Dragon God Quest Volume 1 - Les cinq démons

Chapitre 5 - la grande aventure de Melgar

Aussi loin qu'il se souvienne, Melgar avait toujours vécu avec celui qu'il appelait « grand-père ». Tous deux habitaient dans une petite maison isolée dans les montagnes de Carl. Célion, le grand-père de Melgar, vivait de la culture de ses champs, des quelques monstres apprivoisés qu'il élevait et même s'il y avait beaucoup de travail, Melgar avait le souvenir d'une vie plutôt agréable.

Cependant, un jour le jeune Melgar s'était mis à poser des questions à Célion :

- Dis, grand-père, pourquoi est-ce que mes oreilles sont pointues alors que les tiennes sont rondes ?

Célion arrêta ce qu'il était en train de faire, se tourna vers Melgar en tendant les mains et lui dit :

- Tu vois ces mains ?

- Bien sûr, ce sont les tiennes, grand-père.

- Regarde-les de plus près : la gauche a un doigt un peu tordu alors que la droite en a un autre plus court que la normale. Alors si les deux mains d'un même personne ont déjà des différences entre elles, imagine ce que c'est quand on compare une personne avec une autre !

- Je comprends. Même si on ne se ressemble pas complètement, on est pareils quand même.

- Oui, c'est ce qu'il faut retenir mon enfant, on est tous pareils.

Pourtant, quelques mois plus tard, les doutes de Melgar ne firent que s'amplifier. Célion était monté sur une échelle pour changer une tuile cassée sur le toit et, en redescendant, il avait glissé. Rien de bien grave mais par réflexe il s'était retenu avec les mains et s'était un peu écorché. Melgar, qui se blessait régulièrement, savait bien que son propre sang, comme celui de tous les démons, était bleu, mais il n'avait jamais vu le sang d'une autre personne avant.

- Grand-père ! Tu saignes rouge ! Que t'es-t-il arrivé ?

Mais, chose extrêmement rare, le grand-père s'énerva contre Melgar.

- Ne t'occupe pas de ça. Je vais bien et tu es mon petit-fils, c'est tout ce qu'il y a à savoir !

Avec le recul, Melgar comprit que Célion essayait de le protéger en lui faisant croire à tout prix qu'ils étaient liés par le sang, mais la méthode était extrêmement maladroite. Si dès le départ il avait expliqué à l'enfant pourquoi ils étaient différents et que cela ne les empêchait pas d'être une famille et de s'aimer, il l'aurait accepté naturellement et cela n'aurait plus été la cause de tourments.

Plus les années passèrent, plus Melgar devinait qu'on lui cachait des choses. En grandissant il devenait de plus en plus évident que lui et son grand-père étaient très différents physiquement et les rares fois où quelqu'un passait les voir, par exemple un marchand ambulant, Célion le forçait à se cacher jusqu'à ce qu'il soit reparti, mais Melgar les regardait toujours discrètement et aucun des marchands n'avait jamais eu les oreilles pointues.

Tout bascula par une belle journée de printemps. Melgar et son grand-père vaquaient à leur activités quotidiennes dans les champs quand des cris attirèrent leur attention.

- Va te cacher dans la maison, ordonna Célion d'une voix autoritaire.

- Mais...

- Maintenant ! Insista-t-il.

Melgar n'eut pas d'autre choix que de passer par la porte arrière de leur petite maison pour se cacher. Comme d'habitude, il se positionna derrière les rideaux pour pouvoir observer ce qu'il se passait. Il entrouvrit même la fenêtre pour pouvoir entendre ce qui se disait.

- Que venez-vous faire ici ? Demanda Célion.

Face à lui, une foule d'une dizaine de personne à l'air passablement énervés.