Quatrième Partie - Juillet 1850/1866

111 5 5
                                    

1er juillet 1850

Une sensation nouvelle s'empara du faucheur. Il se mordit d'abord les lèvres cherchant à la contenir au mieux. Puis, se tordit soudainement et saisit son ventre. Ses épaules furent prises de secousses. Sa bouche se délia, et il se mit à rire, un rire aigu et strident qui résonnait à travers le manoir tel un écho de folie. Bientôt, il s'effondra au sol, saisissant son ventre comme pour apaiser l'excès de jubilation qui le submergeait. Les minutes s'étirèrent, mais son rire dément persista, comme une mélodie discordante qui refusait de trouver sa conclusion.

Enfin, le tumulte s'apaisa, laissant l'homme allongé sur le parquet. Son catogan était défait, ses mèches d'argent en désordre, et ses lunettes gisaient au bout de son nez. Il tourna son regard fulgurant vers la comtesse, qui l'observait avec une intrigue mêlée d'inquiétude.

«Ma parole, vous êtes fou.» La comtesse s'approcha à quatre pattes. «Est-ce que vous allez bien ?» demanda-t-elle, préoccupée.

Soudain, d'une main puissante, il saisit sa nuque et l'attira vers lui. Les cheveux indigo de Claudia s'entremêlèrent avec les siens, et leurs lèvres se rencontrèrent, suscitant une sensation de plaisir inexprimable. Son corps brûlant de désir, il l'enlaça étroitement, la pressant contre lui. Sa langue avide léchait maintenant bestialement sa gorge, remontant le long de son cou jusqu'au lobe de son oreille.

«Arrêtez, je vous en prie. Nous pourrions être surpris. Vous êtes vraiment fou», répéta-t-elle, haletante.

Le faucheur desserra son étreinte, tandis qu'elle le contemplait, toujours perchée au-dessus de lui. Elle observa, fascinée, le visage pâle du serviteur, portant ses doigt sur la longue cicatrice qui traversait sa joue gauche jusqu'au milieu de son œil droit. Pour la première fois, elle remarqua les étranges boucles d'oreilles noires qu'il portait. Il se releva en premier, tendant sa main pour l'aider à se redresser.

Ce jour-là, ils ignoraient tous deux qu'une femme de chambre, attirée par les rires effrénés, les avait observés depuis l'entrebâillement de la porte, plongeant dans leur intimité un regard indiscret.

*

Ses bottes crissèrent sur le sol de pierre humide tandis qu'il rassemblait avec un soin méticuleux les parchemins, les livres poussiéreux, les fioles étranges, et les extraits de lanternes cinématographiques qui encombraient son bureau. La lueur tamisée des chandelles vacilla une dernière fois, laissant dans son sillage une atmosphère imprégnée de secrets insondables. N°136649 quitta d'un pas empreint d'une certaine solennité son laboratoire, antre de ses expériences mystérieuses.

Alors qu'il amorçait l'ascension de l'interminable escalier de pierre, un homme austère descendit à sa rencontre. Son crâne dégarni reflétait la lumière blafarde des chandelles, encadré par d'épaisses lunettes rectangulaires.

«Bonjour, n°136649. J'ai pris le temps d'examiner votre demande, et je regrette de vous annoncer que celle-ci a été irrémédiablement rejetée. Claudia Phantomhive n'est pas digne d'être sauvée. Néanmoins, je dois reconnaître que vous m'avez offert un divertissement inattendu.»

Un sourire presque énigmatique anima le visage du sous-directeur alors qu'il continuait de parler.

«Vous avez failli me berner, c'est la première fois qu'on me présente un livre falsifié. L'idée de changer le nom et les dates d'une vieille lanterne est assez audacieuse. Vous êtes véritablement un faucheur exceptionnel.»

Ses yeux, derrière ses lunettes, scrutaient le visage de n°136649, exprimant un mélange d'amusement et de scepticisme.

«Pourquoi le brillant n°136649 s'acharne-t-il à repousser la mort d'une simple humaine ?» reprit-il d'un ton pensif. «Ma curiosité m'a poussé à obtenir l'original de ce livre à la bibliothèque centrale.

The Resignation of a Green Reaper (Undertaker X Claudia Phantomhive Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant