On a dansé jusqu'à minuit [Terminé]

PARTIE UNE : Lila

Comme à mon habitude, je suis incapable de choisir quoi mettre pour accompagner ma sœur à sa prétendue soirée, où je vais certainement m'ennuyer pendant qu'elle dansera avec aisance en éblouissant toute l'assistance. Et pendant que j'hésite entre mon pantalon bleu fétiche et un short blanc que je salirai sûrement, ma sœur elle essaie trente tenues différentes sans savoir faire son choix.

— Hortense, je ne me sens pas à l'aise, j'enfile un jean et c'est tout, décidé-je finalement en me dirigeant vers la partie de notre dressing qui m'appartient.

Et qui n'est pas très grande, disons-le franchement, puisque les fringues de ma sœur emplissent les trois quarts de l'espace.

— Hors de question Lila, tu ne me feras pas honte ! Il ne manquerait plus que tu te ramènes avec ta polaire, tant que tu y es !

Je soupire et me laisse tomber au bord du lit de ma jumelle. Elle est casse-pieds, à toujours refuser de me laisser choisir moi-même mes vêtements, quand nous sortons toutes les deux. Elle, la styliste en devenir, celle à qui tous les vêtements font, la fille qui ne peut pas s'empêcher de parler mode et pièces de tissus quatre fois par jour. Elle est casse-pieds mais aussi une partie de moi, et je l'adore malgré tout.

N'empêche que si je pouvais parfois m'habiller comme je veux sans subir ses jérémiades, ça serait génial...

— Hortense, une fois dans ta vie, est-ce que tu pourrais...

— Non, je ne peux pas, me coupe-t-elle aussitôt. Tu m'as déjà fait cette demande il y a deux mois quand on est allé à la patinoire, j'ai accepté, et tu es passé à côté d'au moins deux rencards ! Tu es super jolie, faut utiliser ton enveloppe charnelle Lil' ! Alors c'est non-négociable, de toute façon, je viens de t'acheter une nouvelle robe, elle t'ira super bien !

Je gronde en réprimant mon envie de la traiter de tous les noms d'oiseaux que je connais. Je ne déteste pas totalement qu'elle me dise quoi mettre, mais je hais les jours où elle ne me demande pas mon avis pour m'acheter des habits. Non mais quoi ! A dix-sept ans, je sais quand même choisir toute seule !

Pourtant, elle vous dirait que non, mais ça, c'est uniquement par future déformation professionnelle.

— Merci Lil', je savais que tu accepterais ! sourit-elle, en me claquant un bisou sur la joue et se tournant vers notre garde-robe pleine à craquer.

Elle ne sort une robe longue et d'un rouge vif qui me fait immédiatement écarquiller les sourcils. De petits volants recouvrent la poitrine de la robe, et la suite n'est que volants jusqu'au sol. Cette robe est beaucoup trop imposante pour que je puisse la mettre, et je suis certaine qu'elle sera bien trop longue ! Ce n'est pas moi, d'enfiler une telle chose ! Pourquoi ne prend-elle jamais des robes simples et passe-partout ? Je sais bien qu'elle veut me montrer que je peux être aussi canon qu'elle, en m'habillant ainsi, mais je ne suis pas certaine que ce soit ce que je recherche...

— Sincèrement, j'aurais l'air d'une gamine encore plus que j'en ai l'air d'habitude Hortys'...

— Lil', il n'y a aucun frein à ta vie, c'est toi qui refuses d'avancer et de regarder droit devant toi !

Je ne peux m'empêcher de sourire face à sa référence du Monde de Némo, avant de me reprendre. Je saute de son lit sur le sol pour sortir de la pièce, mais ma fausse jumelle m'attrape et me tire en arrière.

— Tu mets cette robe pour ce soir. Ou alors je brûle tous tes bouquins.

— Je ferais un feu de camp avec tes habits alors, la défié-je en la fusillant du regard de s'en prendre à ma passion à moi.

— Une fois Lil' ! Une seule petite fois cette semaine, je te demande de mettre cette robe ! me supplie-t-elle presque, en me tendant le cintre où pend la merveille de tissu qu'elle a dénichée. Elle est faite pour toi, je t'assure !