Partie 39

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En ce vingt-huit juin, il était deux heures du matin. Andrea avait travaillé pendant dix heures, entre repos et contractions. Son col avait finalement atteint dix centimètres, c'était le moment de pousser. Andrea souffrait énormément. Elle était couverte de sueur et sa tête était lourde. Malgré la seringue enfoncée dans sa chair, elle ne ressentait aucun soulagement. La jeune femme tourna la tête vers son amie qui peinait à rester debout. Peu après son arrivée, Bria avait dû partir chercher le stock de tissus qui servirait pour l'accouchement. Elle avait même ramené un minuscule ours en peluche pour souhaiter la bienvenue au futur bébé.

-- Madame, le moment est enfin arrivé. Maintenant, vous allez pousser,  informa la sage-femme.

Andrea prit une grande inspiration.

-- Allez-y, poussez !

Elle poussa puis s'arrêta pour reprendre son souffle.

-- On reprend, un, deux, trois... poussez ! Voilà, comme cela, continuez à pousser.

Andrea serra la main de Bria. La sensation de brûlure qu'éprouvait la jeune Malienne n'était rien comparée à l'angoisse de son amie.

-- Encore, poussez... Allez-y, poussez !

Andrea poussa de nouveau mais pas assez pour faire sortir complètement le bébé. Le travail fut brusquement interrompu. La sage-femme s'arrêta à la recherche de quelque chose que Bria ignorait. Il fallait qu'Andrea pousse.

-- Pousse, s'il te plaît, pousse !

-- Je n'en peux plus... Je veux mourir, murmura Andrea.

Elle respirait bruyamment comme si elle manquait d'oxygène. Bria lui passa une main dans les cheveux, les larmes aux yeux.

-- Juste une dernière fois, Andrea, s'il te plaît, fais-le, dit-elle pour encourager son amie.

-- Madame, vous pouvez le faire, appuya la sage-femme après avoir étalé un nouveau tissu devant Andrea.

-- Andrea, tu peux le faire.

-- Poussez !

Elle rassembla ses dernières forces, serra les dents et poussa malgré cette insupportable douleur qui la rongeait. Et bientôt vint l'instant magique. Le bébé sortit en pleurant, signifiant ainsi sa présence au monde. Bria pleura de joie en le voyant, tant il était beau...

La sage-femme coupa le cordon, ensuite, elle déposa le petit sur la poitrine de sa mère, mais Andrea ferma aussitôt les yeux pour éviter de le regarder. Bria, ahurie par cette scène, ne dit aucun mot cette fois-ci.
Enfin, ce fut la délivrance pour une Andrea souffrante et implorant la mort. Enfin, ce fut une nouvelle femme ayant franchi cette ultime étape féminine. Andrea ressentit mille frissons au contact du bébé. Elle serra encore plus les yeux pour ne pas céder à cette forte envie de le regarder.

Après quelques secondes de peau à peau avec sa mère, la sage-femme sépara le bébé d'Andrea afin de le laver puis de le peser : trois kilos et demi. Elle l'enveloppa dans une serviette et le remit à Bria. Vingt minutes plus tard, madame Marcabeli ressentit encore une douleur au ventre. C'était le moment de retirer le placenta. Avec brio, Andrea réussit cette étape et s'endormit aussitôt, épuisée par ce travail acharné. Enfin, elle était libre.

Déchirante Promesse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant