00h00
Cela faisait maintenant un mois, une semaine et cinq jours que ça avait commencé. Un mois que Newt dormait mal. Quatre jours qu'il ne dormait plus du tout. Quatre jours que son état était passé de "critique" à "zombie". Notes en baisse, cernes immenses, teint de cadavre, bonne humeur envolée, fatigue immense, courtes siestes dès que son emploi du temps de lycéen le permettait, et, arrivée la nuit, la peur. Peur de dormir, peur de la voix, peur du corps.00h01
Fatigué, si fatigué. Mais il ne pouvait pas dormir. Surtout pas. Pas maintenant. Il ne lui restait que six heures et vingt-neuf minutes à rester éveillé. Juste six heures et vingt-neuf minutes. Mais il avait les paupières lourdes, le cerveau en veille, les muscles fatigués et la peur qui lui bouffait le ventre.00h02
Le pire dans tout ça était sûrement le fait de ne pas pouvoir se réveiller lorsque ça commençait. Lorsqu'il le voyait, il était dans l'incapacité de se sortir du cauchemar. Car c'était ça, un cauchemar. Cauchemar dont on ne se réveillait pas sauf avec de l'aide extérieur. Mais qui viendrait l'aider ?00h03
Dormir. Juste un peu. Un tout petit peu...00h04
Son souffle se ralentissait peu à peu. Ses paupières étaient si lourdes. Elles ne demandaient qu'à se fermer. Il peinait à les garder ouvertes. C'était devenu un effort immense. Et Dieu sait que Newt était trop faible pour empêcher ses paupières de se fermer. Elles gagnaient ces saletés. Elles gagnaient et se fermaient. Et il se sent partit petit à petit. Il ne veut pas dormir ! Par pitié qu'on l'en empêche.00h05
La sonnerie de son téléphone retentit et le sortit immédiatement de sa torpeur. Loué soit-elle. Lors de la deuxième nuit, il avait failli s'endormir, alors il avait inventé ce système : toutes les dix minutes son téléphone sonnait pour le maintenir éveillé. Mais depuis la quatrième nuit, il avait raccourci à cinq minutes. Jusque là sa technique marchait. Jusque là.00h06
Le cycle recommençait. Plus que quatre minutes.00h07
Trois minutes.00h08
Deux.00h09
Une.00h10
La sonnerie retentit. Mais Newt ne l'entendit pas.Comme à chaque fois, il se retrouva dans un endroit blanc, très lumineux, trop peut-être. Endroit dont on ne voyait pas les limites, dont les murs n'existaient pas.
Ensuite venait le point plus sombre. Point qui se rapprochait petit à petit pour arriver à un mètre environ de Newt. Et même à cette distance là, le point restait flou, assez pour ne pas en distinguer les détails, peu pour voir qu'il s'agissait en réalité d'un visage.
Et depuis un peu moins d'un mois, le corps apparaissait. Le garçon, car c'était son sexe, était un peu plus grand que Newt, le corps assez fin et des épaules un peu larges bien que ce soit dur à dire du au floutement. Il était généralement habillé d'un jean bleu clair avec des chaussures noires et d'un pull large aux couleurs variantes.
Cette nuit, c'était rouge."Tu en as mis du temps."
Et depuis une nuit, la voix. Elle était grave, mais il était impossible d'en dire plus. Newt avait l'impression qu'elle lui venait de derrière une vitre.
Cette vitre, il l'avait appelé le Voile. C'était lui qui rendait la silhouette floue et la voix lointaine. C'était lui qui empêchait le garçon d'avancer. Newt aimait bien le Voile.
Mais il avait remarqué qu'au fur et à mesure, le Voile s'estompait, rendant le garçon plus réel, plus proche. D'ici deux à trois nuits, Newt serait capable de discerner des éventuels motifs sur les vêtements, de savoir la marque des chaussures et de dire quelle était la couleur de ses yeux.
Et Newt n'aimait pas ça du tout.
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FanficZéro heure zéro : Les paupières lourdes, Newt ne veut pas dormir. Il ne veut plus voir ce garçon qui vient tous les soirs. Il ne veut plus avoir peur. Il en est malade de ce gars vous comprenez ? Chaque nuit est un cauchemar et il ne veut pas s'endo...