A Taste Of Eternity

Chapitre 41 : Auriane

Dans les bras d'Ethan, sous ses caresses douces et ses paroles réconfortantes, mes vannes se sont ouvertes. Des vannes qui n'ont pas cédé depuis longtemps, très longtemps. Jusqu'à ce soir. En plus de ma tristesse et ma douleur, je me sens un peu honteuse et faible de me montrer vulnérable à ce point. Des stigmates de mon enfance...

Les minutes passent et les larmes ne semblent pas vouloir se tarir. Et plus je repense à ma discussion avec Hugues, plus je me sens malheureuse et en colère. J'avais raison depuis le départ : Madeleine n'a jamais voulu de moi. J'aurais tellement aimé avoir tort, avoir mal interprété son comportement à mon encontre mais le pire, c'est que j'étais même en-dessous de la réalité. Elle me déteste, elle me hait.

— Viens, on va s'asseoir, me chuchote Ethan.

Avec délicatesse, il me dirige vers le canapé, m'y installe et s'assoit à mes côtés. Mes sanglots semblent enfin se calmer. J'attrape un mouchoir dans le paquet posé sur ma table basse et m'essuie le visage. Je dois être affreuse à voir. Qu'est-ce qui m'a pris de l'appeler ?

— Tu veux me dire ce qui est arrivé ?

Je déglutis en me blottissant dans le fond de mon canapé. Les mots ont du mal à sortir de ma gorge, sûrement parce que je ne me confie quasiment jamais. Même Rosie doit, parfois, me tirer les vers du nez pour que je lui dise ce qui ne va pas.

— Merci d'être venu, je souffle au lieu de répondre à sa question.

Ethan ne répond rien mais pose une main rassurante sur ma cuisse. Il me sourit mais ça n'atteint pas ses yeux. Je n'y vois que de l'inquiétude et de la tristesse et ça me brise le cœur de voir ses deux sentiments dans son regard si limpide d'habitude. Mais ça vient aussi remuer quelque chose en moi, comme si son angoisse pour moi venait remplir un vide quelque part dans mon cœur, dans mon âme. Vide dont je ne connaissais même pas l'existence...

— Je ne... je commence avant que ma voix ne se mette à trembler et mes yeux à se mouiller à nouveau.

— Tu n'es pas obligé de me raconter si c'est trop dur. C'est comme tu le sens, dit-il en se rapprochant de moi.

Alors qu'il me prend à nouveau dans ses bras, je pose ma tête sur son épaule en essayant de contrôler mes émotions. Je pousse un long soupir qui, j'espère, m'aidera à ne pas craquer avant que j'aie fini de lui raconter. Je ne peux pas garder ça pour moi, ça me boufferait de l'intérieur et je serai capable de laisser mes anciens travers ressortirent en allant trouver Madeleine et lui cracher à quel point je la méprise.

— Hugues m'a avoué deux choses ce soir, j'explique. La première, c'est qu'il n'est pas le fils biologique de notre père.

Sous moi, je sens le corps d'Ethan s'immobiliser de stupeur.

— Charles est au courant ?

— Oui, il le sait depuis toujours. Il s'est marié avec Madeleine en sachant qu'elle était enceinte.

— Pourquoi ne pas l'avoir dit alors ? demande-t-il, confus. John est-il au courant aussi ?

— Apparemment, elle pensait que dire la vérité créerait des tensions avec leurs futurs enfants. Que Hugues se sentirait mis à l'écart car il n'était pas du même sang que papa. Donc non, John ne le savait pas. Hugues lui en a parlé hier soir en lui demandant de tenir sa langue car il me voyait aujourd'hui.

Je lève mes yeux vers le visage d'Ethan pour voir sa réaction. Il lève ses sourcils, désarçonné lui aussi.

— Et Hugues, il l'a appris quand ?

— Papa lui en a parlé à l'adolescence. Madeleine était contre mais papa refusait de lui mentir alors qu'il était assez grand pour comprendre. Je pense même que ça a renforcé la relation entre eux.