L'eau

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Tout avait commencé avec l'eau... 

 Il n'y avait plus rien à faire, ils étaient finis, Altaïr le savait. Lui, ainsi que Malik étaient acculés au bord de la falaise, dans le jardin à l'arrière de la forteresse de Masyaf. Un bon millier de Templiers avaient déferlé sur la ville et pris le siège de la Confrérie d'assaut. La plupart des frères étaient morts au combat, les derniers luttaient encore de-ci de-là, sans espoir de victoire. 

Malik, en tant que Grand-Maître de la Confrérie, avait pris les armes aux côtés de son meilleur Assassin, Altaïr. Mais ils avaient failli. L'Assassin était bloqué contre la balustrade de pierre, l'épée levée dans une main, soutenant Malik de l'autre. Le Maître de la Confrérie s'était pris une flèche dans le flanc gauche. Le sang coulait de sa plaie et il vacillait sur ses jambes. 

Altaïr savait qu'ils n'avaient aucune chance. Bien sûr, il pourrait abandonner son ami à son triste sort, mais cela ne rallongerait pas grandement sa vie, les Templiers étaient bien trop nombreuxcette fois-ci. Altaïr ferma une seconde les yeux, puis jeta un coup d'œil en arrière. De l'autre côté de la barrière, le précipice. Et là, soixante mètres plus bas, la rivière, dans son méandre le plus profond.Avec un sourire empli de désillusions, il demanda à son frère : 

- Te souviens-tu comment nous nous sommes rencontrés ? 

 - Et comment, répondit Malik juste avant de tousser du sang. Et toi ? 

Ô oui, il s'en souvenait à merveille... 

Masyaf, 18 ans plus tôt 

 Altaïr n'était encore qu'un jeune enfant à l'époque, il avait tout juste neuf ans. A l'époque, il était encore un enfant solitaire, personne ne voulait sympathiser avec un enfant au sale caractère. A cette époque, Altaïr était encore empli d'une profonde colère. Comme tout enfant destiné à devenir un jour Assassin, on l'avait retiré à la garde de ses parents dès le plus jeune âge. Une rupture qu'il avait du mal à supporter. Comme il était encore en bas âge, on le laissait parfois vagabonder dans Masyaf, en dehors des heures d'entraînement. Mais il n'avait aucun ami, jusqu'à ce jour... 

Ce jour là, Altaïr se promenait seul, auprès de la rivière, au pied de la falaise. Il n'était encore qu'un enfant et s'amusait de voir le petit bateau qu'il avait créé naviguant au gré du courant. Sauf qu'en ce jour précis, le bateau dévia vers le centre du méandre, bloqué par le puissant contre courant. Déçu, car l'ouvrage lui avait pris des heures de travail, il commença d'escalader les branches d'un arbre qui se pliait au-dessus de l'eau. Il se pencha pour essayer d'atteindre l'objet, mais la branchecéda et il chuta. 

Lorsque sa tête passa sous l'eau, il eut la peur de sa vie, croyant qu'il ne remonterait jamais à la surface. Il se débattit pour regagner l'air libre, et finit par refaire péniblement surface. Mais cela ne lui servait pas à grand chose, il ne savait pas nager. Et le fort contre-courantdans ce méandre était particulièrement fort, le ramenant sans cesse vers le centre de la rivière. Il n'y avait aucun espoir qu'il en réchappe. Tel était en tout cas la certitude qui le tenait en cet instant. 

Pourtant, quelque chose d'inattendu se produisit. Un jeune garçon accourait le long de la berge, suivit d'un autre, plus jeune apparemment. Le premier se jeta à l'eau et nagea jusqu'à lui pourle secourir, le ramenant sur la terre ferme. Terrifié, Altaïr ne put que remercier l'autre, qui lui tendit comme réponse une main amicale. Depuis ce jour, le jeune Malik et lui devinrent d'inséparables amis. Kadar les suivant sans cesse. 

 Les Templiers étaient de plus en plus nombreux autour d'eux, menaçants. Malik sombrait lentement vers l'inconscience. Il avait perdu beaucoup trop de sang. Alors qu'Altaïr lui hurlait de tenir bon, un autre souvenir lui revint. 

Assassin's Creed - One ShotsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant