Cœurs coupables

25 - Atterrir sans dommages

Addison.

- Je veux dire, maintenant. Je n'ai pas envie d'attendre plus longtemps.

Je regarde Chris et je vois qu'il est anxieux d'entendre ma réponse. Je m'étais fait une raison depuis longtemps. Quand j'ai perdu ma fille j'étais sûre et certaine de ne jamais vouloir être enceinte à nouveau, parce-que je pensais à l'époque que jamais plus je ne serai avec Chris et que je voulais seulement des enfants de lui, et aussi parce-que j'avais peur de revivre cette souffrance encore une fois. Mais maintenant tout à changé et je ne me suis pas demandé si j'avais envie d'avoir un enfant avec lui car la réponse me paraissait évidente, quand on en a parlé la dernière fois, je pensais qu'on avait le temps, qu'on devait surtout prendre le temps de se retrouver avant de mettre ça sur le tapis. Mais il n'y a pas de bon moment pour faire une enfant.

- Moi aussi.

Il souffle de soulagement et ses yeux s'illuminent. Un petit sourire vient étirer ses lèvres. Il me tourne sur le dos et se met au dessus de moi en embrassant mon cou.

- Ah tu voulais dire maintenant, maintenant ? Rié-je.

- Le plus tôt possible, je veux pas attendre.

- Vu ce que je sens sur ma cuisse, effectivement tu n'as pas le temps !

Je le sens sourire contre ma clavicule qu'il embrasse. Je passe ma main dans sa nuque et la fait glisser jusqu'à ses omoplates.
Il vient chercher mon téton avec sa bouche et le mordille légèrement, me pinçant l'autre entre ses doigts. Il me connaît par cœur, il sait à quel point ça me rend folle quand il fait ça. Je bascule la tête en arrière et passe mes mains dans ses cheveux en gémissant. L'avantage de dormir nu, c'est qu'aucune barrière ne vient se mettre entre nous et je me languis d'impatience de le sentir en moi. Son membre tape à l'entrée de mon vagin à chaque petit mouvement qu'il fait, je passe mes jambes autour de sa taille et l'attire plus près de moi, lui faisant comprendre que je le veux.

- Il n'y a pas que moi qui soit pressé...

- Prends-moi. Dis-je, le regard brûlant de désir.

Il remonte sa tête contre la mienne et me regarde en souriant  en se mordant la lèvre.

- Autant de fois que tu le voudras chérie.

Il pose ses lèvres sur les miennes, venant chercher ma langue avec la sienne alors qu'il entre en moi doucement. Je gémis contre sa bouche, renforçant ma prise derrière son dos avec mes jambes. Je passe une de mes  mains le long de son dos et l'autre contre son torse en appréciant chaque mouvement qu'il fait en moi lorsque qu'il accélère enfin.

- Oh Chris... C'est trop bon !

Je ferme les yeux et me mords la lèvre alors que la bouche de Chris revient trouver mon cou qu'il embrasse et mordille légèrement.
Je le pousse pour me retrouver sur lui et ondule mon bassin en posant mes mains sur son ventre. Ses mains se posent sur mes hanches qu'il serre en poussant des râles de plaisir de plus en plus rauque.
D'une main, il revient chercher un de mes seins qu'il malaxe et je me laisse emporter dans un orgasme dévastateur, ce qui le fait venir à lui aussi. Je m'écroule sur lui, essoufflée et heureuse.
Chris m'embrasse sur le front et m'entoure de ses bras.

- Ça me tarde que tu sois enceinte.

- Tu n'as jamais été très patient.

- Non jamais. Rit-il.

Je ne sais pas pourquoi on n'a pas fait ça avant, lors de notre premier mariage je veux dire. On a toujours dit qu'on voudrait des enfants mais on ne s'est jamais lancé, quand je suis tombé enceinte c'était un accident, je prenais la pilule mais aucune contraception n'est fiable à cent pourcent. Avec le recul je me dis que si on avait eu un enfant avant notre rupture on ne se serait pas séparés, je pense même que tout aurait été différent dans notre relation, ça nous aurait calmé et on aurait appris à vivre à trois.
Je sais très bien que si je n'avais pas perdu notre bébé il y a trois ans on se serait remis ensemble, nous n'aurions pas pu vivre séparés avec un bébé entre nous, on aurait fait plus d'efforts... Mais la vie n'est pas toujours facile ni juste.
Je veux réellement un bébé, mais j'ai tellement peur de vivre une autre perte, je ne sais pas si je parviendrai à y survivre cette fois, c'était tellement dur, j'ai mis des mois à enfin pouvoir aller de l'avant, grâce à Kate. Je ne sais pas ce que j'aurai fait sans elle, et je peux dire ça pour chaque évènement de ma vie. Elle est mon pillier depuis presque quinze ans. Quand j'ai quitté l'Illinois après mon émancipation, je suis venu à Los Angeles pour vivre la vie dont j'ai toujours rêvé : être une grande actrice. Et j'ai rencontré Kate, elle a su voir du talent en moi et m'a prise sous son aile, me décrochant de petits rôles dans des séries à succès et petit à petit je me suis fait un nom. Alors c'était logique pour moi que je me tourne vers elle quand j'ai perdu ma fille, c'était la seule personne qu'il me restait en qui j'avais assez confiance pour m'effondrer sans craindre de paraître faible. Elle m'a botté le cul plus d'une fois, et si aujourd'hui je suis là, c'est à elle que je le dois. Elle a toujours vu ma relation avec James d'un mauvais œil, même si elle connaissait nos coups de sang à Chris et moi elle ne comprenait pas comment je pouvais choisir la facilité à la folie. Oui parce-que, qu'on se le dise bien, Chris et moi ça a toujours été de la folie, je n'aurai jamais pensé qu'il était possible d'aimer quelqu'un à ce point et d'être capable de mourir pour lui autant qu'il me donnait envie de le tuer. Elle me disait souvent qu'un jour je retournerai vers lui quand je comprendrai que ça ne marchera jamais avec aucun autre et pourquoi. Et je pense même que je l'avais compris depuis un moment mais je n'étais pas prête à assumer le fait d'avoir tout envoyé balader pour rien, pas prête non plus à m'avouer que si je ne l'avais pas quitté, je n'aurais probablement jamais été agressée et que donc j'aurai eu le bonheur de voir naître mon petit bébé.
Et vous voulez savoir quand tout à changé ? Quand j'ai compris que je devais quitter James et retrouver l'amour de ma vie. Ce jour là, ça a été une illumination. Je revenais du studio où j'avais couché avec Chris après avoir appris qu'il était sorti avec quelqu'un, je tournais en rond en me suppliant de faire le bon choix et ça m'a frappé. Je devais aller de l'avant, je devais me pardonner et surtout comprendre que j'avais le droit de m'être trompé il y a trois ans. J'ai toujours été tellement exigente envers moi-même que je refusais de m'avouer mes erreurs, mais dans la vie il faut savoir ravaler sa fierté, ça ne fera pas de vous quelqu'un de faible, au contraire, ça sera votre plus grande force. Et c'est seulement quand on a compris ça qu'on peut enfin prendre le risque d'être heureux.