ACTE 1

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     Il était là, assis sur la fondation d'une future maison, écoutant le son d'herbes agitées qui semblait lui crisper le corps. Plusieurs arbres couvraient l'horizon au dessus de quelques maisons mal classées et vues pas trop bien à cause de la nuit qui était tombée comme en trombe. Seule une majorité de maisonnettes présentait des lampes lumineuses qui amélioraient de sa vue le paysage si farouche. On pouvait croire que les étoiles du ciel étaient son reflet même. Sur une fraîcheur modérée, 27 °C environ, il s'offrait à l'observation : un ciel sombre ; des milliers d'étoiles aussi scintillantes qu'elles en avaient l'air ; le croissant de lune comme figé dans l'espace ; la nature, ce qu'elle était ... Tout cela le fascinait tant en particulier ces petites étoiles dans le ciel. Des jours plus tôt, il découvrit que celles-ci se rassemblaient autour d'une science appelée astrologie capable de lire l'avenir et de déduire très probablement des conséquences ou certains phénomènes liés aux astres qui auraient un impact sur la vie humaine et son milieu.
      En réalité, tous ces mystères et ces codes vivants le rendaient féru de la vie. Il se demandait pourquoi et comment certaines personnes arrivaient à se résoudre de se suicider !
      Gardé par cette vive envie de percer ces mystères, au mieux les découvrir, il voulut pratiquer cette science dont le fait de l'entendre dire qu'il voulait devenir astrologue irrita ses parents, son père en particulier. Celui-là voulait orienter son fils aimable dans un chemin prometteur et moins sombre, comme un bon père chrétien se devait de le faire. Son père voulait plutôt que son fils se penche vers le droit pour finir avocat, ou soit magistrat et, pourquoi pas, juge de la cour suprême. Un fait qui pouvait enrichir la fierté d'un vieux père assez soucieux de l'avenir de son fils. Le vrai problème était de se demander si Nesta partegerait le même avis avec son père ! Et à chaque fois que Nesta essayait d'y penser, il semblait tout scotomiser. D'ailleurs, il ne voulait vraiment pas le faire pour l'instant. Sa vie se voyait encore longue. Le véritable but pour lequel il était dans ce coin isolé était d'avoir la possibilité de se vider l'esprit. Ses pensées le tracassaient tellement. La souffrance profitait de ce pas en l'assaillant, une souffrance qui se confondait à la peur qui à son tour se confondait à la tristesse, à l'amour, à la joie et à la mélancolie. Faire un grand vide, qui pouvait de ses flots laisser jaillir une paix intérieure et surtout profonde, s'imposait alors. Et pour lui, mieux vivre c'était avant tout la posséder ; il avait la ferme assurance que celle-ci suffisait pour mener à bien une belle vie quotidienne, mais se contrariait quand il se rappelait que pour l'avoir un long et rude procéssus plus ou moins ascétique était obligatoire voire indispensable. La solitude.
       Ses paupières recouvraient délicatement ses yeux, l'expression de son visage, bien que perçue dans la pénombre, montrait un état d'esprit bien perplexe, lorsqu'il inspira un bol d'air frais. Ceci typifiait le nombre de coups que la vie infligeait aux hommes, leur rabaissant tout en leur démontrant sans pitié le sens erroné de la réalité. N'empêcherait que ces vies  encaissent, voilà pourquoi il finit par expirer, lâchant un son similaire à celui du vent qui sifflait. Cela pouvait illustrer à son tour que même si la vie sans cesse battue n'était pas rose, il fallait toujours y croire, se relever, réaffronter le monde, rejeter ces coups, faire un vide. Mais hélas une barrière le séparait du vide. Ses pensées ne le permettaient pas de s'échapper une seconde. En réalité, il pensait à Alicia. Une nymphe au teint remarquablement brun, ses lèvres encore charnues et si rosées, séantes à son visage peu rond surmonté tantôt de cheveux doux, ébouriffés et presque roux, ses yeux perçants et pratiquement ensorcelés d'où, fait d'un charme envoûtant, une taille moyenne refermant un physique assez comblé : était la description que Nesta lui donnait. Il l'avait aimé depuis le primaire et maintenant qu'il était au collège il avait remarqué que celle-ci était devenue assez jolie. Il se voyait encore jouer avec elle dans le bon vieux temps, lui parler, la regarder et la sentir près de lui, bien que très rarement. Dommage qu'ils étaient devenus bien distants. Entre le passé et le présent, tout avait bien changé entre eux. Cette distance et ce refus qu'Alicia imposait à son égard finirent par émacier bien qu'en partie, l'amour qu'avait Nesta pour elle et d'autant plus qu'il fut persuadé qu'Alicia ne l'aimait pas.
     Deux semaines avant, il comprit qu'il était toujours amoureux d'elle et eut à apprendre une nouvelle qui le fit chaud au cœur : Alicia l'aimait, enfin l'avait aimé en CE1, classe dans laquelle Nesta avait commencé à l'aimer. Coïncidence, hasard, destin... Pour lui tout mot était permis pour ce cas.
     « Tu sais, Nesta, je n'ai vraiment pas envie de penser à cela pour l'instant car en fait j'ai des objectifs que je me suis promis d'atteindre et n'avoir un petit ami qu'après mon bac ou surtout à partir de vingt deux ans en fait partie » , disait Alicia quand Nesta avait eu à lui demander si elle voulait bien être sa petite amie. Après ces paroles il fut mis à quia. C'est à ce moment précis qu'il comprit de plus belle que la fille qu'il avait connu en classe primaire n'était plus celle qu'il connaissait au collège. Ou peut-être ne l'avait-il jamais connu tout simplement. Non seulement son physique avait pu croître, mais sa mentalité aussi ; elle avait pu trouver un chemin sur lequel elle était prête à atteindre la destination peu importe le prix, semblait-il. À vrai dire il en était très fier. Il voulut protester mais se retint puisqu'il savait qu'elle dirait la même chose.
      À partir de vingt deux ans ? Là moi j'ai quinze ans, donc pour me mettre avec elle ce sera après sept ans ? Se demandait-il.
      Elle avait peut être raison, pourquoi se précipiter s'ils pouvaient attendre l'âge mature pour se lancer dans des fréquentations ? Il ne savait vraiment pas si Alicia lui demandait réellement de l'attendre car elle n'avait exprimé que ses ambitions. Et ce pauvre trop sensible se morfodait dans de tas de questions : m'a-t-elle aimé juste en classe de CE1 ? Est-ce toujours le cas maintenant ? M'a-t-elle demander de l'attendre réellement ? Est ce que je pourrai attendre d'abord toutes ces années ? Est-ce un leurre ?
      Et pourtant il l'aimait tant et était prêt à tout pour elle. Pour Alicia.  Cet amour était si immense qu'il avait peur que cela s'éclate et qu'il souffre d'un vide sentimental. Un vide de cœur. Était-ce vraiment une souffrance ? Il avait premièrement l'intention de se rapprocher d'elle dans le but précis de savoir si elle l'aimait toujours. Mais cela était risqué en vue de la sensibilité que Nesta avait ; Alicia était assez austère dans son langage, une féminité aussi franche que possible. Une chose que Nesta a toujours redouté. Et bien évidemment pour ce cas, il avait peur d'une réponse froide et pratiquement repoussante comme l'impression qu'il avait au primaire.
      Il hésitait entre aller lui demander ou rester dans son coin ; s'il allait lui demander pour connaître si elle ressentait quelque chose pour lui et qu'il s'avérait que ce ne soit pas le cas, ce serait tant d'éfforts alors et tant d'amour pour un cœur qui ne s'intéresse pas à lui ; et s'il restait dans son coin peut être qu'elle l'aimait finalement mais solitaire. Pathétique !
      Que faire alors ?
      Néanmoins il fallait qu'il tente le coup. C'était d'ailleurs la meilleure des solutions pour qu'il connaisse ce qu'Alicia pensait à son sujet. Il se leva, regarda de nouveau l'horizon, toujours pareil, ensuite le ciel. Les nuages avaient couvert le ciel cachant ainsi ces petites étoiles. Pour l'individu qui le regardait à cet instant, ne pouvait déterminer ce qu'il y avait derrière ces nuages. Il n'y a rien au delà de ces nuages, aurait-il pu dire. Mais la seule manière de déterminer la véracité de cette déclaration était d'attendre que le ciel se dévoile mettant fin au mystère. Et Nesta savait que peu importe la durée qu'un mystère était caché, il finirait par être mis à découvert. Soit le destin qui le mettait à découvert aux yeux de tous, soit un individu le découvrait. Le vent commençait à souffler plus fort, son tee-shirt blanc flottait de faible intensité, le croissant de lune ne l'éclairait plus.

L'AMOUR DU JEUNE HOMME Où les histoires vivent. Découvrez maintenant