Prologue
Tap tap tap tap. Le son des talons hauts résonne dans le corridor avec un rythme rapide. Estelle, assise sur une chaise, le dos droit en train de lire, sait que de mauvaises nouvelles s'en viennent. Quand sa mère, diplomate et experte dans le contrôle de ses émotions s'empresse, c'est d'habitude pour quelque chose de dramatique. La dernière fois qu'elle a entendu un rythme aussi effréné de sa part, c'était quand la diplomate a mal agencé son rouge à lèvre à sa jupe, la semaine dernière. Prise d'un tic nerveux, la jeune fille commence à tourner une mèche de ses cheveux blond dans ses doigts au même rythme que les souliers. Diana ouvre la porte et rentre en trombe, les joues rouges comme si elle venait de courir un marathon en talons hauts. Les cheveux blonds décoiffés, les vêtements fripés, le visage, normalement maquillé, blafard, comme si elle venait de passer une nuit dans son bureau.
¨Estelle! Vient ici.¨ Sa voix tremble. Que s'est-il passé? D'habitude, la mère d'Estelle ne sonne qu'agacée quand elle s'empresse. La mère court vers la jeune adolescente et la prend par l'épaule. Son front se plie dans une moue à la vue de ses cheveux un peu décoiffés dans le miroir. Elle essaie de les replacer, mais abandonne après quelque seconde, le visage rapidement redevenu paniqué.
¨Écoute moi. Tu vas courir vers chez ton père et vas dans le garage. Ne dit bonjour à personne, même à Philippe. Rentre avec ta clé de secours et vas dans la maison en fermant toutes les lumières sur ton passage, va au bureau de ton père et dit lui d'activer le Code 2P0D-F. Il saura quoi faire. Suit toutes ses instructions à la lettre. Ok?¨ Fini-t-elle, essoufflée.
Estelle répond par un acquiescement hésitant. Elle répète le code dans sa tête quelquefois pour s'en rappeler. 2POD-F. 2POD-F. 2POD-F. Pourquoi ne pourrait-elle ou devrait-elle pas dire bonjour à Philippe? Ses parents lui ont pourtant toujours dit d'être polie et de dire bonjour. Malgré ces années d'enseignement de politesse, la panique que sa mère ressentait défie les règles. Elle se détache de sa mère et part à courir. Le bureau de son père, aussi un diplomate, n'est qu'à quelque rue de celui de sa mère, mais en étant une enfant protégée, Estelle n'a pas eu beaucoup d'occasions pour courir dans sa vie.
Enfin arrivée, elle sort sa clé de secours. D'habitude, Philippe lui ouvre, mais ses parents ont cru bon de me donner une clé pour des situations d'urgence. Avant ce moment, elle n'avait jamais eu besoin de l'utiliser, mais elle est très contente de l'avoir aujourd'hui. Estelle entre et commence à fermer des lumières. En montant dans la maison, elle appelle mon père et ne reçoit aucune réponse. La jeune blonde s'engage dans les escaliers centraux. La texture familière, lisse, du bois vernis la remet dans la nostalgie d'habiter dans cette maison. La fille monte à l'étage et presse son pas vers le bureau de son père. Quand elle entre, Estelle voit tout de suite qu'il n'est pas là. Les feuilles sont éparpillées à terre et un petit morceau de papier est déposé sur le bureau. "Code 2POD-F activé". Elle s'arrête en plein mouvement. Déjà activé? Qu'est ce qu'elle fait maintenant? Estelle se tourne et sort du bureau, mais pas avant de replacer le petit triangle doré avec le nom de son père dessus, Arthur ,au centre du bureau.
