I keep it, just in case.

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Je me souviens encore de toi.

Je me souviens encore de nous.

Un peu comme si d'une certaine façon, ton souvenir était éternel. Et pendant longtemps, je m'étais assis devant ma fenêtre le soir, après avoir mangé et pris ma douche. Je m'accoudais à cette fichue fenêtre, celle sur laquelle tu aimais tant t'asseoir alors que moi, j'avais toujours eu peur que tu tombes. Mais j'aimais bien te voir assis là, la tête un peu dans les nuages avec ce sourire qui faisait froisser ton petit nez.

Alors à mon tour, je m'asseyais à cet endroit. Enfin, j'avais toujours aussi peur de tomber alors je restais seulement contre, en essayant de me souvenir du son de ton rire lorsque tu me disais qu'il n'y avait rien à craindre, puisque tu étais là.

Mais tu n'y étais plus.

Tu n'étais plus là.

Et puis, je regardais bêtement le ciel. Les mains jointes ou alors juste avec une cigarette au coin des lèvres. J'essayais de ne pas faire attention à cette douleur au centre de ma poitrine, celle dont tu étais le seul médicament.

Je pouvais y rester des heures, en écoutant défiler ce genre de playlists tristes à en crever, comme si, un peu comme un con, j'essayais de me faire encore plus de mal.

Même en regardant l'heure passer, alors que mon corps me criait d'aller dormir pour être en forme pour le lendemain, mon cœur me suppliait de rester. J'avais besoin, je crois, de demeurer là et de me souvenir de tout ça. C'était un peu sadique, et puis Jimin me répétait souvent qu'il était content que je n'en parle plus. C'est vrai, je n'en parlais plus. Pas à lui.

Je parlais à la lune.

Je parlais avec elle, parce que c'était plus facile. Je parlais aussi aux étoiles, en leur demandant silencieusement et bêtement qu'elles te ramènent à moi. J'avais l'air d'un pauvre con. Vraiment.

Chaque soir, je me retrouvais dans mon lit à fixer le plafond. Dans le silence complet, j'essayais de me souvenir du son de ton rire. De la façon dont cette douce tonalité me faisait frissonner. Et toi, tu n'étais pas là.

Quand je fermais les yeux, je me souvenais de tout. Je pouvais vraiment me plonger dans mes souvenirs comme toi lorsque tu te plongeais dans un film. Je me souvenais du premier regard que l'on avait échangé, aux derniers mots que l'on s'était prononcés.

Je me souvenais de ces états d'ivresse dans lesquels je m'étais plongé lorsque tu étais parti. Il n'y avait personne à blâmer, à part moi et ces fichus boissons dans mes mains errantes, qui avaient perdu leurs refuges.

Je me souvenais de ce que j'aurais voulu te dire, ce jour-là sous la pluie. Ce jour-là, dans les ruelles des nuits hivernales. J'aurais voulu te demander d'oublier, car au fond ce n'était pas ce que j'avais vraiment voulu te dire.

Je me demandais... Que suis-je maintenant ?

J'essayais de reprendre le fil de ma vie, de saisir là où j'avais été pour comprendre là où je voulais en venir.

J'avais peur de ne pas être moi. De ne plus pouvoir l'être.

Et si je devenais quelqu'un que je ne voulais pas être ?

Et si... Si je tirais définitivement un trait sur nous, je me demandais si je tombais, sans jamais pouvoir me relever. Je crois que j'avais peur. J'avais peur de te dévoiler toutes ces choses que je ne t'ai jamais dites, de peur de me confronter à une réalité où je n'avais plus ma place.

Tu avais fini par m'avouer que tu te souciais de moi, que je te manquais aussi. Je savais que je rêvais encore un peu trop de toi, de nous. Mais à chaque fois que je le réalisais, je me demandais pourquoi tu réussissais toujours à revenir sans te poser de questions. C'était peut-être naturel, si naturel et instinctif que ni toi, ni moi ne pouvions en définir la raison.

IN CASE - OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant