𝑪𝒊𝒏𝒒𝒖𝒊𝒆̀𝒎𝒆

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TW : Mention de drogue, alcool, tabac

Au bout de quelques heures, tout le monde au Bonten su que j'avais passé une bonne partie de l'après-midi dans les appartements privés de Manjiro Sano. Certains pensaient qu'on venait de coucher ensemble, d'autres croyaient que je n'étais qu'une vulgaire prostituée en manque de sexe, tandis que Rindo lui, se doutait qu'il ne s'agissait pas de ça étant donné que cet après-midi-là, il vit la détresse dans mes yeux lorsque je me devais de frapper à la porte.

Mikey avait fini par être incroyablement gentil et reconnaissant pour tout ce que je lui avais dit sur ses anciens amis du Toman. Il d'excusa même pour son comportement ingrat et cruel de la semaine dernière. Il me remercia d'avoir pris soin d'Emma durant toutes ces années, et me promit que je la reverrai bientôt. Elle devait s'inquiéter de ne plus me voir, la pauvre.

Quant aux autres, depuis cette fameuse après-midi dans l'étage deux, ils me respectaient tous d'avantages. Kokonoi passait me voir de temps en temps dans mon appartement. Il m'apportait du chocolat chaud, des madeleines et des brownies aux haricots rouges, une nouvelle recette qu'il venait tout juste de tenter en l'ayant vu sur internet. Ran Haitani ne me parlait pas plus que ça, mais lorsque lui et moi étions dans la même pièce il me demandait souvent si j'avais besoin d'aide pour quelque chose. Kakucho tentait des blagues de cul pas très drôles mais un peu débiles pour me remonter le moral lorsque je n'étais pas au top.

Rindo passait ses journées dans son bureau à trier des documents. Il enchaînait clopes sur clopes et venait de trouver une nouvelle passion pour le rosé pamplemousse. Je bus d'ailleurs mon premier verre de rosé avec lui, recrachant tout dans l'évier de ma cuisine trouvant ça infect. Sérieusement ? Au pamplemousse ? Dieu seul sait que le blanc pêche était le meilleur de tous les alcools.

Cependant plus les jours passaient et moins je n'avais de nouvelles de Sanzu. Je ne dirai pas qu'il m'évitait comme la peste, mais il devait être tellement occupé qu'il ne passait plus prendre de mes nouvelles. Ses ma belle me manquaient un peu. Son côté drogué par contre, je m'en passais à merveille.

Hina et Emma me manquaient. Plus que tout. Takemichi aussi à vrai dire. Nous étions le quatuor des deuxièmes années en histoire. Pour les exposés, pour les travaux de groupes, à la cafet, à la bibliothèque universitaire, aux pauses clopes... Nous étions inséparables. J'étais littéralement en train de pleurer en écoutant Lights Are On de Tom Rosenthal.

Lights are on, but nobody's home.

Emmitouflée sous ma couette, j'écoutais cette musique en boucle lorsque la porte de ma chambre s'ouvrit brusquement. Il me fallut quelques secondes pour me rendre compte qu'il s'agissait de Sanzu, les yeux rouge et le teint pâle.

« T'es sourde ? » commença l'homme aux cheveux roses. « J'ai frappé au moins cinq fois à ta putain de porte. »

« Désolée, je dormais. » mentis-je en m'essuyant les yeux encore remplis de larmes salées.

« Sale menteuse. »

Je ne répondis rien et me levai du lit. Sanzu était planté devant moi, droit comme un piquet avec une Marlboro entre ses doigts. Il me fixait avec insistance. Au début je ne comprenais pas pourquoi il me regardait ainsi, puis lorsque mes yeux se baissèrent sur ma nuisette blanche, je compris.

« Laisse-moi trente secondes pour m'habiller. »

« Rejoins-moi en salle de réunion dans dix minutes. » Continua le rose. « Prends tes clopes au cas où, tes sous et ton putain de téléphone. »

Lorsque Sanzu était défoncé, il était horriblement vulgaire. Il claqua la porte derrière lui, me laissant seule devant la porte du dressing. Je pris un simple t-shirt noir et un jean. Je ne voyais pas l'utilité de m'habiller convenablement pour une réunion. De toute façon, ils allaient probablement parler d'une mission à laquelle je n'assisterai surement pas.

Dix minutes plus tard, j'arrivais donc dans la fameuse salle. Mikey était assis en bout de table. Sanzu Ran et Koko étaient à sa droite tandis que Rindo, Kakucho et Takeomi étaient à sa gauche. Je pris place sur le siège restant me faisant toute petite.

« Tout le monde est là ? » demanda Mikey en se servant un verre de rhum. « Bien. Demain, grosse journée. »

« Pourquoi boss ? » demanda Rindo.

« Première mission de notre sublime Ana Klein. »

Oh merde.

Hein ?

« Tu iras en mission avec Sanzu, Koko et Ran. » continua Mikey en plantant son regard dans le miens. J'avais peur. « Ton but est simple. Apprendre par cœur le plan d'un bâtiment. »

De ce que Mikey m'expliquait, je devais apprendre par cœur le plan d'une banque située au centre de Tokyo parce qu'à l'intérieur de l'un des coffres se trouvait de l'argent qu'un homme nommé South Terano venait de piquer au Bonten. Le plan était simple : Je restais dans la camionnette sur le parking devant les écrans de surveillances que Koko avaient préalablement piratés, et je devais guider les trois garçons jusqu'au coffre tandis qu'ils se chargeaient de récupérer le butin.

« Tous les coups sont permis ? » demanda Sanzu.

« Comme d'habitude. » ajouta Sano. Voyant que je ne comprenais pas le sens de la phrase de Sanzu, Mikey ajouta « Evitez juste de tâcher les liasses de billets avec vos mains pleines de sang ». Je déglutis.

Une fois la réunion terminée, je me dirigeais vers une salle de repos pratiquement inutilisée un peu plus loin, où il y avait un balcon donnant sur la capitale. C'était un peu comme une cachette que j'utilisais lorsque je voulais être seule. En arrivant sur les lieux, Koko était déjà sur le balcon en train de se rouler une cigarette. Je m'approchais doucement de lui, ouvris la baie-vitrée et m'assit sur le banc qu'occupait déjà l'homme près de moi.

« Tu m'as fait peur. » sursauta-t-il en se décalant afin de me laisser plus de place.

« Désolée. » Je sortis mon paquet de Phillip Morris et mon Clipper avant d'entamer une première tafe pour allumer la clope.

Kokonoi lécha la feuille doucement avant de bien tasser le tabac enroulé à l'intérieur. Une fois le papier à la bouche, il alluma également sa cigarette et leva la tête en direction des nuages pour expirer la fumée.

Le temps était maussade, sombre. Il allait probablement pleuvoir cette nuit.

« Stressée pour demain ? » me demanda Hajime, fixant toujours le ciel.

« Non. » Je tapotais le côté orangé de la feuille pleine de nicotine afin de faire tomber les cendres. « De toute façon, je ne suis-là que pour vous guider. »

Kokonoi sourit faiblement. Sa tête encore penchée vers le haut se baissa vers moi. Son regard se planta dans le miens.

« Ne dis pas de telles choses Ana. » Il baissa la tête une nouvelle fois, vers le sol. « Tu as le rôle le plus important. »

« Koko... » dis-je moi en aussi en baissant la tête vers le sol. « Tu ne penses même pas un mot de ce que tu dis. »

L'homme se leva vers le cendrier posé sur la barrière du balcon. Après avoir éteint sa cigarette, il se frotta les mains sur son pantalon et approcha doucement sa paume de mon crâne.

« Bien-sûr que si. » Il ébouriffa mes cheveux. « Sans toi, nous ne sommes rien. » Il partit, me laissant seule une nouvelle fois comme d'habitude, et repoussa la baie-vitrée derrière lui. 

𝑩𝒐𝒏𝒕𝒆𝒏 𝑹𝒉𝒂𝒑𝒔𝒐𝒅𝒚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant