La journée s'écoula dans une lenteur trop rapide. Et c'était le temps qu'il fallait pointer du doigt. Le temps, ce fichu temps !, tout était de sa faute. C'était lui qui vous regardait de haut en souriant sadiquement et qui, d'un claquement de doigts, passait à l'heure suivante.
Si vous trouvez le cours long, c'est la faute au temps. S'il passait trop vite, c'était encore la sienne. C'était lui qui faisait du meilleur moment de votre vie, le plus court. C'était lui qui étirait le passage le plus long de votre histoire et vous regardait agonir dans cette lenteur insupportable.
Newt le méprisait et l'aimait à la fois. Les journées étaient longues et lentes, mais le soir finissait toujours pas venir et il devait rentrer chez lui.Et le voilà, assis sur son canapé, le sac dans l'entrée en attendant. Il attendait et attendait que ses parents reviennent. Il attendait sans rien faire pour que le temps s'étire le plus longuement possible et retarde l'apparition de nuit.
Mais le soleil se lassait du ciel trop grand et trop vide et finissait toujours par aller voir d'autres horizons. Il allait éclairer d'autres personnes et laissait place à la nuit qui faisait des ombres vos monstres personnels. De ceux qui viennent vous hanter la nuit et qui disparaissent quand le soleil se décide à revenir.La vieille voiture de sa mère entra dans l'allée, faisant crisser les gravillons. Dans un élan de force, Newt se leva du canapé, prit son sac laissé sur le parquet et monta dans sa chambre pour épargner à sa génitrice le supplice de voir son fils dépérir à petits feux. Par la même occasion, il évitait aussi la douleur qui lui étreignait le ventre quand ses parents posaient sur lui leur regard, renvoyant à Newt son image en pleine face. À chaque fois, il se prenait une claque dans la tête quand leurs yeux parvenaient à devenir encore plus compatissants et apeurés.
Ils avaient pourtant essayé d'aider leur fils. Des supplications, des interdictions, des obligations. Newt avait craqué, il était allé voir un médecin.
Le verdict était tombé."Dépressif, avait dit le docteur."
Son père avait soudainement blanchi, prenant une vingtaine d'années d'une seule seconde. Une œuvre du temps.
"Comment on fait pour le…"
Il n'avait pas pu terminer sa phrase. À croire que c'était trop compliqué de dire que son fils était malade.
"Il faut du temps."
Cela faisait une semaine et demie maintenant que le médecin avait annoncé ça.
"Beaucoup de temps."
Alors ses parents attendaient. Ils attendaient et en même temps essayaient. Ils lui avaient demandé de parler, d'écrire, de dessiner, de s'enregistrer. Rien n'y faisait. Newt se contentait de brefs hochements de tête et de maigres ça va. Mais si ça va. Je suis juste un peu fatigué…
Sa mère disait que c'était l'adolescence, elle avait bien été colérique pourquoi son fils ne serait pas malheureux ?
Son père répondait que c'était du stress. Beaucoup de stress alors, répondait sa femme. Il haussait les épaules et la conversation retombait comme un soufflé mal fait. Pouf…Et depuis que son état s'était aggravé avec l'apparition de la voix, Newt évitait encore plus ses parents et leur aide inutile. Il préférait encore sa chambre et sa solitude qui lui pesait sur le dos, lourde comme le poids du monde.
Le repas était maintenant passé et il était à nouveau dans sa chambre. Et il le savait…
Cette nuit, il dormirait. Il était à bout de souffle, il n'en pouvait plus, ses paupières lui réclamaient du repos et tout son corps hurlait la fatigue. Alors quitte à s'endormir, autant grappiller à Morphée le plus de sommeil possible.
VOUS LISEZ
00h00
FanfictionZéro heure zéro : Les paupières lourdes, Newt ne veut pas dormir. Il ne veut plus voir ce garçon qui vient tous les soirs. Il ne veut plus avoir peur. Il en est malade de ce gars vous comprenez ? Chaque nuit est un cauchemar et il ne veut pas s'endo...