Mon corps contre un parpaing

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Ran en avait eu marre. Toutes ces histoires de gang, de combats, de pertes de vie. Tout était trop pour lui. Il avait toujours suivi le mouvement, suivi son frère, suivi ses pulsions du moment mais ça en était trop. Il voulait enfin vivre une vie rien qu'à lui, ne pas s'inquiéter de savoir qui va mourir prochainement. Certes, il aurait un jour où l'autre, toujours besoin de se défouler mais il avait pensé à des alternatives telles que la salle de sport, la boxe, les combats clandestins. Ce n'est pas ça qui l'effrayait le plus, bien au contraire. Son majeur tracas était de savoir comment il allait retourner dans cette société. Tous conforme à des normes, imposés par on ne sait qui de la société. Il n'avait jamais réellement travaillé et avait même quitté l'école à la fin du grade 5 de l'enseignement primaire. Son CV n'était pas bon et s'était fait rembarrer de bien des endroits vers lesquels il s'était dirigé pour postuler. Il avait donc pris environ trois mois à enfin trouver un poste stable en sorte de stagiaire d'agent de construction. Il apprenait sur place, lui évitant donc de refaire une formation à l'école. Il pouvait grandement remercier son patron, qui avait été compréhensif sur son cas qui lui avait livré se reconnaître en lui. Lui aussi avait fondé sa boîte car il n'avait plus rien et, sur un coup de poker, cela avait marché. Son poste consistait à donner le prochain parpaing à ses collègues. La tâche n'était pas fameuse mais il avait le droit, à chaque fin de journée, de remporter dix parpaings et un seau de colle chez lui. C'est ainsi qu'il était payé. Il pouvait remporter de cet objet de 1 à 3 euros. Il avait très vite compris le marché qui se faisait tout autour des parpaings, les creux étaient les plus utilisés tandis que les pleins étaient quant à eux presque légendaires. Quant aux autres, avec chacun leur fonction propre, il ne les touchaient presque pas. Cependant, il ne les revendait pas : il construisait un logement pour sa propre personne. Il était lassé de partager sa maison avec sa famille. Il voulait prendre son envol, sa liberté. Il n'avait que pour l'instant ses murs porteurs et une bâche formant le toit. Les bidonvilles pouvaient être jaloux de cette construction d'exception. Il avait voulu prendre comme référence l'usine Menier à Noisiel, en laissant l'armature apparente et donc les parpaings non revêtus de quelque chose. S'il voulait être tout à fait honnête, il avait la flemme.

Un jour, quelqu'un était passé sur son lieu de travail. Il ne l'avait pas reconnu de suite jusqu'à ce qu'il parle. Il en mettrait sa main à couper, c'était le capitaine de la seconde division du Tokyo Manjikai : Takashi Mitsuya. Il était présent pour demander s'ils n'avaient pas des parpaings à donner. Mais, le patron lui avait expliqué qu'il donnait déjà tous ses parpaings à Ran et que donc, il ne pouvait pas se permettre de donner son salaire à quelqu'un d'autre. C'est ainsi que Mitsuya repartit, les mains dans les poches, une mine déçue d'affichée sur son joli minois. Ils se remirent tous activement à travailler, oubliant cet élément perturbateur.

Le soir venu, il prit son dromadaire de course habituel et rentra chez lui. Il habitait dans une rue fréquenté par des belles de nuits qui, comme dans une vitrine, vendaient leur corps tout en faisant concurrence à celui d'à côté. Il n'y apprêtait pas grand intérêt habituellement mais ce qui le dérangeait était le fait qu'il y avait quelqu'un positionné juste devant sa porte d'entrée. Certes, il portait un peu plus de maquillage et avait brossé ses cheveux mieux que plus tôt mais se trouvait devant lui, encore Mitsuya. Ce dernier l'apostropha et lui dit :

« Ran ? C'est bien toi qui gagne des parpaings ? Alors, je te propose un marché. Je me prostitue pour ta personne et en échange tu m'en files un. »
L'autre, n'ayant rien à perdre avait accepté. Il lui manquait de source d'amusement ces derniers temps et puis, s'il n'était pas bon, il le tabasserai.

Une fois à l'intérieur, Mitsuya commença à déshabiller sa cible, commençant par le haut. Il prenait tout son temps, voulant grandir le désir de l'autre qui poussa un soupir de mécontentement. Très vite, les deux étaient simplement vêtus d'un caleçon. Ne se lâchant aucune seconde du regard sauf lorsque Ran nichait sa tête dans le cou du plus jeune afin de parsemer sa peau de baisers et morsures. Ne s'appréciant pas trop et ayant été longtemps ennemis, les deux étaient relativement violents, ce qui augmentait la passion du moment. Ran mit donc deux doigts sur son caleçon prononçant une phrase torride d'un accent incroyablement beauf :

« Tu VeUx VoIr MoN GrOs PaRpAiNg ? »

Lorsque leurs ébats avaient prit fins, le plus jeune rentra, un parpaing sous la main, sa fierté en moins. Il se dirigea vers la base du toman et leur plaça sur la table.

« J'ai récupéré ce parpaing, remerciez moi, on a enfin une arme pour battre des gens
-Mec, on est beaucoup trop pour une seule arme, il en faudrait plus qu'une, déclare Mikey
- Je vais faire de mon possible donc... »

Ainsi donc, cette soirée se répéta encore et encore jusqu'à avoir assez de parpaings pour tout le gang soit environ 150. 150 soirées passées ainsi en tête à tête. Ce qui en était sorti n'était pas de l'amour, ni de l'amitié, mais une relation sexuelle active et régulière solide. C'était comme devenu une routine, sans pouvoir se passer de l'autre, ainsi pour toujours et jamais.






Sérieux n'est qu'un motOù les histoires vivent. Découvrez maintenant