IV

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PARTIE 2
J.

Je sais pas... Je sais plus. Avant je savais pas vraiment, mais ça me dérangeais pas plus que ça. Maintenant je sais plus. Je sais plus quoi penser. Je sais juste pas quoi penser. Ça se tait pas une pensée, mais pour une fois j'ai envie qu'elles se taisent. Ça parle fort, ça cri, ça demande des réponses, mais je les aurais jamais les réponses. C'est toujours un pourquoi. Pourquoi ci? Pourquoi ça? Je sais pas la réponse, je la connais pas tabarnak et je l'aurais jamais! Et si elle l'avait pas fait? Et si j'avais été là cette journée-là? J'ai même pas les mots. J'arrive même pas à me demander ce qu'elle a pu ressentir à ce moment-là. Je me sens juste tellement, mais tellement et tellement mal. J'ai l'impression que mes jambes ne veulent plus bouger. J'ai l'impression que me rendre à mon travail est bien trop demandant. Tout est devenue trop en si peu de temps. C'est trop d'ouvrir les rideaux. C'est trop de me lever. C'est trop de manger. C'est trop de m'occuper de mon gars, de le voir et de me dire que ça aurait pu être lui, ou qu'il pourrait être le prochain. C'est trop de parler à n'importe qui, parce que j'arrive seulement à voir de la peine sur leur visage, qui fait seulement me rappeler qu'elle est partie et qu'elle ne reviendra pas. Mon bébé ne reviendra pas. Jamais.

Ça fait mal d'entendre que l'enfant qui autrefois t'appelais maman est maintenant celui pour laquelle tu reçois le fameux appel. Ça fait mal quand hier tu pensais encore qu'un demain serait là. Ça fait juste mal, mais mal n'exprime même pas assez bien ce qu'on ressent. C'est comme une plaie, même pas, un trou. C'est un trou qui se referme pas. Ça coule et ça coule, pis ça veut pas arrêter. Ce sont des mottons de sang, des mottons de soi qui coule. T'as beau tenté de boucher le trou avec tes mains, le liquide coule, ça sert à rien. Le trou est déjà fait, tu peux rien y faire. Et c'est pas juste du sang, c'est ton sang, c'est ta création, c'est ton bébé qui coule. Ce sont des moments, des souvenirs qui coulent. Ça coule, sous tes yeux, pis tu peux rien faire. On a beau dire que perdre son enfant, c'est la pire chose au monde, rien peux vraiment te préparer à cette douleur-là. C'est pas comparable à quoi que ce soit.

Pis faut que j'accepte ça... faut que je l'accepte qu'elle reviendra pas, mais comment on accepte que ta raison de vivre n'est plus présente, qu'elle est morte? Comment on accepte ça? Comment ?! Juste... comment...?

Je veux même plus quitter mon lit si c'est pas pour la revoir. J'arrive pas à l'accepter, et je l'accepterai probablement jamais. Si j'avais été là, elle serait peut-être encore ici aujourd'hui, et demain, et la journée d'après, mais c'est ça le problème : elle n'est plus là, et elle ne reviendra pas.

Et si?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant