Andrea se laissa glisser de tout son poids. C'en était fini pour son amour-propre. Toutes ces années d'abstinence pour finalement se faire agresser, pour en somme perdre sa virginité de façon si tragique. À présent, elle n'avait que ses larmes pour l'accompagner dans ce chagrin qui était sien. Ses pupilles ne cessaient d'expulser le liquide salé. Comment dire qu'elle se sentait mal ? Andrea se sentait sale, extrêmement sale. Elle en voulait au monde, à l'univers et à la galaxie toute entière. Elle s'en voulait d'avoir été une femme sans défense, d'avoir été un jouet pour cet homme. Pour pleurer, Andrea pleura énormément. Sa vie n'avait tellement plus de sens.
Quarante-deux minutes s'étaient écoulées. Andrea pensa subitement à prendre un bain, mais son corps refusait volontairement de la conduire à la baignoire, un peu comme s'il se méfiait de tout, même de cette eau qui entrerait en contact avec lui. Andrea s'essuya le visage avec ses mains nues. Lorsqu'elle toucha sa joue droite, la jeune fille ressentit une forte douleur qui lui fit repenser à son viol. Elle devint tout à coup nauséeuse. Andrea se leva avec empressement pour se vider le ventre. Elle se rinça la bouche et se rassit. La jeune dame refusait de l'admettre. Elle refusait de croire en ce qui s'était passé.
La main de Dylan qui lui avait fermé la bouche, qui avait déchiré sa robe... À ce rappel, Andrea monta dans la baignoire pour se débarrasser de cette souillure qui la rongeait tant... de ses empreintes sur elle. Enlevant ce qui lui restait de sa robe, elle plongea dans la chaleur de l'eau dormante. Andrea ne pouvait s'empêcher de se frotter avec insistance jusqu'à avoir la peau gonflée. Elle se donna des coups au visage, s'arracha les cheveux, se mordit et se blessa les bras. Elle n'arrêta pas de se frapper le corps. Tout cela la soulageait énormément mais pas assez.
Après trente minutes à se frotter et à se faire mal, Andrea sortit de la salle de bain. Ses cris, ses supplications lui vinrent violemment à l'esprit à la vue de chaque détail, comme cette porte par laquelle il est entré, ce sol qu'il a parcouru, et ce lit. Andrea avança férocement et tira le drap qu'elle lança vigoureusement en face d'elle. Elle enfila un grand haut tiré de son dressing, saisit le roman de la veille qui se trouvait au sol et le lança sur la vitre de la chambre. Le bruit qu'il fit en contact avec la vitre interpella les employés. Malika, inquiète, monta dans sa chambre et se retrouva face au dos d'Andrea.
-- Arrête d'être triste, tu sais, mon patron n'est pas vraiment une mauvaise personne, dit Andrea, ayant senti la présence de Malika dans la pièce. Alors tu m'expliques ce qu'il m'a fait ? On appelle cela de la gentillesse, demanda-t-elle sur un ton de reproche mêlé à la fois de colère et de peine.
-- Je ne comprends pas Andrea, que s'est-il passé ?
-- Sors de ma chambre !
-- Mais Andrea, qu'est-ce qui t'est arrivé? Pourquoi as-tu l'air si en colère? Pourquoi...
Malika se bloqua car sa patronne venait de lui faire face.
Un cri aigu sortit de ses lèvres. Andrea était affreuse. La tête partiellement décoiffée, la peau gonflée, les genoux et les orteils saignants.
-- Qu...qu...qu'est-ce...begéya-t-elle.
-- Ce que Dylan m'a fait, compléta Andrea. Tu veux savoir ? Dit-elle amèrement. Non je ne crois pas que ce soit beau à entendre.
Le corps de la gamine frémit d'une sensation inexplicable. Subitement, comme par instinct, elle avait parcouru du regard la chambre. Quel bazar! Au sol, elle vit les vêtements d'Andrea traîner ce qui n'était pas logique car sa patronne tenait toujours à maintenir son cadre de vie propre. Malika se souvint de l'humeur massacrante de son patron tout à l'heure. Elle fit directement le lien. Immédiatement, les genoux de la gamine se mirent à trembler sous son poids et ses mains devinrent moites.
Sa personne n'arrivait pas à admettre l'information donnée par son cerveau. Tout semblait être un rêve.
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Déchirante Promesse
RomansaL'argent ne fait pas le bonheur, dit-on communément. Mais que se passe-t-il lorsque des parents aimants ont du mal à saisir pleinement le sens de cette expression ? Eh bien, Andrea en a eu la réponse. À peine âgée de dix-neuf ans, cette dernière tom...