Chapitre 17 : Troisième Journée

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Je poussais un grognement quand Marguerite me secoua l'épaule. Il faut dire nous n'étions pas rentrés très tôt. Après notre petit éclat de rire, Aurore, Théo et moi étions descendus dans les cuisines pour y trouver un peu de nourriture. Après avoir mangé, Aurore était partie se coucher, nous laissant Théo et moi en tête à tête pendant quelques minutes, à l'entrée de ma chambre. Moments qui furent....très agréables. Marguerite insista et j'ouvris malgré moi les yeux. Ce n'était pas Marguerite devant moi. C'était Aurore, couverte d'un peignoir. Aussitôt, sans bien comprendre comment, je fus totalement réveillée.

- Aurore ! Mais que fais-tu ici aussi tôt ?

- Je voulais te parler.

- De quoi ?

- Tu es juste amie avec Théo ?

Moi qui avais commencé à retirer les couvertures de dessus mon corps, je me stoppais net et la regardais fixement.

- Pardon ?

- Est-ce que tu es uniquement l'amie de Théo ou tu es plus que ça ?, relança mon amie en croisant les bras.

Je ne sus que répondre. Elle nous avait pourtant surpris dans une situation..... compromettante et elle venait me demander ça le lendemain ? J'ouvris la bouche pour répondre quand je m'arrêtais. Nous n'avions encore rien dit. Je ne savais toujours pas si Théo m'aimait ou si je l'aimais. À ce stade, nous étions toujours « des meilleurs amis ». Aurore m'aurait posé cette question à peine une semaine auparavant, je lui aurais tout de suite répondu oui, mais maintenant, j'en étais incapable. Je ne savais pas du tout ce que j'étais pour son frère. Voyant min désarrois, elle sourit.

- Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse Iris. Je voulais juste savoir si il s'était enfin décidé ou si ce que j'ai vu hier était exceptionnel.

À ces mots, je m'empourprais. En le voyant, Aurore s'esclaffa.

- Visiblement, il a vidé son sac et ce n'était pas la première fois que ça arrivait. Tout ce que je demande c'est que vous vous bécotiez loin de moi. La vue d'hier m'a déjà suffisamment traumatisée comme ça, merci de ne pas en rajouter.

Ce fut à mon tour d'éclater de rire.

- C'est toi qui dis ça ? Toi qui nous a obligé à te voir te bécoter avec toutes tes petites-amies ?, objectais-je entre deux rires.

Une moue boudeuse s'imprima sur ses traits.

- C'était différent. Mes copines n'étaient pas vos amies. Là je dois voir ma plus vieille amie rouler des pelles à mon frère ou pire !

Sa remarque entraîna un nouveau fou rire ainsi que davantage de rougeur. Nous continuâmes de discuter pendant une bonne heure, notre conversation seulement interrompu une fois par Chloé qui était venue déposée de quoi manger. Malheureusement, Aurore dut repartir à cause de ses obligations de princesse et de cours d'étiquettes ou quelque chose de similaire. Je me retrouvais donc seule, encore en pyjama. Je me levais, pris mon sac et enfilais une de mes tenues pour me sentir comme à la maison. C'est alors que la pensée de mon père vint hanter mon esprit. Je ne me souvenais plus de l'avoir appeler la veille. Je m'emparais de mon téléphone et composa le numéro. Il mit quelques secondes à répondre avant que nous n'entamâmes une longue conversation sur ce qu'il se passait à la boutique, comment il arrivait à gérer sans moi, si je me plaisais bien au palais ( question à laquelle je fournis une question plutôt vague ), si Théo et Aurore allaient bien,....Notre discussion dura plus longtemps que prévu puisque ce fut l'arrivée d'Hélène qui nous arrêta. Elle était venue me conduire à la salle à manger pour le déjeuner. Le repas fut une fois de plus, très solennel. Les filles discutaient entre elles, les membres de la famille royale entre eux, et moi au milieu qui tentait de me faire la plus petite possible tout en prenant sur moi en entendant toutes les piques de la reine et des autres filles. Le roi était étrangement silencieux et il avait la fâcheuse tendance à tourner des yeux vers ma personne dès que le sujet de conversation devenait trop sérieux à son goût. Lorsque cette réunion de l'enfer fut fini, je soufflais de soulagement. Mis-à-part ce déjeuner horrible, la journée se passa comme la veille. Je rendis visite aux « prisonniers », puis allais aux écuries et je finis par rentrer à la tombée de la nuit. Lorsque je me dirigeais vers ma chambre, je découvris que le palais était en pleine effervescence et que cela n'était pas dû à un prince rebelle. Des sourires illuminaient les visages, je n'entendais pas de plainte, malgré la sévérité des gouvernantes et des majors d'hommes. Tout le monde travaillait d'arrache-pied pour que le palais soit sublime. Cependant, j'avais beau me creuser les méninges, je n'arrivais à découvrir pourquoi autant d'agitation aujourd'hui. À peine fus-je entrée dans ma chambre que Chloé me tira à elle en s'agitant.

- Mais où étiez-vous passée ? Vous allez encore être en retard !

Je me laissais faire et asseoir devant un miroir tandis qu'Auriane attrapait sans ménagement ma chevelure.

- Prête pour quoi ?

- Pour le deuxième bal voyons !, s'exaspéra Marguerite en retirant une immense housse d'un présentoir. Comment avez-vous pu oublier un évènement pareil ? Toutes les autres jeunes filles sont en train de se préparer depuis presque deux heures déjà !

Je ne répondis pas, ne voulant pas la contrarier davantage. Durant les deux heures qui suivirent, on me fit prendre un bain, me sécha, enduit mon corps de nombreuses lotions avant de commencer à me maquiller et me coiffer. Et enfin, après avoir seulement jeté un coup d'œil à mon reflet, Marguerite me fit enfiler la robe cachée par cette housse. À peine enfilée, Auriane me tourna vers le grand miroir de la pièce. Ce fut un véritable choque. Contrairement à la première fois où je me ressemblais un peu, je n'avais plus rien à voir avec la jeune fille que j'étais. Je n'étais que très peu maquillée cependant. Un peu de mascara avec une mince couche de gloss transparent sur les lèvres. Mes cheveux quant à eux étaient lâchés dans mon dos, sauf quelques mèches qui formaient un petit chignon à l'arrière de ma tête. Mais tout cela ne me faisait pas tant changer. Le véritable bouleversement était la robe. On aurait dit celle de la Belle et la Bête mais sans les gants. Elle était aussi volumineuse mais, étonnamment, elle n'était pas lourde. Contrairement à l première robe qui était bleue, celle-ci était jaune, presque dorée. Comme je l'avais dit, cette couler faisait très bien ressortir celle de ma chevelure. Sans m'en rendre compte, j'étais bouche bée. J'avais l'air d'une princesse. Derrière moi, Marguerite, Chloé et Auriane tapèrent dans leurs mains, comme au comble du bonheur.

- Si avec ça le prince ne tombe pas à vos pieds, je ne sais plus quoi faire !, s'écria Auriane avec un gloussement.

Cette remarque me fit rosir, ajoutant du charme à la personne dans le miroir. Malgré moi, je n'arrivais pas encore à croire que cette personne était moi, que je puisses être aussi...différente, attirante. Tout à coup, on toqua à la porte et Hélène entra en trombe.

- Iris ! Vous êtes prête ? Vous allez encore être....

Elle se stoppa quand elle me vit. À l'image de mes femmes de chambre, un grand sourire prit place sur son visage. Hélène me fit un grand signe de la main pour que je la rejoignes et nous partîmes aussitôt. Se déplacer avec cette robe était plus facile que je ne l'aurais cru. Certes elle était très volumineuse mais je n'avais pas besoin de relever le bas de ma tenue pour avancer. Nous ne croisâmes personne en chemin, me faisant penser que tout le monde était soit déjà au bal, soit en train de s'assurer que tout se passait bien. Au détour d'un couloir, Hélène prit soudain la parole.

- Vous êtes magnifique dans cette robe Iris.

- Merci Hélène, même si je dois ça à Marguerite, Chloé et Auriane. Ce sont elles qui me rendent aussi jolie.

- Pas que. Elles font un travail remarquable certes, mais elles partent avec une bonne base ce qui leur simplifie grandement la tâche.

Le compliment me fit de nouveau rougir. Il faudrait vraiment que j'apprenne à régler ce problème de rougeur en rentrant chez moi. Nous continuâmes de marcher pendant encore quelques minutes avant de nous arrêter devant la grande double porte qu'Aurore avait poussé lors du premier bal. Alors que j'allais attraper la poignée, Hélène me retint.

- Dîtes bonjour au prince de ma part, Votre Altesse.

Je me figeais à ces mots. Elle..Non. Cependant, au regard e son sourire malicieux, elle ne s'était pas trompée et m'avait appelée ainsi en connaissance de cause. Je ne pus que l'observer quand elle se pencha de nouveau pour me chuchoter à l'oreille.

- Au fait..je compte sur vous pour faire baver toutes les autres filles. Oh ! Et le prince tant que vous y êtes. Même si concernant ce dernier point je n'ai pas trop de soucis à me faire.

Hélène se recula après avoir dit ça et, avec un nouveau sourire, elle partit. Mon cerveau mettait trop de temps à assimiler tout ce qu'elle venait de dire. Soudain, je pensais à l'endroit où je me trouvais et je me ressaisis. Hélène voulait que tout le monde bave en me voyant ? Et bien j'allais tout faire pour ! Je toquais à la porte et aussitôt, cette dernière s'ouvrit, laissant entrer une grande lumière comme celle du Soleil. 

Le Prince Sans CouronneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant