Le Porte-Cendre [Abandonné]

Chapitre 1 : Les couleurs du couchant

Les couleurs pastels du couchant éclairent et colorient le visage pâle d'Isaac et se reflètent dans ses yeux de jade, perché sur un arbre en haut d'une falaise et contemplant les reflets de l'astre de feu sur l'eau cristalline du port d'Erytras en contrebas. Alors que la brise lui caresse doucement le visage, il rêve d'une vie d'Aventure comme celle des grands Héros d'autrefois. 

Selon la légende, il y a un peu mois de deux cents ans, un groupe d'aventurier monté de bric et de broc s'était dressé contre un groupuscule visant à apporter la ruine sur le monde pour la gloire de Nox, le Dieu Primordial de l'Ombre. Alors que cette secte connue sur le nom de la Cabale des Ombres liait des alliances avec des fiélons et des aberrations, quatre voyageurs dans une taverne se liguèrent pour lui barrer la route. Les forces destructrices du feu, la force brute  d'une hallebarde, la polyvalence du druidisme et la lumière éclatante de la foi eu raison de l'obscurantisme de la sombre organisation. 

Et Isaac, lui, rêve de vivre une vie similaire, courir la lande, une épée dans une main, la tête sanguinolente d'une immonde créature dans l'autre, être acclamé par les citoyens de Floraison et être récompensé par la reine elle-même. 

Mais ses songes sont une fois encore dissipés par la voix douce mais autoritaire de sa sœur : 

"Arrête de rêver mollasson ! Et descend de là c'est dangereux !"

Une jeune fille se tenait droite à la base du tronc, ses yeux verts braqués vers Isaac. Les sourcils froncés, elle passe sa main dans ses cheveux roux. Sa robe et sa visage sont maculés de terre cependant ses tâches de rousseurs continuent de percer sous la crasse accumulée par le travail dans les champs. 

"Calme toi Imogen, j'arrive. Et puis ce n'est pas dangereux tant qu'on sait ce qu'on fait." Dit-il en riant. "Mais est-ce que je dois vraiment revenir ? Il ne fait pas encore nuit, et je suis à trois minutes de la maison."

"Trois minutes c'est suffisant pour qu'un orque t'arrache un bras."

"Toujours dans l'exagération."

"Puis mère te demande." Souffle alors Imogen d'un ton grave.

A ces mots, Isaac se redresse, et comme poursuivit par une guêpe, il descend des branches du cyprès dans lequel il se reposait. Passant à côté d'Imogen dans un sprint, il prend le chemin de terre battue entre deux champs d'orge qui mène à une simple maison de pierre à côté d'une imposante grange en bois, sa sœur le suivant difficilement dans sa robe de lin. L'été est passé et malgré que le temps reste clément, la mère d'Isaac, Imogen et Hirend est tombée malade soudainement. 

Alors qu'il pousse la porte de bois vermoulu, sa mère alitée tousse de manière sonore dans le fond de la seule salle qui compose la masure. Hirend, le petit frère d'Isaac, se tient à genoux sur le sol, proche du lit, tenant dans ses mains une lettre cachetée ouverte.

"Mère, vous m'avez demandé ?" Demande Issac le souffle court.

"Oui.." Dit-elle dans une quinte de toux "Tu as été convoqué par l'échevin. Il parle d'agissement étrange... De témoins qui t'auraient vu manier la magie... Isaac, qu'as-tu fait ?.."