10.Peur et Paranormal

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444e épisode de Peur et Paranormal.
Comme à son habitude, l'équipe de l'émission avait trouvé un lieu abandonné, loin de tout, parfait pour tourner : une sorte de vieille cave aux multiples pièces sous une maison à moitié détruite. Les appareils électroniques jonchaient le sol et les techniciens effectuaient les derniers réglages.

Martin attendait, prêt à démarrer son show en direct dans les prochaines minutes. Les spectateurs n'y verraient que du feu. Le présentateur parvenait à amadouer ces supersticieux naïfs à chaque fois.

D'un signe, la réalisatrice annonça le commencement du tournage. Martin ajusta sa caméra frontale et l'alluma. Il présenta l'émission, comme à son habitude, et l'expédition commença.

Fausses peurs, rats domestiques et fantômes électroniques, tout fonctionnait à merveille. Martin enchaînait les pièces, faisant mine de les découvrir, jouant son rôle de chasseur de fantômes.

La dernière salle devait être le clou du spectacle. Plus grande, plus sombre, avec les effets spéciaux les plus sophistiqués de l'émission. Pic d'audience garanti.

Alors que toute une équipe de caméraman accompagnait habituellement Martin, cette fois, il devait finir l'émission seul. Il ne restait plus que sa lampe frontale, qui filmait.

Faiblement éclairé par la le halo de la caméra portative, il répétait son speech appris par cœur, sachant exactement à quel moment se couper la parole pour assister à un évènement surnaturel. Pourtant, lorsqu'il s'arrêta pour laisser la place à un étrange bruit, il dut faire face au silence.

Problème technique, il fallait improviser.

"J'ai cru entendre quelque chose", reprit-il.

Puis il se remit à marcher. L'équipe de tournage ne donnait plus aucun signe de vie et Martin se demanda comment il pourrait occuper le reste de l'émission sans eux. Il se concentra sur les rats et l'aspect pitoyable des lieux. Mais l'épisode perdait de son intérêt.

"BAM !"

Enfin ! L'émission reprenait. Le son provenait du fin fond de la pièce, dans un recoin que la lampe de Martin ne parvenait pas à éclairer. Le bruit lui rappelait le grognement d'un chien, pourtant, l'endroit semblait vide. Enfin normalement...

Martin commençait à se dire que ce n'était pas le signal qu'il attendait des techniciens. Puis il pensa à son audience et le temps qu'il lui restait avant la prochaine publicité. Il avança de quelques pas.

Deux points jaunes, à hauteur d'homme, apparurent dans le noir. Ils disparurent presque aussitôt, mais cela suffit à la caméra, qui enregistrait toujours. Martin commença à s'affoler. Ce n'était décidément pas prévu au programme. Il tenta de rebondir sur l'événement comme il le faisait toujours, mais cette fois, il ne jouait pas sa peur.

Ce n'est qu'une farce, pensa-t-il.

Son patron avait probablement réclamé une peur plus authentique pour l'émission, et les assistants techniques ne l'avaient pas prévenu de ce qui l'attendait réellement dans la cave. Mais jamais encore ils n'avaient tenté une chose pareille.

Pas à pas, Martin s'approcha, et son appréhension grandi. Du recoin sombre ne s'élevait aucun son, ne se percevait aucun mouvement.

Martin réalisa soudain que de là où il se trouvait désormais, il aurait dû y voir quelque chose. Seulement, la lumière que diffusait sa lampe semblait comme bloquée par un mur... Une délimitation très nette marquait le sol, à ses pieds. D'un côté, la lumière, de l'autre, le noir complet.

Au-delà du son de son cœur qui s'affolait de terreur, la fascination battait également. Martin laissa échapper un rire devant ses spectateurs.

Comment ce phénomène peut-il être possible ?

Alors qu'il se penchait pour observer, deux points jaunes s'illuminèrent.

Aussi vite que la lumière, Martin disparut dans un cri. La lampe tomba au sol, à l'endroit même où il se trouvait une seconde plus tôt.

Elle bougea un instant, les hurlements de Martin s'intensifièrent. Elle s'arrêta, et il n'y eut plus rien.

Un bras humain fit surface, comme coupé par la délimitation. Les doigts ensanglantés griffèrent le sol jusqu'à atteindre la lampe. Tout disparu, happé par le trou noir.

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