All The King's Horses

(Art par Deadlilmoon sur Tumblr)

Ils ont vu et survécu à l'enfer en une seule journée, en une seule très longue nuit. Non, ils n'ont pas tous survécu, mais avec du recul, Salim voit mal comment tout le monde aurait pu survivre. L'important, c'est d'avoir gardé Jason en vie, il n'aurait pas supporté d'avoir réussi à lui faire changer d'avis sur son pays et cette guerre, tout ça pour juste le voir mourir et devenir un autre de ces vampires, et avoir à le tuer.

C'est sûr qu'il aurait aimé autre chose que de se retrouver attaché dans une cellule comme remerciement de la part des Américains. Il a juste sauvé leurs vies plus de fois qu'il ne peut vraiment le compter. Au moins, il est sûr et certain que Jason est en sécurité maintenant, alors Salim n'a plus vraiment à se soucier de le garder en vie. Ils ne se connaissent pas si bien, ce serait ridicule de s'être attaché à lui, à son ennemi avant tout ça. Ils ont vécu un enfer ensemble, mais maintenant la guerre n'est toujours pas finie pour lui.

Salim n'a pas craqué pendant le premier interrogatoire, alors il sait qu'il n'y aura plus rien pour lui faire mal pendant la suite de son séjour amical ici. Ou peut-être qu'il s'est surestimé après cette horrible journée.

Être retenu comme prisonnier de guerre ne lui permettait pas de rêver et de se dire qu'il reverrait vite Zain, mais être traîné en décontamination lui a un peu plus fait comprendre le sens du mot cauchemar. Salim ne dort toujours pas, mais ses poignets toujours liés ne peuvent rien faire face aux mains des Américains en combinaison glissant sur lui pour lui retirer ses vêtements. Ils sont venus chez lui, dans son pays, et maintenant ça...

Il n'y a rien de plus humiliant que de s'afficher sans aucun atout devant des personnes qui renient sa condition humaine, alors que Jason doit profiter de tous ses avantages du fait de sa nationalité. Peut-être que Salim ne devrait pas penser à lui pour évacuer le flot de prières silencieuses naissant dans son esprit quand le jet d'eau glacial frappe son corps nu, mais il n'a pas d'autres solutions pour éviter de mêler l'image de son fils à cette torture...

Salim est de nouveau seul avec lui-même, dans un coin isolé d'une tente de l'armée américaine, de nouveaux vêtements sur lui et ses mains toujours attachées. Cette fois il a le droit à un lit d'infortune pour passer le temps, même s'il sait qu'ils continueront de venir le chercher pour en apprendre plus sur les vampires, pour savoir ce qu'ils ont vécu.

Les heures passent lentement, très lentement. Parce qu'il est seul, sans rien à faire, avec juste l'angoisse que ces idiots ramènent ou ne créent plus de vampires et qu'il ne doive de nouveau les combattre sans son arme de prédilection. Salim peut juste fermer les yeux à un intervalle régulier, compter les minutes, regarder le plafond de la tente, en vain. Mais par rapport à la cité enfouie, il aime le calme qui se dégage de cette situation.

Du moins, il aimait le calme, jusqu'à le silence soit rompu par des bruits de pas et des voix étouffées. Il n'aime pas ça. Salim se redresse de sa banquette, son dos criant contre lui pour le manque de soin à son égard mais ce n'est pas le bon moment pour ça, il est juste préoccupé et aux aguets par rapport à la personne venant vers lui.

Salim a essayé de ne pas trop agiter son cœur en étant sous pression, mais maintenant il ne peut pas retenir un sourire en voyant Jason devant lui. Au moins l'un d'eux est libre, et en pleine possession d'une arme.

''Je pensais que tu te jetterais dans mes bras.'' Et Jason n'a pas changé, c'est sûrement mieux comme ça, qu'il coupe les liens et qu'ils prétendent qu'il n'y a pas ce lien bizarre entre eux

''Pourquoi ? Tu as besoin d'un câlin ?'' Il lui rend son sourire arrogant, avec une tape amicale sur l'épaule

''Avec joie.''

Salim pensait que c'était une blague, et pourtant il a à peine fallu quelques secondes à Jason pour venir dans ses bras et lui écraser les côtes. D'accord, peut-être qu'il s'accroche aussi à lui... Salim ne sait pas à quel point son Américain lui a manqué, mais il ne part plus nulle part sans lui à partir de ce moment.

Fin