TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième type

[ 40 ] Prédateur, hélicoptères et poupée de chiffon

[ Canada, CB, île Nootka, l'Arche
28 Mai 20**
20H21 ]

[ Taima ]

Nous nous précipitons dehors. Je ne perçois même pas la fraîcheur nocturne picoter ma peau. Ce que je sens, en revanche, ce sont les frissons d'effroi qui remontent mon échine.

Dans le ciel, les étoiles sont occultées par les lumières d'hélicoptères entrant en stationnement au-dessus de nous. Je plaque mes mains contre mes oreilles pour les protéger du bruit terrible que font les pales. Le vent qu'elles produisent soulève la poussière au sol, renverse des chaises et d'autres objets légers.

Les phares balaient les habitations, les ruelles et la place centrale, avec ses flammes dévorant encore quelques bûches. Mais surtout, les projecteurs mettent en évidence les Semi'Sangs hurlant qui courent se mettre à l'abri. Quelques-uns de nos amis accourent vers nous, à la recherche des deux chefs, Wolfgang Stark et Arthur Karl.

— Ils nous ont trouvés ! s'écrit Isaac en apparaissant devant nous.

Lorsqu'il dit ça, des extrémités de cordes jetées depuis les airs atteignent le sol, des hommes armés glissent. Les pales d'hélico couvrent presque tout le bruit.

— Rendez-vous et aucun mal ne vous sera fait ! Rendez-vous et aucun mal ne vous sera fait ! répète inlassablement une voix dans un haut-parleur.
— Pas sans nous battre ! réplique Wolfgang, les dents serrées.

Il darde son regard sur nous.

— Mettez à l'abri les enfants et les vieux ! Tous ceux qui le peuvent doivent se battre !

Tout le monde hoche la tête et se disperse par petits groupes. Moi, je décide de rester auprès du Professeur.

— Nous n'allons pas laisser l'histoire se reproduire, jure-t-il en dégainant la lame de sa canne.

Le roux lui lance un haussement de sourcil.

— Tu ne fais pas partie des vieux à mettre à l'abri ?
— Très drôle... réplique Karl en tendant la pointe de son épée vers un paramilitaire.

Celui-ci lâche son arme et vient se planter juste devant Karl. Ce dernier enfonce sans mal sa lame dans sa carotide.

— Pas ma... Tous au sol !

Je me jette à terre, relève la tête juste à temps pour voir Wolfgang effectuer une roulade sur le côté, attraper une assiette en grès et la lancer comme un frisbee sur un attaquant, qui se prend le projectile en pleine tête. Il bondit sur un toit et atterrit juste derrière l'homme sonné pour passer le fil d'une lame à son cou. J'aide Arthur Karl à se remettre debout, impressionnée par les réflexes du roux.

— Me regarde pas avec cet air étonné. Pourquoi tu crois que je suis surnommé « Wolf » ? J'ai des capacités physiques augmentées et je suis capable de localiser les points vitaux et les points faibles de mon ennemi. Je suis un parfait prédateur, sourit-il.
— Impressionnant, mais ne sous-estimez pas les hommes d'Indominus Lex.

Trois d'entre eux arrivent justement sur nous. Je les électrocute et ils tombent à terre, fumants. Un gros « boum » fait trembler la terre derrière moi. Je fais volte-face. Des Hulks commencent à être débarqués avec les soldats, non pas en glissant le long des cordes, mais en sautant directement des hélicos.

— Ils les ont fabriqués à la chaîne ou quoi ? questionne Wolf en dégainant un second couteau.

— Ils n'avaient pas l'air aussi méchants face à vous à Ottawa.

Mon regard croise celui, vide, de l'un des mastodontes. Il y a plus de tuyaux verdâtres que dans mes souvenirs... Je déglutis, recule instinctivement d'un pas.