##h## : EXISTENCE ERROR

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Le son strident de son sifflement, l'obscurité l'englobant, le train poursuivait sa course folle vers l'obsolescence promise par James. Enora, le cœur battant sentit son sang affluer à la même vitesse que le train suivait les rails. Elle ramena son regard vers James qui regardait, affolé par la fenêtre. James ? Plus affolé qu'elle ? Ils étaient vraiment dans une situation problématique si ce n'est catastrophique.

— James ? tenta Enora.

Les iris de James errèrent un instant encore le long du couloir habillé du tapis rouge pour finalement se stabiliser dans ceux d'Enora. Cela sembla le ramener à la réalité et il agrippa le bras de la jeune femme.

— II faut qu'on y aille, chuchota-t-il la voix tendue. Maintenant.

— Quoi ? Mais...

Sans lui laisser l'occasion de poursuivre, James se saisit de son magnétoscope. D'un geste hâtif, ne ménageant pas son appareil qui semblait déjà au bord de la ruine, il déploya l'antenne et appuya sur bouton play. Une onde bleutée se déploya le long de l'antenne et, dans un foudroiement, elle s'élança créant un fil blanc.

— Maintenant, il faut une porte, celle du wagon fera l'affaire, souffla James.

D'un geste rapide, il ferma la porte du wagon, dirigea son Walkman et appuya sur une nouvelle touche.

Durant un instant, si Enora n'avait pas sa main tenue fermement par celle de James, elle aurait sûrement rencontré le mur d'en face, tant la force qui se déploya fut forte. Les cheveux tirés vers l'arrière, son manteau en queue-de-pie ployant lui aussi sous la forme de l'onde bleutée, James resserra sa prise avant d'ouvrir la porte.

— Le lien est là ! cria-t-il en montrant du doigt la traîné blanchâtre qui partait dans la direction d'un wagon plus loin. Nous pouvons remonter plus loin. Il faut partir. Maintenant !

Enora avait du mal à garder les yeux ouverts tant les rafales de vent s'intensifiaient. Elle avait posé sa main libre devant son visage, mais c'était comme se protéger d'un ennemis bien trop fort. Si fort qu'il rendait toute tentative de défense inutile. Elle jeta un regard sur James qui attendait de la voir faire le premier pas, puis rapprocha son regard sur le filament qui flottait paresseusement dans une direction incertaine. Incertaine ? Non. Enora le sentait. C'était comme si elle le sentait en elle. Elle savait vers qui ce lien tendait.

— L'autre Enora...

La jeune femme reporta son attention sur James, toujours piégé dans un profond mutisme et vit ses iris habités cette fois-ci d'une émotion nouvelle.

Elle ne savait pas l'expliquer, mais, quelque part, elle avait compris que James avait prédit son acte.

Elle ne pouvait pas partir. Elle ne pouvait pas laisser son double aux prises d'un destin cruel. Combien de fois s'était-elle retrouvée de l'autre côté du miroir, à espérer qu'une personne la sauve ? Combien de fois n'avait-elle pu que regarder d'un œil envieux l'autre côté sans pouvoir s'y échapper et sans que personne ne la rejoigne pour l'aider ?

La prise de James s'atténua légèrement. Comme si affaiblir sa prise permettrait à James d'assurer une plus grande emprise sur Enora. Mais non. La jeune fille en profita pour échapper complètement à la prise du Time et s'élança en suivant le lien.

— Enora ! Enora revient !

James jura et sans attendre coupa l'énergie de son Walkman. Il espérait qu'Enora puisse lui pardonner.

— Tu ne me laisses pas le choix ! lança-t-il.

Le lien perdit de sa force et Enora regarda, paniquée, son seul moyen de retrouver son double disparaître. Ah, il pensait qu'elle allait abandonner comme ça ? C'était mal la connaître ! Sans attendre elle se saisit du fil qui devenait plus transparent et comme si elle avait saisi à main nu la foudre elle-même une nouvelle onde d'électricité – du moins était-ce là, sa seule manière de la décrire – s'empara de ses bras, remonta le long de son buste, glissa le long de ses épaules pour finalement retourner vers le fil qui gagna en clarté.

Time FamilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant