Chapitre 5: La sauce à laquelle j'aimerais être mangée

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L'agacement commence à se faire sentir et je te lance :

— Tu passes ton temps à torturer les gens et quand je te demande de me faire la même chose tu ne veux pas, c'est quoi ton problème ?

— C'est parce que tu me le demandes justement, c'est toi qui as l'air d'avoir un problème, et un gros.

— C'est toi qui oses me dire ça ! Je te signale que tu es entré chez moi par effraction et que c'est toi qui m'as enfermée ici !

— Je voulais faire peur à ton connard de mari, en t'effrayant un peu, pas en te blessant, je ne torture pas les femmes.

— Sexiste en plus d'être psychopathe, je vois.

— Tu es différente. Et puis avec toutes ces cicatrices que tu as déjà, tu as déjà bien commencé le travail je trouve.

En disant cela, ton visage perd un peu de sa dureté et tu esquisses une moue qui te rendrait presque sexy. Tu es beau, à n'en pas douter, je l'ai remarqué à l'instant où tu as débarqué chez moi. Tu as ce visage et ce corps bien dessinés, mais il ne s'agit pas que de ça. Cher geôlier, tu possèdes cette flamme qui brûle dans le regard, des yeux de feu et de glace qui pourraient incendier l'Antarctique.

— Je t'ôte ton plaisir c'est ça, dis-je avec regret.

— On peut dire ça oui.

— Alors trouve autre chose à me faire qui te fera plaisir aussi.

— Facile à dire, lances-tu d'un air pas si désintéressé. Espèce de masochiste.

Je marque un temps d'arrêt. Tu n'as pas tort, masochiste, c'est probablement ce que je suis, je ressens un certain plaisir dans la douleur, en fait c'est même ce que je recherche en ce moment même. Que tu me fasses mal, que tu me blesses, que tu sois le sadique dont j'ai besoin.

Au bout d'un moment tu finis par dire, un sourcil relevé :

— J'ai peut-être quelque chose pour toi, si tu tiens vraiment à en baver ce soir.

— Tu m'intéresses...

— Je reviens.

Tu te retournes et marches en direction d'une porte que je ne vois pas. Autour de moi la pièce irradie de lune et de poussière et exhale une odeur de fer et de rouille qui éveille mon imagination. Sommes-nous sur Mars ? M'aurais-tu emmené en fusée durant la nuit, sans que je m'en aperçoive ? Tes yeux sont deux lunes de plus au ciel, tu pourrais presque supplanter la nuit toute entière et contenir tous mes rêves dans une seule de tes mains. Pourrions-nous être deux extraterrestres, c'est-à-dire deux terrestres loin de la Terre, deux étrangers perdus dans l'Univers ? Il me plaît de penser que nous pourrions être les deux seuls êtres de la même espèce et que ce soit la raison pour laquelle tu m'aies enlevée. Pour te sentir moins seul, pour construire quelque chose de nouveau et pouvoir enfin communiquer avec quelqu'un qui te comprendrait.

Tu reviens effectivement au bout de cinq minutes avec un carton chargé dans les bras. À l'intérieur, de nombreux objets de toutes les couleurs et visiblement de toutes les matières. C'est à mon tour d'être surprise, et au tien de faire le malin. Je te demande ce que c'est. Tu me réponds que ce sont des « jouets » qui appartenaient à ton ex et qu'elle n'a pas voulu récupérer. Tu sors un fouet rouge de la boîte, long, avec des lanières.

Cette ex avait de bons goûts, j'aurais aimé qu'elle soit ici avec nous, qu'elle te donne des idées sur la sauce à laquelle j'aimerais être mangée.

Cher TortionnaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant