongée sur le sol, comptant inlassablement des moutons imaginaires. Elle en était à trois cent cinquante-six, je n'imaginais même pas qu'elle connaissait autant de chiffres. Mon frère était encerclé par deux terminales, très jolies, presque trop pour lui. Enfin, Jaya terminait de vider le buffet des quelques bonbons qui s'y battaient encore. D'un point de vue extérieur, cette scène assassinait la logique. Pour moi, elle côtoyait l'ordinaire.
- T'as pas vu Octavia ? demandais-je à Jaya, la seule assez sobre pour pouvoir me répondre.
- Elle est dans les toilettes, je crois, me répondit-elle, trois dragibus collés entre les dents.
Les toilettes ? Qu'est-ce qu'elle faisait dans... oh, non !
- Et tu sais si elle est seule dans les toilettes ?
- J'en sais rien. Mais si j'étais toi, je toquerais avant d'entrer.
Sage préconisation.
Je m'approchai donc de la porte des WC, et lui assena trois violents coups de poing.
- Octavia, t'es là ?
- J'arrive ! entendis-je derrière le battant.
Mais Nathan sortit le premier.
- Elle se rhabille, se sentit-il obligé de me préciser.
- Me dis pas que vous avez...
- Je t'attends dans la voiture Eléonore.
Ces deux-là allaient finir par me faire vomir.
Octavia fit son apparition quelques minutes plus tard.
- Je ne pensais pas que cette robe serait si compliquée à remettre.
Je ne l'écoutais pas, trop occupée à imaginer... il fallait absolument que je sorte ces images de ma tête.
- Les toilettes du lycée, sérieusement ! Je fais pipi ici tous les jours Octavia !
- Je sais, moi aussi.
Super, ravie de le savoir.
- La prochaine fois, toi et Nathan vous pourriez éviter de faire ça à des endroits où je risque de poser mes fesses !
- On est allé dans le WC du fond, tu n'auras qu'à l'éviter. Et puis je te trouve mal placée pour me juger, ce n'est pas toi qui a passée toute la soirée avec Charles ?
Elle venait d'aborder un sujet à approfondir.
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Comme si j'en rêvais
Novela JuvenilOrdinaire. C'est assez triste qu'un mot somme toute aussi banal puisse à ce point définir une personne. Pourtant, j'étais la représentation exacte de l'humain ordinaire. Taille moyenne, poids moyen, coupe de cheveux classique. Et pour couronner le...