Chapitre 12 (Partie 2)

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Je ne savais pas depuis combien de temps nous marchions, mais j'avais l'impression que cela durait depuis une éternité. Ce couloir n'avait de couloir que le nom. Des paroies taillées à même la roche, suintait l'humidité et du plafond pendeloquaient des stalactites translucides. De toute part, des coulures verdâtres faisaient office de décoration. Et de luminaires. J'étais bien obligée de reconnaître qu'au moins, nous étions bien éclairés dans notre périple puisque les végétaux dégageaient une lumière douce et apaisante. Elora aurait sûrement su donner leur nom savant, j'étais seulement capable de dire que ces choses étaient des sortes d'algues bioluminescentes.

Si le plafond était accidenté, plein de creux et de bosses, le sol, quant à lui, était parfaitement lisse. Nos pas résonnaient si fort que personne n'osait briser cette étrange rythmique de quelques mots prononcés à voix haute.

La galerie s'élargit peu à peu, permettant ainsi à chacun de marcher par deux ou par trois. Moi seule restait en arrière, fermant la marche. J'avais bien remarqué qu'aucun adulte n'était rentré à notre suite dans le tunnel, et il ne me semblait pas en avoir vu nous précéder.

Une heure s'était déjà peut-être écoulée depuis que nous avions quitté la salle des conseils. Après une trentaine de minutes supplémentaires, – d'après mon impression – , certains garçons et filles commencèrent à papoter. Il y en avait qui disaient que c'était un dernier test avant la liberté, les plus inquiets affirmaient que le groupe avait dû louper une bifurcation et que nous étions maintenant perdus.

Si ce n'était que ça...

Subitement, le cortège ralentit le rythme que nous avions réguliers depuis notre départ. Le garçon devant moi, un sahel d'après mon intuition, jura en trébuchant.

— Eh ! Pourquoi on s'arrête ?

Une clameur s'éleva à l'avant mais ma petite taille m'empêchait d'apercevoir quoi que ce soit. Décoller de quelques dizaines de centimètres n'aurait pas été très discret.

Le jeune homme devant moi poussa un long soupir en passant la main dans ses cheveux. Il avait dû frôler d'un peu trop près les murs ou le plafond puisque sa tignasse brillait du même fluo que les algues. Sans que je m'y attende, il se tourna vers moi. Il me détailla sans aucune gêne. Un passe temps, de juger les gens en un regard de bas en haut? Je me repris cependant en serrant les poings; je venais justement de l'observer presque de la même manière. Son regard orgueilleux ne m'inspirait guère de sympathie.

— Mais t'es bien mignonne toi, susurra-t-il en se mordant la lèvre.

Ses yeux brillaient d'une lueure presque malsaine.

— T'es quoi au faite, une toli ?

Loupé.

Mais je ne bronchais pas à sa remarque.

Il s'approcha tout doucement de moi et fit mine de porter sa main à mon visage. Je reculais vivement afin d'éviter qu'il me touche. Bas les pattes ! Il était, certes, plutôt beau gosse, mais je ne souhaitais pas rentrer dans son petit jeu. J'étais certaine qu'il avait conscience de notre différence d'âge et qu'il en profitait. Hier encore, il devait être un vrai coureur de jupons, mais demain, il sera le parfait petit toutou à son maître, le chef d'armée. Amusé par ma réaction, il continua sur un ton mielleux :

— Ne t'inquiète pas, je ne sais pas quelle épreuve les profs nous ont préparé mais je te protégerai.

Je retiens le rire nerveux qui montait dans ma gorge. C'est toi qui est pas prêt mon gars.

— Un si joli petit oiseau mérite qu'on prenne soin de lui.

Son comportement me dégoûtait, mais je ne pouvais en aucun cas faire demi-tour et regagner l'orphelinat. Quant à l'option de lui asséner un crochet droit, et bien... Je doutais de la réussite de la manœuvre au vu de notre différence de corpulence. A la place, je lui servit un regard noir de sens. Dans ces moments-là, ça me désespérait de ne pas avoir suffisamment de répartie pour lui répondre. Kris, pourquoi n'avions nous pas pris du temps pour que tu me transmettes tes savoirs ?

OtherWorld - 1. Et cognoscetis veritatemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant