Chapitre 58.

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Carrie.

Au même moment, au bar de Spencer

Un

Deux

Trois !

Mouvement des épaules, roulement des hanches, mouvement gracieux des bras et des mains devant le visage, tournoiement sexy, main dans les cheveux, mouvement des jambes, mains épousant les courbes du corps, nouveau mouvement de la tête de droite à gauche. Je m'applique à être aussi gracieuse et sensuelle que possible tandis que j'exécute les pas de notre chorégraphie de ce soir.

Comme tous les matins, les filles et moi répétons nos danses pour être prêtes lors de l'ouverture du soir.

Spencer, le propriétaire du bar, et accessoirement l'un des plus gros connards que la Terre ait jamais porté, est très strict et exige que nous soyons parfaites quand nous montons sur l'estrade pour faire notre show. En tant que cheffe du groupe, Tina s'assure d'imaginer des danses à la hauteur des attentes de notre public et de superviser nos entrainements.

En ce qui me concerne, je me suis très bien intégré aux autres et je me sens très à l'aise avec mon nouveau job. Je n'avais jamais envisagé de devenir danseuse, encore moins dans un bar comme celui-là, mais je n'avais pas beaucoup d'options étant donné mon triste parcours scolaire. N'ayant aucun diplôme, pas même le baccalauréat, je pouvais difficilement prétendre à autre chose.

Caissière, vendeuse, livreuse de pizzas, barmaid ...

Le choix était mince, et j'avais besoin d'un job bien payé, et rapidement, pour m'occuper de mon fils, alors quand Spencer m'a proposé le boulot j'ai accepté. Peu importe si je dois supporter les regards lubriques de tous ces vieux pervers tous les soirs, ça vaut le coup. Spencer est peut-être un sale con, mais il paie bien ses employés.

Quand j'aurais donné Gregory Jr à l'adoption, j'envisagerai de chercher un autre travail. À ce propos, je n'ai toujours pas informé Tonio de ma visite à l'agence d'adoption, il y a quelques jours. Finalement, mon choix s'est porté sur la première agence que j'ai visitée, celle avec Ornella Fisher, les autres me semblaient beaucoup moins sérieuses et organisées.

Pour en revenir à Tonio, je sais qu'il ne réagira pas très bien à la nouvelle. C'est évident qu'il ne me prend pas au sérieux, pensant probablement que j'ai dit ça sur un coup de tête, ou sous le coup l'émotion et du désespoir, mais il va vite se rendre compte de son erreur. C'est très sérieux. J'ai besoin de me débarrasser de ce poids, de ce rappel de ma naïveté, de mon erreur ... Je ne veux pas être mère.

Je ne suis pas prête à m'occuper d'un enfant à cette période de ma vie, je ne changerai pas d'avis là-dessus. Pourtant, bien que ce soit la vérité, je sais que la vraie raison se trouve ailleurs.

C'est que je ne supporte pas de reconnaitre les traits du visage de l'enfoiré qui m'a mise enceinte avant de se barrer comme un lâche chaque fois que je regarde Gregory Junior. Cet enfant est le fruit de la trahison, de l'abandon. Un abandon dont j'ai été la victime et je refuse de continuer à endurer ça. Je ne suis pas masochiste.

Ce déchirement, cette colère, qui me met à l'agonie à chaque fois que je le regarde, menace de détruire mon équilibre mental si je ne fais rien. En éloignant le bébé de moi, j'éloignerai aussi le souvenir de son père qui m'obsède, et qui me hante, à l'instar d'un fantôme.

Le fantôme de mon passé, d'un avenir que j'avais entraperçu, et que je pensais avoir en ligne de mire avant qu'il ne disparaisse d'un coup en même temps que celui que je pensais être l'amour de ma vie.

First, break-up [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant