TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième type

[ 45 ] Retrouvailles, rouge et apocalypse

[ Washington D.C, U.S.A,
04 Juin 20**,
04H34 ]

[ Trixie ]

Les vrombissements d'hélices percent le chaos ambiant. Dans le ciel nocturne, les projecteurs nous éblouissent. Une dizaine d'hélicoptères quadrillent la zone des combats. Les portières coulissantes sont ouvertes et des mitraillettes pointées vers nous. Les larges rues sont inondées par des tanks et des engins militaires flanqués de l'armoirie étoilée de la U.S. Army... Des soldats en treillis et en armure les accompagnent. C'est le bordel en bas et dans ma tête. Qu'est-ce que l'armée américaine fait dans les rangs des Indominus Lex ? Les tirs de balles commencent à siffler à mes oreilles. Ils visent les Semi'Sangs !

En réponse à ce nouvel assaut, un second vaisseau Az rejoint le premier, qui stationne dans les airs depuis le début des opérations. Le nouveau venu ouvre grand sa soute. Sans bruit, des vaisseaux supportant deux guerriers plongent dans le vide. Ils ressemblent à des libellules de métal, le corps du vaisseau souple comme une colonne vertébrale, trois paires d'ailes bleues, blanches, vertes, rouges ou violettes, nagent dans les airs comme des poissons volants. Davantage d'Az'Vlow déploient leurs ailes pour attaquer les soldats qui tirent de gros calibres depuis les hélicoptères. Ils possèdent des armes semblables à des lances en argent, avec des lames transparentes, mais capables de tirer des projectiles ressemblant à des halos blancs.

Les combats font rage. Les rues entourant le laboratoire Nettie Stevens ne sont plus que ruines. La fumée s'élevant dans les airs me mique les yeux, malgré l'altitude à laquelle je lévite. Toutes le voitures sont retournées et/ou en feu, les façades des bâtiments et des immeubles ont pris un sacré coup, les jardins autour du laboratoire ont été labourés, les installations, réduites en charpie, le goudron de la route, broyé en gravats. Les soldats de chaque camp poussent des hurlements de colère et de douleur mêlées. Les tirs de mitraillettes ou d'armes à feu futuristes montent dans les airs. Les pales tournoyantes des hélicoptères gouvernementaux qui ont été dépêchés me vrillent les tympans tout en produisant un souffle qui soulève la poussière. Le tout a rendu nécessaire l'évacuation des habitants sur un rayon de trois kilomètres. Bref, c'est l'apocalypse.

Mais nous, soldats Ases et Semi'Sangs, voyons les portails de Guiño s'ouvrir et se refermer pour faire apparaître de plus en plus de Semi'Sangs capables de grossir nos rangs, comme autant de cadeaux reçus en avance pour Noël.

Une voix grave me statufie.

— Trixie !

Je laisse les Az'Vlow se débrouiller dans les airs et plonge vers le sol. Arsène me tend les bras. Je l'enlace aussi fort que je le peux, soulagée d'entendre son cœur battre et rassurée par son odeur familière, même si elle est entachée par celle de l'aseptisant et de la sueur.

— J'ai eu tellement peur pour toi... J'aurais dû empêcher ça...

La beauté de ses yeux rouges et de son sourire à la dent cassée ne m'a jamais autant frappée.

— Je sais, je sais... Et c'est pas ta faute, dit-il en caressant mes cheveux. Mais je suis à nouveau là, avec toi, me jure Arsène avant de m'embrasser.

Je réponds à son étreinte, me laisse aller contre lui pendant quelques secondes salvatrices. Mais je me sépare à contrecœur du brun. À la place, je lui tends une ceinture avec un couteau, un pistolet et des munitions. Arsène s'empresse de passer l'attirail à sa taille. Quelque chose me fait soudain tilter.

— Où sont Fairy, Thunderbird et Guiño ?

Arsène fronce les sourcils, cherche des yeux dans le chaos autour de nous alors que je flotte toujours face à lui.