Est-ce que je peux sortir avec toi ?

Chapitre 15 : Adorable petit frère

-Vitto' ?
Toquant à la porte puis en l'ouvrant, Stefano passa la tête dans l'encadrement de la porte de la chambre de son petit frère, casque sur les oreilles, en pleine partie en ligne avec ses amis.
-Oui, Stef' ?
-Je voulais te demander conseil. T'as un peu de temps ?
-Ouais. Tu peux juste attendre un petit moment ? Je finis ma partie avec mes potes là.
-Oui, vas-y. Fais seulement.
Et Stefano entra dans sa chambre et s'assit sur le lit de son frère. Vittorio trouva ça un peu étrange. Habituellement, quand son grand frère voulait lui parler et qu'il était occupé, il s'en allait et lui allait le voir quand il avait fini. Et vice-versa pour lui aussi s'il allait voir Stefano et qu'il était occupé.
C'était étrange et inhabituel.
Surtout pour un soir de semaine, en plein milieu de la semaine scolaire, où normalement son frère travaillait. Lui aussi devait travailler normalement, mais il n'avait pas envie ce soir-là, il avait déjà fait le minimum ce soir pour le lendemain.

Alors, durant la partie, il demanda :
-Les gars, on peut vite finir la mission ? Y a mon frère qui est là et on aimerait discuter ensemble après.
-Ça marche ! lui dirent ses amis. On finit vite alors !
La mission terminée et complétée après quelques minutes, Vittorio put fermer son jeu et alla alors s'asseoir vers son grand frère sur son lit. Ça aussi, c'était un peu inhabituel. En général, Stefano restait debout au milieu de sa chambre pour lui dire les choses, il ne prenait pas souvent le temps de se poser. Son frère avait le dos un peu voûté, comme s'il portait un lourd poids sur les épaules et sa mine était maussade, plus que maussade.
Vittorio passa un bras autour des épaules de son frère. Il était en pleine puberté et rattrapait son frère en matière de taille, il pouvait aisément attraper l'épaule de son frère opposée à son côté.

-Ça va ? Tu voulais me parler ?
-Oui, fit Stefano la langue pâteuse.
Vittorio pouvait deviner la source du souci de son frère adoré.
-C'est ta copine, c'est ça ? Elle t'a quitté ?
Il avait entendu du grabuge, l'autre soir quand elle était là ce week-end. Mais trop concentré dans son jeu, il n'avait pas porté plus d'attention que ça aux dialogues échangés, il avait juste entendu du bruit et la fille qui sortait de la maison presque toute seule.
-Hein ? fit Stefano avec un air réellememt étonné. Oui, mais ça, c'est sans importance.
Cela surprit un peu Vittorio. Il ne s'y attendait pas, à cette réponse-là. Même si effectivement, la complicité de son frère et de cette fille aurait été à revoir depuis le début...
-Alors qu'est-ce qui ne va pas, Stef' ? T'as pas l'air bien...Genre vraiment pas bien.

Stefano poussa alors un long soupir et finit par dire sur un ton lent et réfléchi, posant bien ses mots après les avoir soupesés pour ne pas faire d'erreur d'expression :
-Comment tu déclarerais tes sentiments à quelqu'un, toi ?
Vittorio faillit rougir.
-Mais...Quoi ? J'en sais rien...J'ai jamais eu à le faire, j'ai jamais eu de copine ! Et la seule fois où une fille m'a déclaré ses sentiments, c'était vraiment nul, pas bien du tout ! J'avais failli mal comprendre.
Il ne comprenait pas tellement le sens de la question. Enfin, le sens, si, mais il n'était peut-être pas des meilleurs conseils dans ce domaine-là. Il n'avait jamais eu de copine, ni de copain d'ailleurs, et n'était même jamais tombé amoureux, à part en primaire quand, en étant un gamin inexpérimenté, la vision de l'amour est carrément loufoque.
-T'es amoureux de quelqu'un ? Donc pas cette...Elodie je suppose ?
-Non, pas elle effectivement. Mais c'est elle qui m'a fait me rendre compte que j'étais sûrement amoureux...D'une autre personne...Et comme je n'ai jamais été vraiment amoureux avant, je saurais pas dire comment on se sent dans ce cas-là...Tu le sais, toi ?
-Non, pas plus que toi. J'ai jamais été amoureux. C'est pour ça que j'avais refusé de sortir avec...L'autre, là.
Il ne l'aurait pas avoué tout haut, mais Vittorio ne se souvenait même plus de son nom tellement elle ne l'avait pas marqué de quelque manière que ça soit. Et si son grand frère n'avait pas été aussi mal que ça sentimentalement parlant, il se serait volontiers moqué de lui gentiment, alors que lui-même était du même genre à oublier les choses comme ça à force de ne pas y penser.
-Mince...murmura alors Stefano.