Échappatoire

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L'absence de lumière empêchait le pèlerin de voir la personne qui se trouvait de l'autre côté des grillages. Il pouvait cependant entendre les cliquetis des clés, alors que leur propriétaire s'affairait à trouver la bonne qui pouvait déverouiller les cellules.

Il entendait son voisin s'animer aussi, l'espoir lui coinçait cependant la gorge. Après quelques essais qui semblèrent prendre des heures, la porte de sa cellule s'ouvrit lentement, pour étouffer le bruit le plus possible. Son sauveur rentra prestement et se chargea une nouvelle fois de déverouiller les liens qui le retenaient. L'attente fut de nouveau insoutenable alors que la personne mystérieuse fouillait son trousseau à la recherche de la bonne clé.

Au bout d'un moment, le pèlerin put se remettre sur ses jambes, libéré de ses entraves.

-Suis-moi! ordonna l'homme. Sa voix était grave, mais restait un peu suave. Il lui semblait déjà avoir entendu cette voix quelque part.

Avant de descendre les escaliers, le mort-vivant se retourna en direction de son compagnon de cellule. Il pouvait deviner son visage dans le noirceur, l'implorant de le libérer lui aussi.

Le pèlerin saisit l'épaule de l'homme caché et pointa l'autre cellule, espérant que son sauveur saurait de quoi il parle.

-Non! Nous avons peu de temps!

Mais le mort-vivant refusa de bouger. Avec un soupir à peine dissimulé, l'homme fila vers l'autre cellule et entreprit une nouvelle fois de dénicher la bonne clé. Alors que son sauveur était occupé, un garde ouvrit la porte et entreprit de monter les marches, mais ne vit pas tout de suite le pèlerin, figé en haut, car les marches faisait un demi-tour à mi-hauteur.

Sans réfléchir, le mort-vivant sauta sur le garde. Avec souplesse, il mit sa main sur la bouche de l'autre et reversa le garde. Il fit un effort momumental pour empêcher le garde de tomber et de provoquer un boucan infernal. L'homme tenta de se défaire et de sortir son arme, mais le mort-vivant tenta une manoeuvre d'immobilisation en faisant tomber le garde à genoux, mais se rendit compte qu'il était bien moins puissant sans armure. Son coup de pied au genou fit à peine bouger le garde qui déplia ses jambes et envoya son casque à la figure de son assaillant.

La douleur lui assiégea le visage, le forçant à reculer. Il sentit son dos cogner contre le mur. Luttant pour reprendre la dessus, il envoya un coup de poing aveugle dans une direction. Il fut bloqué par un brassard en métal et reçu un fulgurant coup de gantelet métallique en pleine figure. Le pèlerin s'écroula, complètement déboussolé.

-ALERTE! ALERTE! LES PRISONNIERS S'ÉCHAPPENT! hurla le garde en sautant du palier. Il se mit à courir vers la cathédrale.

Le pèlerin sentit qu'on le soulevait et qu'on le remettait sur ses pieds. Lentement, sa vision daigna revenir. Il se rendit alors compte qu'il courrait, accompagnés de deux chevaliers en armure. L'un avait une armure argentée avec deux morceaux de tissus au niveau des hanches qui flottaient dans le vent provoqué par leur course effrenée. L'autre possédait une armure dorée dont les épaules, les genoux et le haut du casque possédaient de courts morceaux de métal qui se courbait légèrement vers l'extérieur.

Il entendait aussi les gardes en dessous affluer pour venir les arrêter.

-Par où es-tu entré? fusa la voix du chevalier doré

-Par une fenêtre dans un des corridors annexes à l'église, suivez-moi!

Les trois individus accélérèrent le pas encore plus. Mais quatre gardes firent irruption par un escalier à leur gauche. Le chevalier argenté utilisa son élan pour charger la patrouille, mais le premier garde leva son bouclier et s'envoya rouler au sol avec le chevalier. Un garde dégaina son épée et fonça à sa suite. Les deux autres fondirent comme des rapaces vers les deux prisonniers.

Mais en un éclair, ils furent tout deux hors de combat. N'en croyant pas ses yeux, le pèlerin tenta de reconstituer la scène qui s'était déroulée en une seconde.

Le chevalier doré avait souplement esquivé la lance du premier garde, avait empoigné la hampe pendant que son autre bras fila vers la face de son adversaire. L'élan du garde lui brisa le cou. Le deuxième, juste derrière, tenta de découper le prisonnier en deux, mais son épée fut déviée par un coup de lance très précis et fut accueillis d'un coup de lance en plein front.

Une fois revenu à la réalité, il vit le doré lancer sa lance et embrocher un garde. Cela distraya la deuxième brute assez longtemps pour que l'argenté déstabilise son adversaire et lui lacère la cuisse d'un solide coup d'épée.

L'argenté cria:

-Suivez-moi!

Il partit une nouvelle fois au pas de course dans le corridor. Arrivé devant une fenêtre qu'on aurait pu confondre avec n'importe laquelle, il rangea ses armes et enjamba le mur et sauta. Sans hésiter, le doré fit de même. Le mort-vivant aurait sans doute rebroussé chemin plutôt que de se jeter dans le vide avec ces fous, mais il entendit le bruit mat d'un atterrissage plus bas. Voyant les gardes s'approcher, il prit un décision et sauta dans le vide, à la suite de ses deux compagnons.

Le chute fut très brève. Il calcula trois mètres environ. Les trois évadés se trouvaient sur une petite place. Un escalier entrait dans l'église, mais déjà on perçevait les pas des gardes qui approchaient. L'argenté leur fit un signe de la main et les deux anciens prisonniers partirent à sa suite. Ils courrirent le long des murailles qui entouraient la cathédrale. L'argenté semblait parfaitement à l'aise et prenait des tournants sans hésiter. Ils arrivèrent bientôt dans la petite place pleine de riches que le pèlerin avait traversé quelques heures auparavant. L'argenté leur fit signe de se baisser et tout trois longèrent le mur gauche jusqu'à une trappe d'où s'élevait une désagréable odeur de putréfaction. D'un effort commun, le doré et l'argenté soulevèrent la trappe et firent signe au pèlerin de s'y glisser.

Avec une boule d'incertitude au fond de la gorge, il s'exécuta et sauta dans le trou puant. À son arrivée, plusieurs rats détalèrent, dérangés dans leur mode de vie normalement si paisible. Il se retourna et fit un signe aux deux chevaliers. Le doré sauta à son tour et l'argenté remit la trappe en place avant de sauter à son tour.

Ils prirent le temps de reprendre leur souffle. Les pas de gardes faisait légèrement trembler le sol.

Ce fut le doré qui prit la parole le premier.

-Je suis le chevalier Lautrec de Carim et je vous suis infiniment reconnaissant de m'avoir libéré de cette cellule, dit-il au pèlerin.

-Je suis désolé de vous avoir ignoré mais c'était une décision que j'avais prise et nous aurions tous très bien bien pu y passer le temps que je vous libère, répliqua le chevalier argenté en lançant un regard assassin vers le pèlerin.

Celui-ci haussa les épaules, puis Lautrec reprit.

-J'en suis concient en effet, mais étant donné le service que j'ai rendu à votre...ami, si je peux m'exprimer ainsi, j'imagine avoir le droit à cette liberté autant que lui.

-Je n'ai jamais discriminé quelqu'un, mais je n'ai jamais pris d'assaut la cathédrale morte-vivante, alors j'étais un peu stressé quant au succès de ma mission, veuillez m'en excuser. Vous avez parlé d'un service, qu'est-il?

-Votre compagnon avait ramassé une superbe humanité et je lui ai simplement montré comment s'en servir.

Après un moment de réflexion, l'argenté dit:

-Je suis le chevalier Oscar d'Astora et une fois sorti de cette ville, je vous révèlerai le but de ma mission.

Dark Souls/Sombre ÂmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant