TW : explication de l'infection par le V.I.H., évocation de sérophobie, harcèlement, suicide (sources citées en bas de page, passage d'un lecteur sensible)
Sous le choc de son aveu, je recule d'un pas. Ma bouche s'entrouvre, mais aucun son n'en sort. L'incertitude doit se lire sur mon visage, car il se décolle du mur et rejoint le canapé, sans même me frôler.
— Il est tard, on devrait aller dormir, bredouille-t-il. Hors de question que tu reprennes la route, je te laisse la chambre d'ami.
Je me sens idiote à rester plantée là, seulement mon corps refuse de bouger.
Ouvre la bouche !
— Niall, je...
— Pas la peine d'être désolée. C'est à moi de te présenter des excuses. Je n'aurais pas dû laisser quoi que ce soit se passer entre nous. Juste, s'il te plaît, pas d'insultes. Je n'ai jamais voulu te faire de mal et tu ne risquais rien en traînant avec moi.
J'ai envie de me baffer. Pourquoi ai-je reculé ? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à réagir ? Mes pensées s'embrouillent. Je me suis déjà fait dépister pour vérifier que je n'avais pas chopé d'IST durant mes frasques nocturnes, sauf que je ne connais rien de cette maladie. Juste le peu qu'on en entend à ce sujet, mais ça reste flou. Je ne me suis jamais retrouvée confrontée à quelqu'un qui a...
— Écoute, poursuit-il alors que mon mutisme persiste, prends le temps qu'il te faut pour décider si tu veux encore me parler ou pas. Si tu décides de ne plus me revoir, je comprendrai. Nous discuterons demain, si tu en as encore envie.
Il s'allonge et passe son bras sur les yeux. Mes jambes retrouvent leur mobilité. Je me rapproche de lui et m'agenouille devant le canapé, de façon à ce que mon visage se trouve à hauteur du sien.
— Pas question que tu me laisses comme ça avec cette info, murmuré-je.
Ses lèvres se pincent. Il s'assied de nouveau, sans me regarder. Je prends place à ses côtés, une paume posée sur sa cuisse qui tressaute, puis saisis son menton pour le tourner vers moi.
— Je suis là. Je ne suis pas partie en courant. Ça n'a pas dû être facile et je te remercie de me l'avoir dit. Il est très tard, je sais, sauf que je ne pourrai pas dormir tant que l'homme qui me plaît n'aura pas éclairci la situation. Je te laisse me raconter ton histoire, si tu veux, et je ne t'interromprai pas avec mes questions.
Pourtant, elles se bousculent. Qu'est-ce qui s'est passé ? Sa vie est-elle en danger ? Prend-il un traitement ? Peut-il me le transmettre ? De quelle manière ? Nous nous sommes embrassés, j'ai aussi dormi dans ses bras. J'imagine qu'il ne l'aurait pas fait s'il existait un risque. Enfin, j'espère.
Son soupir caresse mon front. Ses doigts se joignent entre ses genoux et il se dégage de ma prise pour fixer le sol. J'effectue de petits ronds dans le bas de son dos pour détendre son corps contracté. Enfin, ses lèvres bougent.
— OK. Je vais commencer par le début, parce que je veux que tu connaisses toute l'histoire pour prendre ta décision. Parce que toi aussi, tu me plais. Beaucoup. Plus que ça.
Une vague de frissons dévale ma colonne. Ma main presse sa jambe.
— Je t'écoute.
— Il y a trois ans, j'ai cru que mon existence s'arrêtait. Tout ça parce que je me suis un peu trop amusé à une soirée et que je n'ai pas fait attention.
Il marque une pause et souffle fort. Son air abattu me donne envie de le prendre dans mes bras, mais je ne veux pas le brusquer. J'attends patiemment qu'il poursuive, à son rythme, sans cesser les mouvements de ma main.
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ღ ℬ𝓸𝓷𝓷𝓲𝒆 ℋ𝓲𝓰𝓱𝓵𝓪𝓷𝓭𝓼 ღ
RomancePositionnez la mécanicienne pétillante près du photographe tourmenté. Déconnectez leur part d'ombre, puis pansez toutes leurs blessures. Réparez leur cœur avec un florilège d'émotions et beaucoup de tendresse. Attisez les braises, jouez sur la frust...