Après la pluie

42 | Rêver à des jours meilleurs

Une troisième détonation retentissant, je suis entraînée dans la chute de Javier. Heurtant violemment le sol, j'expulse un gémissement suivi d'un hoquet paniqué, ouvrant brutalement les paupières avant de me reculer tant bien que mal. Cherchant à m'extirper de son contact, je pince les lèvres, tentant de retenir le sanglot ayant envahi ma gorge en essuyant fébrilement le sang venant de m'éclabousser. Oui. Encore.

Celui de tous les Riviero va-t-il rejoindre ma peau ?!

Il est mort sur le coup, évidemment. Non. Ne dites rien s'il vous plaît, je ne suis guère en capacité d'entendre quoi que ce soit. Concrètement, je suis dans un état second que je pourrais presque qualifier de bien connu, hélas. Celui du choc. Est-ce la raison pour laquelle tout est désormais silencieux ? En dehors de ma respiration brisée, de mon pouls martelant inexorablement mes tempes douloureuses, j'ai l'impression de ne plus rien percevoir. Finalement deux paumes se posent sur mes épaules, un cri teinté d'effroi s'occupant de briser ce faux moment de calme. Le mien.

— C'est moi, articule lentement Noah en attrapant mon visage afin de capter mon regard affolé.

C'est toi ?

C'est lui, Charlie.

Oh mon dieu c'est toi !

Incapable de retenir davantage mes larmes, j'enroule mes bras autour de son cou pendant qu'il m'attire entre les siens, ayant la sensation de sortir d'un affreux cauchemar dont il serait venu me tirer.

J'ai eu tellement peur !

— C'est terminé, chuchote-t-il à mon oreille. Je te ramène.

S'il te plaît, oui...

Épuisée à tous points de vues, je le laisse m'aider à me remettre sur mes pieds, esquissant un rictus affligeant lorsque je tente de marcher.

Pu-naise.

— Tu es blessée, constate Luke, m'offrant le soutien bienvenu d'une main placée sous mon coude.

Levant les yeux pour rencontrer les siens, je me heurte une fois de plus à cette indifférence me faisant douter d'avoir pu capter autre chose.

Ressens-tu des émotions parfois ?

Peut-être, mais vraisemblablement rien de positif puisqu'il s'assombrit seconde après seconde sans que je n'en saisisse la raison.

— Ce n'est rien, soufflé-je avec difficulté pendant qu'il balaye brièvement les alentours.

Celui à qui j'ai cassé le nez s'est vengé, c'est tout. Toutefois ça en valait la peine, puisqu'il s'en prenait à...

— Où est Mia ? m'inquiété-je, enfin reconnectée à la réalité au moment où il écarte mes cheveux emmêlés, observant la plaie ornant mon crâne.

Je t'ai dit que...

— Nous en parlerons plus tard, élude-t-il après avoir échangé un bref regard avec mon ami.

Quoi ?! Non !

Figée un court instant, je ne réagis pas immédiatement lorsque les deux hommes m'attirent vers la sortie, prenant soin de préserver ma cheville. Cependant, je retrace rapidement le fil des événements, de leur arrivée... visualisant où la jeune femme se trouvait quand ils sont entrés. Elle était dans la pièce, juste à quelques mètres de moi et...

Oui, Charlie.

Il y a eu trois coups de feu, j'en suis sûre. Or aucun de nous ne semble avoir été touché.

Non non non non non.

Prenant une brève inspiration, je pivote pour regarder derrière à la seconde où je franchis la porte.