1.Le Prisonnier

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"Harold, j'ai des aveux à vous faire au sujet de l'affaire qui concerne votre mère. Venez à minuit à la vieille maison abandonnée près du parc, où nous pourrons discuter tranquillement. Tâchez d'y entrer seul.

M."

A coup sûr, les ennuis me rattrapent. C'est un piège. Ce ou cette "M" sait ce que seul le meurtrier peut savoir. Mais que faire ? Il me faut des réponses. Et elles se trouvent dans le manoir abandonné.

*

Minuit. La nuit noire m'enveloppe tout entier. Moi, et toute personne suspecte ne souhaitant pas se montrer. En cet instant, je préférerais renoncer à ma quête de vérité, retourner chez moi et m'affaler dans mon sofa, faisant comme si rien de tout cela ne m'affectait. Mais je ne peux pas. Alors, je pousse la porte qui me fais face.

*

Dans la maison à l'odeur de renfermé, je cherche une présence. M se cache, ou n'est pas là. Je fouille jusqu'à la dernière chambre d'amis, mais pas la moindre trace de vie. Je m'affale sur un canapé rouge miteux, ne sachant quoi faire. Mais, alors que je passe ma main sur mon visage, il me semble voir quelque chose. Quand j'observe à nouveau, je suis seul dans la pièce. Mon cœur commence à tambouriner dans ma poitrine. J'essaie tant bien que mal de raisonner : ce n'était qu'un jeu de lumière, je suis seul; SEUL. Pourtant, j'entends un mot derrière les battements de mon cœur : FUIS.

*

Une sueur froide perle sur mon front. Mon cœur battant me déchire la poitrine tandis que je cours à travers le couloir. Le papier peint rouge défile, les marches d'escalier s'allongent devant moi, comme si elles refusaient de me laisser partir. Je sais que la chose est derrière moi, quelque part. Elle ne va pas tarder à venir.

*

Je tente désespérément d'ouvrir la porte du manoir. Je malmène la poignée rouillée jusqu'à sentir la douleur de mes muscles contractés. J'ai peur. Elle refuse de s'ouvrir. Il fait sombre et je ne distingue pas grand-chose. La respiration haletante, je lâche ma prise. Je cherche un pied-de-biche autour de moi, un bâton, n'importe quoi... Tout ce que je parviens à trouver n'est qu'un vieux chandelier. Poussiéreux et empli de toiles d'araignées, c'est le seul objet à ma disposition. J'agrippe le métal froid et dur de mes mains tremblantes. Mue par une terreur horrible, je le fracasse contre l'entrée plusieurs fois. Un son terrible s'élève alors.

*

Mon acte désespéré n'a pas abouti. La porte tremblait, bougeait, grinçait, mais ne cédait pas. Ce chandelier ne me sert à rien. Je le balance dans un cri de colère. Je martèle le bois de mes poings. encore et encore, tête baissée, criant. Puis le silence se fait. Un calme pesant, angoissant et assourdissant.

*

Je n'ose pas respirer. Je sens quelque chose. La chose. Ce n'est pas humain. Ce n'est pas vivant. Tremblant et faible, je me tourne lentement, yeux clos. Je m'imagine la pièce, vide, munie seulement de ses quelques meubles et de sa poussière. Mais lorsque j'ouvre les yeux, ce que je vois n'est alors pas l'endroit sombre. Non, face à moi, tout près, trop visible dans cette obscurité totale, ce trouve la chose. Deux grands yeux rouge sang, exorbités, fixent les miens, tandis que deux horribles rangées de dents acérées me sourient. Je réalise que sa peau pâle est tachée de sang frais et dégoulinant. La bête, frêle et démesurée, m'observe de haut en bas en passant sa langue sur son horrible dentition. Mon cœur s'arrête. Je m'affaisse contre le bois de la porte. Et c'est alors que je comprends que je ne reverrai plus jamais la lumière du jour.

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